LE 9ÈME ART

GERDA MULLER  1926

Illustratrice et auteur de livres pour enfants


À l’âge de 7 ans, elle était acclamée par ses camarades de classe pour les aventures de son petit teckel, qu’elle dessinait en séries au crayon noir. « Ils m’en réclamaient chaque jour de nouvelles ! Le succès de mes bandes dessinées me permettait d’avoir un contact avec les autres. J’étais tellement timide et mauvaise élève... » Et dans la lune, avec ça ! Combien de fois, petite fille, elle a pédalé dans les environs d’Amsterdam, pour revenir à pied chez elle, et se demander le lendemain matin où était passée sa bicyclette... La petite Gerda et ses trois frères et sœur ont feuilleté avec délices les livres de Beatrix Potter, et « plein d’autres histoires d’oursons anglais ». 

Quand elle repense à cette époque, la même vision lui revient en tête : le jardin sauvage et fantaisiste planté par son père, mort l’année de ses 11 ans, en 1937. Elle s’y enfuyait souvent pour se ressourcer et observer de près la nature, dont ses albums jeunesse tardifs, comme Mon arbre et Ça pousse comment ?. « Je ne suis pas une battante. Dans ma vie, j’ai toujours pratiqué la fuite. Quand une situation ne me convient pas, je me sauve. Mais finalement, la fuite est une forme de combat, non ? » s’interroge-t-elle aujourd’hui. 

Fuir une mère « toxique », qui jette des objets à la tête des voisins, et fait « en sorte que tout le monde se sente toujours coupable de quelque chose ». Gerda avoue lui devoir tout de même la découverte de la peinture hollandaise et l’apprentissage de la musique, joyeusement pratiquée par toute la famille. Fuir le trauma de la famine endurée pendant la Seconde Guerre mondiale, où elle ne mange que des betteraves pour animaux et n’a pas le cœur à dessiner, sauf quelques croquis d’enfants tirant des fagots de bois dans la neige, pour garder la mémoire de cette époque inimaginable. Fuir les Arts-Déco d’Amsterdam, quand l’établissement a la lubie de consacrer la dernière année d’études à la publicité, après avoir eu le temps de mettre sous ses yeux éblouis cinq albums du Père Castor, signés par le grand illustrateur russe Rojankovsky. Fuir, jusqu’à l’exil définitif pour la France. 

En 1948, elle se rend à Paris pour la première fois et travaille pendant 6 mois à l'atelier de l'affichiste Paul Colin. À 23 ans, un matin de 1949, Gerda « décide de faire une croix sur la Hollande » en descendant du train de nuit, gare du Nord à Paris, un vélo pour tout bagage. Elle vivra dans une chambre de bonne, de pain, de pommes de terre et de margarine Astra, avec trois sous gagnés comme livreuse. Dans la joie et la bonne humeur parce que, chez elle, la simplicité a toujours été à l’honneur. Un legs de son pays natal, où le mépris de classe est nettement moins en vogue qu’en France : « À Paris, tout me choquait. Le comportement des gens qui avaient de l’argent envers ceux qui n’en avaient pas. L’existence d’escaliers spéciaux pour que les bonnes ne croisent pas leurs patrons dans l’ascenseur. Malgré cela, pour rien au monde je ne serais rentrée en Hollande ! » Huit ans de psychanalyse lui permettront de comprendre qu’elle avait besoin de se dégager de l’emprise de sa mère. « Instinctivement, dès l’âge de 14 ans, j’ai su que je gagnerais ma vie en dessinant pour les enfants. Je crois que les adultes me décevaient pas mal. » 

Elle rencontre l’éditeur Paul Faucher (1898-1967), fondateur de la collection de littérature enfantine du Père Castor, et ce sera le début d’une longue collaboration qui commence avec "La Bonne journée" qui paraît en 1951 et "Marlaguette" en 1952. Elle a aussi illustré "Les Bons amis" et "Les Trois petits cochons" de Paul François (pseudonyme de Paul Faucher). 

Un travail rigoureux commence, dans un contexte de contraintes éditoriales déjà lourdes, dans un atelier où les conseils s’échangent avec plaisir. De nombreux croquis sont souvent nécessaires. Entre 1951 et 1967, elle illustre 43 livres pour les ateliers du Père Castor. Gagner sa vie en dessinant pour les enfants, voilà qui est vite dit. Les éditions du Père Castor n’ont pas l’habitude de desserrer les cordons de la bourse. Gerda Muller signera souvent de son seul prénom, sans jamais réussir à joindre les deux bouts.

Dans son souvenir, elle ne touchait que 1 % du prix des ventes d’albums, et encore, seulement après cinquante mille exemplaires vendus. « Si vous écrivez que c’était proche de zéro, vous serez proche de la vérité, déplore-t-elle aujourd’hui. Personne ne pouvait vivre avec cela, vous comprenez ? » Encore moins une mère célibataire de deux enfants, comme c’était son cas. Elle se mord encore les doigts d’avoir naïvement signé à ses débuts un contrat abracadabrant, stipulant que ses illustrations originales appartenaient à son éditeur. Le Père Castor les garde entassées dans un hangar de la banlieue parisienne qui finit par brûler à la fin des années 1960. L’œuvre entière de Gerda Muller s’envole en fumée, à l’exception des planches du Violon enchanté, alors chez l’imprimeur. 

Si elle n’a pas peur d’écorner le mythe du Père Castor, c’est qu’elle garde aussi des bons souvenirs de cette période phare de sa création. Les méthodes de travail lui enseignent la rigueur et l’attention aux tout-petits. Chaque semaine, la direction fait monter les enfants par petits groupes, dans l’atelier de fabrication des albums. Silencieusement tapie dans un coin, une pédagogue note leurs réactions face aux planches des ouvrages en préparation. Les illustrateurs ne sont jamais conviés à ces cérémonies secrètes. « On me rendait ensuite mes dessins, et la pauvre Gerda devait tout refaire en fonction de leurs commentaires ! » s’amuse-t-elle aujourd’hui, admirative, toutefois, de l’infaillible acuité des petits observateurs : « Un enfant voit tout. »

Dans les années 1970, l’illustratrice a trouvé un gagne-pain tombé du ciel. Les éditions Belin lui « sauvent la vie » en lui proposant de dessiner les images d’une méthode d’apprentissage de la lecture, Lisons, Lisette, qui assureront ses arrières pendant plusieurs décennies. Dans les années 1980, elle illustre la série des Turlutins d'Anne-Marie Chapouton

Gerda Muller travaille pour des livres de classe édités par Belin, pour Gautier-Languereau chez qui elle illustre des contes qu’elle apprécie, ceux de Grimm ("Les Musiciens de la ville de Brême"), d’Andersen, de Marie Tenaille, d’après Goethe ("L’Apprenti sorcier"), pour Bayard, avec l éditeur allemand Ravensburger, pour l’École des loisirs.

Les techniques utilisées sont diverses : plume (encre noire ou sépia) et aquarelle pour les sujets qui exigent la précision du trait et permettent de montrer beaucoup de détails, la gouache, combinée avec des crayons de couleurs, la peinture à l’huile, la lithographie, le goût plus récent pour le pastel sec... 

Les animaux qu’elle a préféré dessiner ? Les lapins pour la texture de leur fourrure, et la construction de leur tête. Les ours, qu’elle peint d’abord grossièrement à la gouache, avant de retracer leurs poils au crayon par-dessus. Surtout pas les chats, petits sacs d’os toujours en train de bouger, trop difficile ! « Les croquis de bêtes et d’enfants, c’est ce que j’ai fait de mieux. J’aime travailler avec des petits bâtons carrés ou des crayons ordinaires, il faut que ce soit crayeux, et que je puisse estomper avec mes doigts. »

L’autre jour, elle a cueilli quelques herbes sauvages devant sa maison de retraite, pour dessiner un bouquet. Mais c’est devenu rare, ses épaules et ses bras ne suivent plus. Elle qui aimait tant danser et qui connaissait des dizaines de chansons folkloriques, regrette de ne plus pouvoir se déplacer qu’en Cadillac, le surnom qu’elle donne à son déambulateur. Ses sorties sont devenues rares, alors Gerda Muller consulte quotidiennement la météo pour savoir d’où vient le vent, histoire de « garder un contact avec la nature ». Elle a légué ses archives à la BNF, et doit donc faire un saut dans son atelier parisien, pour ranger quelques cartons. « Après, je voudrais bien partir. » Pas fuir. S’en aller le cœur tranquille. En laissant des images si réconfortantes à ceux qui restent. 

Gerda Muller a écrit aussi elle même certains ouvrages comme "La Fête des fruits", "Ça pousse comment ?" ou "Mon Arbre" publiés à L'École des loisirs. 

Elle a obtenu la mention Prix critique en herbe de la Foire du livre de jeunesse de Bologne en 1976 pour "Nours et Pluche, les petits koalas" réalisé avec Marie Tenaille. Elle a illustré 130 livres. 

CHEN UEN


Le dessinateur Chen Uen, de son vrai nom Chen Jin-wen, premier auteur taiwanais de bandes dessinées à avoir vu ses œuvres publiées au Japon et à Hongkong, est décédé le 26 mars 2017 des suites d’une crise cardiaque. La ministre de la Culture, Cheng Li-chiun, a rendu hommage à un artiste au style innovant, ayant inspiré la nouvelle génération d’illustrateurs et élargi les horizons des lecteurs taiwanais de mangas.


La carrière de dessinateur de Chen Uen est lancée en 1984 par la publication de sa première BD, La panthère noire belliqueuse, dans la revue China Times Weekly. Porté par la critique, il publie ensuite Le dieu du combat ainsi que Légendes des assassins, BD qu’il illustre à l’encre de Chine et dont le scénario est basé sur le chapitre « Biographies des assassins » des Mémoires historiques de l’historien chinois Sima Qian. Son style, minutieux et osé, repose sur la maîtrise de la peinture à l’encre de Chine et de l’illustration occidentale. Ses créations sont d’un esprit chevaleresque, héroïque, généreux et tendre.


En 1990, il publie au Japon un manga qui fait immédiatement sensation, Légendes des héros de la dynastie des Zhou de l’Est, qui dépeint un chapitre de l’histoire de Chine allant de 770 à 221 av. J.-C. L’année suivante, il se voit décerner le prix du manga d’excellence par l’Association des mangakas japonais.


En 2000, Chen Uen collabore avec l’éditeur hongkongais Jade Dynasty pour créer une série basée sur les histoires popularisées par l’émission télévisée de marionnettes à gaines Pili. En 2012, il fait partie de la délégation taiwanaise au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, et ses albums sont bientôt traduits en allemand et en thaïlandais. « Que les histoires soient modernes ou traditionnelles, mes albums sont personnels », confiera-t-il à ActuaBD


https://www.actuabd.com/Chen-Uen-L-Epee-d-Abi-Mon-Prix-du-manga-d-excellence-m-a-ouvert-les-portes-du


https://www.actuabd.com/Rex-How-scenariste-et-editeur-taiwanais-Chen-Uen-c-est-la-fusion-du-manga-et


https://www.actuabd.com/Le-travail-de-Chen-Uen-enfin-publie-en-France-avec-Des-Assassins


https://actualitte.com/article/98189/avant-parutions/des-assassins-le-chef-d-oeuvre-du-taiwanais-chen-uen-publie-en-france


https://taiwaninfo.nat.gov.tw/news.php?unit=47,50,53,56,59,62,65,68,71,74&post=193890


https://taiwaninfo.nat.gov.tw/news.php?unit=62&post=113257


https://www.franceculture.fr/emissions/le-reveil-culturel/a-la-decouverte-de-chen-uen-le-maitre-de-la-bd-taiwanaise


https://www.avoir-alire.com/des-assassins-chen-uen-la-chronique-bd


https://asialyst.com/fr/2021/01/30/bd-bande-dessinee-bijoux-graphique-litterature-heroique-chinoise/



PHIIP


Phiip est un pseudonyme. Philippe Simon, né à Lyon en 1968, exerce le métier d'ingénieur des travaux publics de l'État; il est un temps employé par la Communauté urbaine de Lille.

Phiip crée Lapin en février 2001, petit personnage de roman photo qui donne son nom au portail Lapin la même année. Cette série quotidienne (ou presque) est diffusée sur internet, via le site lapin.org et dans une newslettre quotidienne.

Phiip est également le traducteur de webcomics comme Ninja blanc, Elftor, Les Céréales du dimanche matin et d'autres séries (comme xkcd, Red Meat, Dr Fun, Bigger than Cheeses…)

Phiip est par ailleurs le fondateur de la maison d'édition lapin spécialisée en humour absurde et en publication de webcomics. Cette création se fait à l'occasion de la publication de son premier ouvrage, compilation des premiers épisodes de Lapin, en novembre 2005. Il publie l'année suivante le petit livre des citations idiotes qui est en fait la compilation des fausses citations que Phiip diffuse à ses lecteurs dans sa newslettre quotidienne. Son activité d'éditeur se développe en 2008 à partir de la collection idioties.

Amateur de webcomics, il les diffuse des publications papier comme celle de Romantically Apocalyptic sorti en livre cartonné de 288 pages, Pour la Science, Perry Bible Fellowship, Oglaf, La Nostalgie de Dieu, Big et d'autres aux Éditions Lapin.

Il devient éditeur à temps plein en 2014 et déménage à Villeurbanne. Il y poursuit la publication de ses lapins de bureau avec L'église du management ultime, Bureauman Begins et Gang of Managers. En faisant du live sketching lors d'une conférence, il rencontre Isabelle Collet, avec laquelle il écrit et publie l'année suivante Seximsme Man contre le Seximsme, un livre engagé contre le sexisme dans les milieux scientifiques et dans le monde des mathématiques en particulier. (Wikipédia)








MARC DUBUISSON


Marc Dubuisson est un auteur de bande dessinée et dessinateur de presse belge né en 1983, résidant à Bruxelles. 





Il est notamment l'auteur de la série Ab absurdo publiée aux Éditions Lapin ainsi que de plusieurs albums de la collection Pataquès aux éditions Delcourt dont Amour, Jihad et RTT.






Marc Dubuisson est aussi l’auteur de La Nostalgie de Dieu, titre adapté au théâtre à Paris dans une pièce qui a fêté dernièrement ses 300 représentations, et aussi de Charles Charles profession Président, qu’il a scénarisé (Delcourt). 

Dans un style minimaliste, il publie également des strips hebdomadaires pour la rubrique Marc Dubuisson croque l’actu sur le site d’information belge 7sur7.be et dessine également pour le journal Les Échos.

https://www.bedetheque.com/auteur-17739-BD-Dubuisson-Marc.html

https://www.babelio.com/auteur/Marc-Dubuisson/64318

http://marcdubuisson.com/perso/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Dubuisson

https://www.instagram.com/unpied/?hl=fr



MILO MANARA


Maurillo "Milo" Manara est un auteur italien de bande dessinée, né à Luson , le 12/09/1945.


Quatrième d'une famille de six enfants, Milo Manara grandit dans une petite ville italienne proche de la frontière autrichienne. C'est la découverte chez le sculpteur espagnol Berrocal de Barbarella (Jean-Claude Forest), et de Jodelle (Guy Peellaert) qui lui font découvrir la bande dessinée, en 1967. Ses premières planches professionnelles — des récits érotiques — datent de 1968, époque à laquelle elles lui permettent de financer ses études d'architecture à Venise. Il abandonne son métier d'assistant de sculpteur et publie Genius, pour les éditions Vanio. Viennent ensuite les aventures de Jolanda, femme pirate.


En 1974, il réalise une adaptation du Décaméron de Boccace. En 1976, Le Singe, son premier récit ambitieux, paraît dans Alter-Linus puis dans Charlie Mensuel. À la même période, il dessine plusieurs épisodes de l’Histoire de France en bandes dessinées et de La Découverte du monde en bandes dessinées aux éditions Larousse. En 1978 sort L’Homme des neiges et, la même année, Les Aventures de Giuseppe Bergman dans (À suivre). 


En 1983, sa carrière prend une nouvelle direction avec Le Déclic qui fait instantanément de lui un des maîtres de la bande dessinée érotique. 


En 1987, Hugo Pratt devient son scénariste pour Un été indien, expérience qu'ils rééditeront sept ans plus tard avec El Gaucho.


Entre-temps, l’œuvre de Federico Fellini, autre « maître d’aventure » de Milo Manara, a inspiré une autre collaboration avec la mise en image du Voyage à Tulum (1984), qui se poursuivra en 1992 avec Le Voyage de G. Mastorna.


Aujourd'hui, Milo Manara continue une production régulière d'histoires érotiques aux éditions Albin Michel (rééditées par Drugstore) mais il participe également à des projets plus originaux, comme l'illustration de portfolios divers ou encore la série Borgia avec le scénariste Alejandro Jodorowsky.



BLACK BUTLER


Black Butler est un shōnen manga de Yana Toboso. Il est prépublié depuis septembre 2006 dans le magazine Monthly GFantasy appartenant à l'éditeur japonais Square Enix, et est compilé en plusieurs tomes. La version française est éditée par Kana. 

À la suite du succès du manga, une adaptation en série télévisée d'animation produite par le studio A- 1 Pictures a été diffusée sur la chaîne TBS au Japon. (Source Wikipédia)







Ciel Phantomhive est l’héritier d’une grande famille de la noblesse anglaise. C’est sur les épaules de ce jeune garçon d’une grande beauté, très intelligent et mature pour son âge, que repose l’empire familial commercialisant entre autres des jouets et des friandises. 



Ciel fait également partie des « chiens de garde de la reine », ces membres de la gentry travaillant pour le gouvernement en vue d’éradiquer le crime du pays. Ce qui ne manquera pas de le placer dans des situations plutôt périlleuses. 



Ciel vit seul dans un grand manoir. Enfin, seul, pas vraiment, puisque Sebastian, son majordome, toujours en livrée noire, impeccablement stylé dirige la maison, accompagne Ciel partout et lui sert en quelque sorte de garde du corps. Sebastian doit également s’occuper de May Linn, la femme de chambre et de Finnian, le jardinier, tous deux plutôt loufoques. En matière d’érudition, d’éducation, d’art culinaire, rien à redire, Sebastian est parfait. Mais il ne faut pas se fier à ses belles manières car des gangsters menaçant la vie de son jeune maître ont entre autres découvert à leurs dépends, sa vraie nature... Ciel aurait-il signé un pacte avec le Diable...?! 




https://www.kana.fr/produit/black-butler/



HUGO PRATT


Dans cette famille atypique, la grand-mère est elle aussi une figure qui revêt un rôle de première importance : c’était elle qui l’emmenait au cinéma voir des films d’aventures et qui, une fois à la maison, lui disait : « Hugo, maintenant dessine ce que tu as vu », et, comme récompense, venaient ensuite le chocolat chaud et les biscuits, avec ses amies, ses tantes, un autre univers féminin hétérogène.

Sa mère Evelina avait la passion des cartes, en particulier des Tarots dans lesquels elle lisait l’avenir pour amis et clients, qui ne manquaient pas, si bien que cela devint un genre de travail.

Mais il n’y avait pas que les cartes et le cinéma dans l’éducation d’Hugo, il y avait aussi l’opéra, au point qu’à sept ans, sa tante, comédienne de théâtre, l’emmenait à La Fenice pour écouter et voir « L’anneau des Nibelungen » de Wagner, lui faisant découvrir le monde des divinités germaniques, tout en lui racontant les mythes juifs et la Cabale.

Les cartes, les Tarots, le cinéma, l’opéra, les réunions de femmes, le monde fantastique et mythologique, l’environnement liquide et changeant de Venise sont particulièrement présents dans toute l’œuvre d’Hugo Pratt.

Alors imaginez ce qui se passe quand ce même petit garçon, à 10 ans, est envoyé en Afrique où son père est officier dans l’armée coloniale italienne en Abyssinie, l’actuelle Éthiopie.


De 1937 à 1943, en pleine adolescence, Hugo Pratt découvre l’Afrique, le fascisme, la guerre, les uniformes de multiples armées, les premières jeunes filles, aussi bien blanches et de son âge que les splendides et sveltes femmes somaliennes et éthiopiennes. Il se lie d’amitié avec les soldats anglais et les troupes locales, découvre le désert, le silence, le hurlement des hyènes, les premières amours et il perd son père. Lequel, lorsqu’il est sur le point d’être arrêté par les soldats anglais qui l’emmèneront dans un camp de prisonniers d’où il ne reviendra jamais, accomplit un unique et dernier geste pour son fils : il demande aux militaires de repasser par chez lui, il prend un livre qu’il offre à son fil. Ce livre, c’est “L’île au trésor” de Stevenson. Et puis ces quelques mots: “Tu verras qu’un jour toi aussi tu trouveras ton île au trésor”.

De retour à Venise, une fois la guerre terminée, que pouvait-il arriver au jeune Hugo Pratt, passionné de dessin et au vécu chargé d’images et d’histoires à raconter?

Fonder avec un groupe d’amis une revue fleurant bon sa passion pour les grands dessinateurs de Comics américains, en premier lieu Milton Caniff. Et c’est bien ce qui finit par se passer, avec la naissance de l’ « As de pique », qui prend son nom du fantomatique justicier en collant jaune. Mais outre écrire des histoires, vivre sur les toits de Venise, dessiner, rire, boire, et jouer de la musique avec des amis sur les nouveaux rythmes américains de l’après-guerre, que manquait-il à quelqu’un dans son genre?

Eh bien oui, voyager.

Qu’à cela ne tienne. A 22 ans, avec ses amis du “Groupe de Venise”, Pratt part pour l’Argentine.

C’est la période des fêtes, des asados sur le barbecue aux bords des piscines, du rugby, du tango, du billard, des amours de jeunesse, de ses enfants Lucas et Marina, mais surtout d’une rencontre professionnelle, celle d’Hector Oesterheld, écrivain socialement engagé, grand scénariste argentin. Ce sont les années de « Sgt Kirk », le renégat qui devient ami des Indiens, d’ « Ernie Pike », le reporter de guerre, et de « Ticonderoga », la grande histoire sur les Indiens d’Amérique.
A ce stade, ce jeune homme venu de Venise qui, dès l’enfance, dessinait les Indiens et jouait près de chez lui sur le Campo San Giovanni e Paolo à tirer des flèches sur ses amis habillés en cow-boys, écrit une histoire toute à lui qu’il appelle « Wheeling », un poème sur le monde de la frontière de l’Amérique du Nord, s’y glissant même en prenant dans certaines vignettes les traits du renégat Simon Girty, une façon de souligner encore sa passion pour les histoires et le monde des Indiens.

Mais à cette période-là, il y a aussi le jazz, l’amitié avec Dizzy Gillespie et la connaissance de la grande littérature sud-américaine de Borges à Lugones, Arlt, et Dos Passos qu’il rencontre lors d’un voyage au Brésil, et puis aussi les autres voyages : Patagonie, Chili, Caraïbes, Guatemala.


En 1963, la crise économique paralyse l’Argentine et Pratt doit rentrer en Italie (il reviendra à plusieurs reprises en Argentine dans le courant des années 60 et aura deux autres enfants, Silvina et Jonas). Il trouve du travail pour les revues à épisodes, les mythes illustrés du « Corriere dei Piccoli », et puis viennent la frustration, le manque de la vision libre et des espaces infinis de l’Argentine, mais ensuite, le virage, une autre rencontre importante, celle de Florenzo Ivaldi, entrepreneur génois qui donne carte blanche à l’imagination et à la plume d’Hugo Pratt. C’est alors que naît la revue “Sgt Kirk” et que débute le moment clé de l’œuvre d’Hugo Pratt, la création en 1967 du personnage qui allait lui apporter la reconnaissance: Corto Maltese


Quand un dessinateur tel qu’Hugo Pratt, qui a vécu la vie de film que nous avons déroulée, avec toutes les expériences qu’il a accumulées, est laissé libre, à quarante ans, de créer ce qu’il veut, sans penser aux contrats, sans stratégies éditoriales, alors cela aboutit à la naissance d’un chef-d’ œuvre : « La ballade de la mer salée », la bande dessinée qui a obtenu pour la première fois dans l’histoire des Comics l’appellation de « Littérature dessinée ». Et voilà que son marin devient un personnage culte non seulement pour ceux qui aiment les océans, les palmiers et les corsaires, mais surtout pour tous ceux qui aiment la liberté.


Et avec Corto c’est le début de la notoriété, c’est l’installation à Paris, l’hebdomadaire PIF : Corto devient un héros sériel de cette revue qui se vend à des millions d’exemplaires ; en 25 ans, on compte plus de 29 histoires qui conduisent le marin pratiquement à travers le monde entier, entre mers, déserts, steppes et jungles, et son créateur n’est pas en reste, de l’Afrique au Canada, d’Apia à l’île de Pâques pour se limiter aux principaux points cardinaux. Au cours de ces années, il n’y a pas que les histoires de Corto, il y a aussi les « Scorpions du désert » et « Jesuit Joe » pour continuer à ne parler que de Sud et de Nord, et puis il y a « St. Exupéry » qui vole une dernière fois dans les cieux et « Mü », la dernière histoire de Corto, celle qui fera s’envoler l’univers fantastique de Pratt vers le magnifique non-lieu d’un continent disparu. Comme son auteur qui en 1995 disparaît en Suisse, où il avait choisi de vivre depuis 1984.


Mais Pratt n’a jamais vraiment disparu, parce qu’il continue à alimenter rêves et histoires. Il suffit de regarder ses aquarelles dans les plus importants musées du monde, il suffit de lire l’une de ses premières histoires pour mieux comprendre les dernières, il suffit d’effleurer les noirs des puissants coups de pinceau à l’encre de chine pour percevoir sa poésie, ou entreprendre un voyage en suivant l’un des improbables itinéraires de Corto. Hugo Pratt ne sera pas dans l’une de ces îles, mais il y aura un petit bout de ce trésor qu’il a voulu disséminer de-ci de-là entre ses signes, ses rêves et ses nuages.

ENKI BILAL

Enki Bilal, de son vrai nom Enes Bilanović, est un réalisateur, dessinateur et scénariste de bande dessinée. 

Né à Belgrade, Serbie , le 7 octobre 1951 d'un père bosniaque et d'une mère tchèque, il arrive à Paris en 1960 avec sa famille, qui sera naturalisée sept ans plus tard. 

Il entame de brèves études aux Beaux-Arts puis publie en 1972 sa première histoire, "Le Bol maudit", dans le journal "Pilote". 

En 1975 paraît son premier album, "La Croisière des oubliés", sur un scénario de Pierre Christin, suivi en 1979 des "Phalanges de l'Ordre Noir", avec le même scénariste. En 1980, Bilal publie sa première série personnelle, dans "Pilote": "La Foire aux immortels". La seconde partie: "La Femme piège", est éditée en album en 1986. 

Entre 1980 et 1982, Enki Bilal collabore avec Alain Resnais, pour qui il signe l'affiche du film "Mon oncle d'Amérique" puis dessine sur verre une partie des décors de "La Vie est un roman". Il travaille aussi avec Jean-Jacques Annaud sur "Le Nom de la Rose" en 1985. 

En janvier 1987, Bilal obtient le Grand Prix du 14ème Salon international de la bande dessinée d'Angoulême. 

En 1989 sort le premier film de Bilal, "Bunker Palace Hôtel", avec notamment Jean-Louis Trintignant et Carole Bouquet. 

Les Humanoïdes associés rééditent l'ensemble des œuvres de Bilal, publiées auparavant aux éditions Dargaud, en 1990 : "Mémoires d'outre-espace", "La Croisière des oubliés", "Le Vaisseau de pierre", "Les Phalanges de l'Ordre noir", "Partie de chasse", ainsi que "Cœurs sanglants et autres faits divers". 

La même année il dessine les décors et costumes d'"O.P.A. Mia", un opéra de Denis Levaillant, pour le Festival d'Avignon. Ses œuvres sont exposées en novembre 1991 à la Grande Halle de La Villette (Opéra bulle), puis en 1992 à La Défense (Transit), et en 2013 au musée des Arts et Métiers (Mécanhumanimal) et au Louvre (les fantômes du Louvre). 

En 1992, il obtient le prix Palmarès du meilleur livre de l'année du Magazine Lire pour "La Trilogie Nikopol, Tome 3 : Froid Équateur". 

Entre 1998 et 2007, il publie la tétralogie du "Monstre". En 2011, il publie l'album "Julia et Roem" ainsi qu'un livre d'entretiens sur sa vie et son œuvre, "Ciels d'orage". En 2019, sort le second tome de sa nouvelle série, "Bug", annoncée par lui-même comme une suite de cinq volumes. Source : http://www.enkibilal.com/ 

SOURCES

https://www.bedetheque.com/auteur-14-BD-Bilal-Enki.html

https://www.passion-estampes.com/bio/bilalbiographie.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Enki_Bilal

https://www.telerama.fr/livre/enki-bilal-le-futur-a-toujours-ete-considere-comme-inutile-anecdotique-voire-un-peu-degradant,42495.php

https://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/11/28/enki-bilal-le-nu...elle-addiction-dont-nous-sommes-tous-frappes_5221453_4408996.html

https://www.franceculture.fr/personne-enki-bilal.html

https://www.lefigaro.fr/bd/2011/12/19/03014-20111219ARTFIG00290-enki-bilal-apprivoise.php

https://www.letemps.ch/culture/enki-bilal-dessinateur-monde-evapore

https://www.actualitte.com/article/bd-manga-comics/la-bd-bug-d-enki-bilal-adaptee-en-serie-pour-6-episodes/97345

https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/la-bd-du-mois-bug-l-apocalypse-selon-enki-bilal-01-12-2017-7425726.php 


FRANK MARGERIN 

Né à Paris le 09/01/1952,  Frank Margerin est un auteur de bande dessinée. 

En 1968, il s’inscrit à l'École des arts appliqués pour en ressortir en 1974 avec un diplôme de laqueur et de dessinateur textile. C’est vers le dessin humoristique qu'il tend à se diriger. Accessoirement, il forme avec son condisciple Denis Sire le groupe Los Crados, qui deviendra plus tard le fameux Dennis Twist. Margerin rencontre quelques agences de pub qui trouvent son style assez marrant et l'encouragent à se tourner plutôt vers la BD, avant de se voir offrir un travail par Jean-Pierre Dionnet, le rédacteur en chef de Métal Hurlant. En 1978, prenant le relais de Philippe Poncet de la Grave, il dessine quelques vignettes et bandes dessinées pour le chewing-gum Malabar, pendant un an. Il réalise ses premières véritables planches et invente pour la première fois un scénario : ce sera « Simone et Léon ». Sa participation au magazine durera jusqu’au dernier numéro, en 1987. Ce seront les magazines de charme « Lui » et « Playboy » qui publient ses premières illustrations.

En 1982 Frank crée « Albert et Mauricette », dont les strips paraissent dans le supplément hebdomadaire du Matin de Paris. Et très vite on retrouve des dessins de Frank partout : il mutliplie les pochettes de vinyles, affiches de films, concerts, festivals, illustrations publicitaires, etc. Son graphisme est omniprésent, sa « patte » devenue incontournable marque l'époque. Les années suivantes, il collabore aux éphémères revues Rigolo (le mensuel humoristique des Humanos), Zéro, Zoulou... Il dessine dans les pages de ce dernier les reportages de Skoup et Max Flash, sur un scénario de Phil Casoar. Et très vite on retrouve des dessins de Frank partout : il multiplie les pochettes de vinyles, affiches de films, concerts, festivals, illustrations publicitaires, etc.
Mais de cette prolixité l'histoire retiendra avant tout son personnage-fétiche, Lucien (série débutée en 1979 dans « Métal hurlant »), la banane la plus célèbre de la bédé, rockeur rigolard emblématique des années 80. 

En 1989, Margerin s'est fait un nom et de nombreux amis bédéastes: il supervise aux Humanos une collection d'albums collectifs, Frank Margerin présente, dans lesquels on retrouve pêle-mêle jeunes talents et vieux compagnons de route. Citons parmi (beaucoup) d'autres Dodo et Ben Radis, Jano, Tramber, Charlie Schlingo, JC Denis, Vuillemin, Avril, Petit-Roulet, Serge Clerc, Florence Cestac, Farid Boudjellal, Mezzo et Pirus, Joan, Dupuy et Berberian, Lewis Trondheim, Stanislas, Killofer, David B... Jingle, petite société française de production de films, propose à l’auteur de créer une série d’animation avec Lucien. Craignant de voir son personnage dénaturé à l’écran, Margerin crée un personnage spécialement pour cette série, Manu. « Les Aventures de l'insupportable Manu » sont diffusées sur la 5 puis sur Antenne 2, avant de devenir trois albums de vraie BD aux Humanoïdes Associés (1990-1994). 

En 1992, Margerin est couronné Grand Prix de la ville d'Angoulême, dont il devient automatiquement président l'année suivante. Un crû dont on se souvient encore avec un vague mal de tête.
1998 : Sortie de Ricky chez les Ricains, un projet quasi-mythique, le voyage longtemps reporté de la bande à Lucien aux États-Unis, terre des Cadillac, du Rockn'roll et du hamburger mou. La même année, Frank Margerin présente... Frank Margerin : un album qui recense de nombreuses illustrations et autant de dessins inédits.

En 2000, parution de Week-end Motard, le tome 8 des aventures de Lucien. Retour aux sources pour Lucien et sa bande qui partent en virée à moto, destination...les 24 heures du Mans!
2002 : Naissance du personnage de Momo le coursier, chez Albin Michel. En 2004, Lucien a 25 ans.. et ça se fête!! 2006 : En novembre, une nouvelle série « Shirley et Dino », inspirée par le couple d'humoristes. 

En novembre 2009 sort un nouvel album de Margerin, « Lucien, père et fils ». En septembre 2011 « La bande à Lucien », onzième album de la série, sort chez « Fluide Glacial ». Il démarre en 2012, en tant que dessinateur et coloriste, une nouvelle série intitulée « Je veux une Harley », sur des scenarios de Marc Cuadrado, chez Fluide Glacial. Le 5eme tome est sorti le 16 juin 2017 chez Dargaud. 

https://www.babelio.com/auteur/Frank-Margerin/28203

https://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Margerin

https://la-parizienne.com/frank-margerin-reborn-to-be-wild.html

https://lagglo.fr/actualite/frank-margerin-un-coup-de-crayon-taille-dans-le-rock/

https://www.ligneclaire.info/frank-margerin-toute-la-france-dessine-100840.html

https://www.lanouvellerepublique.fr/vienne/frank-margerin-et-lucien-inseparables-a-poitiers

https://www.facebook.com/groups/margerin.tofs/ 

https://www.ladepeche.fr/article/2013/04/21/1610728-frank-margerin-en-preambule-de-gruissan.html

https://www.larepubliquedespyrenees.fr/2017/06/10/frank-margerin-...ite-d-honneur-du-salon-du-livre-d-oloron-ce-week-end,2130668.php

https://actu.fr/normandie/saint-hilaire-du-harcouet_50484/frank-m...estival-bd-dans-manche-prepare-nouveau-lucien-2020_22042531.html 


Claire Bretécher


Auteur - Scénario - Dessin - Couleurs

Née le 17 avril 1940 à Nantes et précocement terrassée par l'ennui, Claire Bretécher se lance très vite dans la bande dessinée, pour s'occuper.

Au début des années 1960, après avoir laissé tomber les Beaux-Arts parce que la bande dessinée y est persona non grata, elle enseigne le dessin pendant neuf mois, puis elle livre des illustrations dans différents journaux du groupe Bayard.



En 1963, elle rencontre René Goscinny qui l'invite à dessiner son « Facteur Rhésus », bouleversante épopée d'un héros postal, dans « L’Os à moelle ». « J’ai été flattée de cette proposition, et puis je n'étais pas en position de refuser... Il me faisait dessiner des trucs que je ne savais pas dessiner : un ravalement d'immeuble, par exemple. Je suis nulle pour dessiner un ravalement d'immeuble ! D'ailleurs, il n'a pas été content du tout du résultat et il ne me l'a pas envoyé dire, avec courtoisie, comme toujours. Après, il m'a commandé des illustrations pour « Pilote ». » 


En attendant, Bretécher collabore au journal « Tintin » en 1965 et 1966, puis, en 1968, crée la série « Baratine et Molgaga » dans le mensuel « Record » (Bayard Presse). 

De 1967 à 1971, « Spirou » l'accueille, d'abord pour quelques courts récits, lesquels laissent ensuite la place aux « Gnangnan », aux « Naufragés » (texte de Raoul Cauvin), ainsi qu'à l'éphémère « Robin des foies » (texte d'Yvan Delporte). En 1977, Claire refait une brève apparition dans le magazine – plus précisément dans son sup‐ plément « Le Trombone illustré » – pour y raconter les mésaventures de Fernand l'orphelin (texte d'Yvan Delporte). 


En 1969, elle commence, dans « Pilote », les aventures de Cellulite (princesse plus ou moins médiévale et féministe avant l'heure) et ses futures « Salades de saison ». Elle y dessine également plusieurs bandes d'actualité. 

En 1972, elle participe à la création de « L’Écho des savanes », avec ses amis Gotlib et Mandryka. Préfigurant ses inoubliables « Frustrés », ses histoires se font plus acides. 

En 1973, elle est sollicitée par la presse « chic » : « Le Sauvage », pour lequel elle dessine « Le Bolot occidental », et « Le Nouvel Observateur », où elle livre une planche hebdomadaire, bientôt intitulée « La Page des Frustrés ». 


C'est également à cette époque qu'elle décide de se lancer dans l'auto-édition — aventure passionnante et épuisante. Le premier album des Frustrés paraît en 1975. Après « La Vie passionnée de Thérèse d'Avila » (1980, réédité en 2007 chez Dargaud), elle édite en 1988 le premier album des aventures d'Agrippine (superbe prototype de l'ado); sept autres suivront. Le tout débouche sur une série de 26 dessins animés de vingt-six minutes, produits par Ellipse Animation et diffusés sur Canal+ à partir du mois de novembre 2001. Le huitième album d'Agrippine, intitulé « Agrippine déconfite » (Dargaud), sort en 2009. 


En dehors de la bande dessinée, Claire Bretécher pratique (avec grand talent) l'art de la peinture, en témoignent les portraits hypersensibles de ses proches (ou les autoportraits) tirés de ses carnets intimes et repris dans les albums « Portraits » (Denöel, 1983), « Moments de lassitude » (Hyphen, 1999) et « Portraits sentimentaux » (La Martinière, 2004). 


Au fil de ses histoires, Claire Bretécher s'impose comme la plus grande « humoriste-sociologue » du 9e art. Faussement simpliste, son graphisme nerveux et précis soutient parfaitement son propos, lucide et sans concession — surtout quand sa cible est friquée, nombriliste et désabusée — mais plein de tendresse pour certaines femmes et à peu près tous les enfants... 


Claire Bretécher est décédée le 11 février 2020. (Dargaud)


SOURCES


https://www.dargaud.com/auteurs/bretecher-claire


https://fr.wikipedia.org/wiki/Claire_Bretécher


https://www.franceculture.fr/personne-claire-bretecher


https://www.lefigaro.fr/bd/mort-a-79-ans-de-claire-bretecher-dessinatrice-des-frustres-et-d-agrippine-20200211


https://www.franceinter.fr/livres/claire-bretecher-une-femme-libre-en-bd


https://www.telerama.fr/livre/claire-bretecher,-la-creatrice-dagrippine-et-des-frustres,-est-morte,n6604110.php


https://www.courrierinternational.com/dessin/le-dessin-du-jour-claire-bretecher-une-femme-au-pantheon-de-la-bande-dessinee


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