RETROUVER L'ENFANCE

En 1959, il rencontre David Findlay. L’entente qui se crée rapidement entre les deux hommes sera marquée par neuf expositions de 1960 à 1980 dans la luxueuse galerie de Madison Avenue que possède à New York le marchand américain.


Pour bien des peintres, cette réussite concrétisée en deux années, aurait signifié l’aboutissement d’une carrière. Gabriel Godard, lui, est conscient que ce résultat n’est dû qu’au travail, et, qu’en art plus qu’ailleurs, rien n’est définitivement acquis. Naturellement réservé, au point que ceux qui ne le connaissent pas le croient timide, il n’a pas la vanité d’accéder aux échelons élevés de la consécration mondaine. Il n’aime pas les déclarations fracassantes, encore moins le verbiage des habitués des vernissages. Il souhaite alors échapper aux turbulences de la vie parisienne et décide d’aller s’installer à Angers une ville dont l’élégante douceur l’attire et où il a trouvé un atelier vaste et agréable, près des quais de la Maine, une rivière nonchalante qui semble transporter la lumière dans son glissement silencieux.


Il y a une autre raison à ce changement. Lorsque Gabriel Godard commence à envoyer des toiles à la Galerie Findlay, il vient de passer une dizaine d’années à Paris, occupant un étroit studio. « La fenêtre - déclare-t-il lui-même - ne découvrait pour tout paysage que la façade grise d’un immeuble qui jour après jour offrait à mes yeux, les rectangles tristes de ses fenêtres. Aussi, lorsque je me promenais, c’était toute la ville qui me tombait dessus. J’en arrivais à oublier le ciel, les nuages, les arbres de mon enfance ».


À partie de 1962, la découverte des larges panoramas de l’Anjou l’amène à aérer ses compositions. En même temps, elle leur apporte transparence et lumière. Mais il faut attendre 1963 et plus encore 1964 pour que, libéré de l’architecture rigide dont l’avait imprégné Paris, apparaissent les courbes des paysages de la campagne angevine, avec lesquels il se sent en harmonie. Les verts qui jusque là ne figuraient guère sur sa palette, y apparaissent, avivant même généreusement certaines œuvres, comme ce paysage à l’arbre, plein de sérénité et de robustesse bucolique, qu’il peint en 1964.


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