MAURICE UTRILLO 1883 - 1955
Ce fils de Montmartre est né sur la Butte un 26 décembre, enfant naturel d'une femme peintre, modèle d'atelier, Marie-Clémentine Valadon, dite Suzanne Valadon. En 1891, il est reconnu par Miguel Utrillo y Molins, artiste et brillant personnage de Barcelone, qu'il n'a jamais vu. Élève au collège Rollin, il prend très jeune des habitudes de vagabondage et de boisson. On lui trouve un emploi dans une banque, où il donne d'abord satisfaction, mais se fait renvoyer pour son humeur fantasque. À la suite d'esclandres répétés, on l'interne à Sainte-Anne pour lui faire subir une première cure de désintoxication. En 1902, un médecin intelligent conseille à sa mère de l'occuper en le faisant peindre. De 1903 à 1906, Utrillo peint en banlieue — à Montmagny, à Pierrefitte — et à Montmartre, dans une manière sombre et très épaisse. Le marchand Clovis Sagot et quelques connaisseurs commencent à s'intéresser à lui. À partir de 1907, Utrillo éclaircit sa palette et, vers 1910, il peint avec des blancs, qui feront donner à la période de sa production, qui va jusqu'à 1915, le nom de « période blanche ». Le marchand Libaude, en 1909, tente d'accaparer ses toiles et lui verse une modeste mensualité. Mais, par lui, Utrillo connaît Francis Jourdain, Élie Faure, qui s'enthousiasment pour son talent, ainsi qu'Octave Mirbeau. À partir de 1909, il expose au Salon d'automne et aux Indépendants. Cependant, il a peu de contacts avec les peintres et partage sa vie misérable entre le cabaret de la Belle-Gabrielle et le bistrot du Casse-Croûte. En 1912, une crise de delirium tremens le fait admettre dans une maison de Sannois. Après deux mois de cure, Utrillo voyage en Bretagne et en Corse, où il peint beaucoup. Sa première exposition d'ensemble a lieu à la galerie Eugène Blot en 1913. À partir de 1914, sa technique évolue, sous l'influence de sa mère, vers un style plus dessiné, plus coloré et cloisonné. En 1916, il est interné à Villejuif avec les fous furieux, puis se fait soigner à l'asile de Picpus. Une exposition en 1919 à la galerie Lepoutre lui vaut un grand succès moral et matériel, mais, dès lors, ses proches le surveillent de près et l'exploitent. Après deux expositions à la galerie Weill, la galerie Bernheim-Jeune lui offre un contrat, et une vogue foudroyante commence pour lui. Malgré ses succès, Utrillo reste aussi instable, tente de se suicider, et sa mère l'emmène au château de Saint-Bernard, dans l'Ain, où, à partir de 1923, il passe chaque été. Il exécute pour les Ballets russes de Diaghilev le décor de Barabao. En 1935, il épouse Lucie Valore. En même temps, le marchand Paul Pétridès s'assure toute sa production par contrat. L'artiste exécute en 1948 un décor pour Louise (de G. Charpentier) à l'Opéra-Comique, et, en 1955, deux panneaux de 3 mètres de large lui sont commandés pour décorer la salle de la Commission des beaux-arts de l'Hôtel de Ville. Son talent a beaucoup baissé : il répète ses sujets en images coloriées, tandis que sa gloire devient internationale (exposition à New York en 1939 ; une salle à la Biennale de Venise en 1950) et que les faux Utrillo se multiplient, donnant lieu à des scandales retentissants.
Sa peinture est inclassable. On a essayé de la rattacher à celle des naïfs à cause de la minutie de son dessin et de ses figures populaires. Mais ces caractères n'apparaissent que dans les toiles relativement tardives de la manière colorée. En fait, Utrillo est bien un autodidacte, n'ayant reçu que des conseils de sa mère et surtout du peintre Quizet, un solitaire comme lui, avec qui il travaillait au début dans les rues, car, dans les premières années, il peignait toujours sur le motif, et ce n'est que plus tard, quand son talent déclina, qu'il se mit à copier des cartes postales. Son originalité réside d'abord dans sa conception de l'espace, des perspectives montantes et descendantes, des détours des rues, des volumes des maisons, créant, parallèlement au Cubisme, un art soucieux de rigueur. D'autre part, il a su donner une expression poignante aux murs lépreux des maisons pauvres, à la répétition hallucinante des fenêtres noires, à la solitude des chaussées et des trottoirs.
La manière blanche, plus aérée, est surtout représentée par des vues de Montmartre. Utrillo a su tirer une poésie surprenante de banals cabarets, comme le Lapin agile (1910, Paris, M. N. A. M.), du Sacré-Cœur, de quelques églises de banlieue.
Le M. N. A. M. de Paris conserve des œuvres de l'artiste, qui est aussi bien représenté au M. A. M. de la Ville, au musée de l'Orangerie (coll. Walter-Guillaume) et dans les grands musées d'Europe et des États-Unis.
JEUNESSE ET PREMIÈRES TOILES
Parce qu'Utrillo, peintre de Montmartre, des vieilles églises et bâtisses de Paris et de sa banlieue, sut envelopper ses images d'innocence, ne pas les alourdir de trop de savoir-faire, on est tenté de le ranger parmi les « naïfs ». Mais cette classification ne résiste pas longtemps à l'analyse, qui fait découvrir chez lui une connaissance approfondie du rythme linéaire et des plus sensibles gradations de tons. Utrillo ne se montre-t-il pas dans maints tableaux un maître du trait incisif, implacable, donnant à ses masses une présence peu commune ? Et c'est peut-être dans ces peintures-là, sobres, un peu sèches, qu'il se met le mieux à l'unisson de ses thèmes, de leur ambiance mélancolique.
Fils naturel de Suzanne Valadon – son père n'est pas identifié avec certitude –, Utrillo est reconnu en 1891 par le peintre et écrivain espagnol Miguel Utrillo, qui ne gardera de contacts ni avec la mère, ni avec l'enfant. Élève turbulent, il est incapable de poursuivre ses médiocres études au collège et il ne s'adapte pas mieux, ensuite, aux divers métiers que son beau-père, Paul Moussis, essaie de lui faire apprendre. Mais, surtout, confié à la garde indulgente de sa grand-mère, il se laisse très tôt entraîner à boire. Ses crises de colère sont inquiétantes, et sa santé est menacée au point qu'il doit, à dix-huit ans, subir une première crise de désintoxication à l'hôpital Sainte-Anne. À sa sortie, sa mère l'oblige à faire l'apprentissage de la peinture, espérant l'éloigner de son penchant pour l'alcool. Brossées à partir de 1903 à Montmagny ou à Montmartre, les premières toiles d'Utrillo, aux couleurs contrastées, s'inspirent par certains côtés de l'impressionnisme, sans annoncer encore le remarquable peintre qu'il sera. Clovis Sagot ne tarde cependant pas à exposer Utrillo dans sa galerie, où, en 1909, le découvrira Libaude, un autre marchand, qui accaparera sa production en échange d'une modeste mensualité.
L'ŒUVRE
Ce qu'on appelle la « période blanche », sans doute la meilleure, s'étend de 1909 à 1915 et est constituée de tableaux d'une facture très particulière, où le peintre transcrit les murs blanchâtres de Montmartre en liant ses couleurs à l'aide d'un mélange de colle et de poudre de craie. Bien qu'Utrillo commence à peindre d'après des cartes postales, nul mieux que lui ne restitue le charme désuet des ruelles de la Butte, de ses masures banales, de ses cabarets et de ses « assommoirs » (nombreuses versions du Lapin agile). Paradoxalement, l'œuvre de cet artiste « maudit », par neuf fois interné pour éthylisme, bafoué par tous, injurié, parfois roué de coups dans des bagarres, n'est pas désespérée ; elle est seulement parfois inquiète, avec, au bout, une lueur d'espérance et toujours cette pureté d'un regard d'enfant.
Dès 1910, des critiques et des écrivains s'intéressent à Utrillo : Élie Faure, Octave Mirbeau... ; Francis Jourdain l'invite au Salon d'automne. La première exposition particulière du peintre a lieu en 1913 à la galerie Eugène Blot. Utrillo cerne alors ses volumes d'un graphisme soutenu, rectiligne, puis anime ses ruelles, naguère désertes, de petits personnages cocasses, surtout des femmes, dont il accentuera par la suite les proportions : buste court, fessier volumineux. Après son exposition à la galerie Lepoutre en 1919, il connaît la célébrité et est dégagé de tout souci pécuniaire.
Surveillé par sa mère et par André Utter, qui l'empêchent de boire, presque cloîtré rue Cortot ou, à partir de 1923, au château de Saint-Bernard, dans l'Ain – les trois artistes y ont chacun leur atelier –, il se livre à une production intensive, qui est son unique distraction. Ses expositions se succèdent. Serge de Diaghilev, en 1925, et l'Opéra-Comique, en 1948, lui commandent des décors. En 1935, Utrillo épouse Lucie Valore, la veuve d'un banquier belge collectionneur de ses œuvres, Robert Pauwels. Avec sa femme, qui devient peintre elle aussi, il s'installe dans une villa du Vésinet et vit dans l'aisance grâce au contrat qu'il a passé avec le marchand Paul Pétridès.
Pourtant, son génie semble avoir décliné, comme si le bien-être lui avait ôté la meilleure part de son inspiration. Utrillo cesse de boire ; il devient pieux : d'où d'assez nombreuses représentations d'églises dans son œuvre. Mais, en proie à la prostration, il se confinera jusqu'à sa mort dans un mutisme de plus en plus profond. Dictionnaire de la Peinture, Larousse.
JAMES ENSOR
Né à : Ostende , le 13/04/1860 Mort à : Ostende , le 19/11/1949
James Ensor est un artiste-peintre belge.
Il adhère aux mouvements d'avant-garde du début du XXe siècle, et laisse une œuvre expressionniste originale.
Il est né d'un père anglais ingénieur, qui sombre dans l'alcoolisme et l'héroïne et d'une mère flamande, qui tient un magasin de souvenirs, coquillages, chinoiseries, verroteries, des masques et des animaux empaillés.
Après une première initiation à l'Académie d'Ostende, il suit de 1877 à 1880 les cours de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Dans la capitale, il se lie d'amitié avec certains condisciples comme Fernand Khnopff, Théo van Rysselberghe, Théodore Hannon.
Rentré à Ostende, que désormais il ne quittera que rarement, il se réfugie sous les combles de la maison familiale (où, célibataire convaincu, il vivra jusqu'en 1917) et y réalise ses premiers chefs-d'œuvre d'un réalisme affranchi (autoportraits dont autoportrait au chapeau fleuri, marines, vues d'Ostende, Le lampiste, La mangeuse d'huîtres et la série dite des Intérieurs bourgeois). Exposées dans les salons des cercles La Chrysalide et L'Essor, ces toiles suscitent déjà sarcasmes et incompréhension en raison des sujets jugés trop prosaïques aussi bien que de l'affranchissement de la technique qui augure en Belgique d'un impressionnisme autochtone; le jeune peintre doit même essuyer des refus inacceptables aux Salons d’ Anvers et de Bruxelles.
En 1883, avec quelques amis artistes sur qui se marquera momentanément son influence, il participe à la création du groupe des XX; avec Guillaume Vogels, il en deviendra l'un des membres les plus contestataires (il sera le "mal-aimé" d'Octave Maus, le secrétaire et l'âme des XX).
Dans les années 1910, Rotterdam et Anvers organisent une rétrospective de son œuvre; au début des années 20, les musées royaux de Bruxelles et d'Anvers acquièrent des toiles du maître.
En 1929, année au cours de laquelle Ensor prend la nationalité belge et reçoit le titre de baron, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles organise une grande rétrospective de son œuvre. En 1933, il est proclamé "Prince des peintres"; il mourra couvert d'honneurs, mais ceux-ci semblent lui avoir échu trop tard.
Source : http://www.idearts.be/abc/ensor/ensor1.htm
ROSA BONHEUR
Rosa Bonheur (1822–1899) portait-elle un nom prédestiné ? Cette artiste, qui conquit la gloire à coups de pinceau, n’eut pourtant pas une vie facile. D’origine modeste, libre, féministe, ruraliste, elle dut batailler pour s’extraire du modèle patriarcal et misogyne qui dominait la société française de son temps. Fait rare à l’époque, elle est considérée d’un talent égal à celui des hommes par le critique Théophile Gautier et s’imposa en proposant une iconographie échappant aux sujets habituellement réservés aux femmes. Elle est la première à recevoir la Légion d’honneur. Le Marché aux chevaux, de 1852, reste son chef-d’œuvre !
Née à Bordeaux en 1822, la petite Marie-Rosalie Bonheur grandit auprès d’une mère orpheline adoptée par de riches commerçants. Elle s’imagine des origines secrètes, peut-être royales ! Son père était quant à lui professeur de dessin. Il encouragea sa fille à développer ses aptitudes artistiques dès son plus jeune âge.
Les Bonheur s’installent à Paris en 1828. La politique, les espoirs dans le progrès de l’industrie, la fraternité des peuples et le renouveau catholique constituent le cadre de pensée familial. Chez les Bonheur, on est saint-simoniens ! Pourtant, la vie est dure, la misère gagne… La mère de la petite Rosa décède en 1833, et son père se remarie.
La jeune fille doit travailler. Elle entre en apprentissage dans un atelier de couturière, puis assiste son père dans son professorat de dessin. À cette époque, les femmes ne sont pas admises à l’École des Beaux-arts. Bonheur se passionne pour le sujet animalier. Les chevaux et les bovins ont sa préférence. Dès 1841, la voici qui expose au Salon. Elle n’a pas encore vingt ans !
Alors que l’école réaliste, emmenée par Gustave Courbet, révolutionne la peinture, Rosa Bonheur fait parler d’elle. Elle prend la suite de son père à la direction de l’École gratuite de dessin pour les jeunes filles et y encourage ses élèves à croire en leur talent. Elle-même fume des cigarettes et porte les cheveux courts ! Rosa Bonheur s’affirme sur la scène publique en exposant Le Marché aux chevaux au salon de 1853. Les critiques s’ingénient sans cesse à la comparer aux peintres de sexe masculin.
Ce tableau, jugé à l’époque d’une puissance rare pour une femme (généralement cantonnées aux peintures sur éventail ou aux bouquets de fleurs) fait connaître Rosa Bonheur dans toute l’Europe. Elle rencontre notamment la reine Victoria. L’œuvre est acquise par un collectionneur américain qui l’offrira au Metropolitan Museum de New York. D’une manière générale, sa peinture a toujours été goûtée par le public américain et bien diffusée par la gravure d’édition. En 1865, Rosa Bonheur fut la première femme à recevoir la Légion d’honneur.
Bien qu’elle se soit tenue à l’écart de toute école, Rosa Bonheur cultive une facture réaliste, c’est-à-dire attentive aux détails, au contexte rural, à une palette en prise avec le ton local. Cependant, ses œuvres sont destinées à une clientèle bourgeoise et fortunée (et même impériale !), ce qui la différencie d’un artiste comme Courbet qui prit des engagements politiques. Rosa Bonheur était plutôt de tendance conservatrice.
En 1860, l’artiste s’installe dans une belle propriété à Thomery, près de Fontainebleau : le château de By (qui est aujourd’hui un musée à son nom). Elle y mène une vie libre, conforme à ses idéaux. Depuis son enfance, Rosa Bonheur eut la réputation d’être un garçon manqué. Elle refusa de se marier, obtint l’autorisation de porter des pantalons pour monter à cheval et se rendre dans les foires à bestiaux où elle trouvait ses sujets. Rosa vécut avec des femmes (sans que son homosexualité soit clairement établie), faisant fi du qu’en-dira-t-on. En ce sens, elle a représenté un modèle pour des générations de femmes peintres.
Beaux-Arts - Claire Maingon • 2 novembre 2020
Nationalité : Australie
Né à : Creswick,Victoria , le 23/02/1879 et mort le 21/11/1969.
Norman Alfred Williams Lindsay est un écrivain et artiste australien prolifique: sculpteur, auteur, réalisateur de dessins animés, éditorialiste, ainsi que boxeur très doué.
Auteur et illustrateur d'un livre pour enfants Le Gâteau magique (1918), qui est un des plus populaire de la Littérature australienne et qui était le sujet d'un film en 2000 avec John Cleese et Geoffrey Rush, Lindsay était en même temps peintre de nus aux formes franches et somptueuses qui ont été fortement contestés. Cet aspect de sa vie a été le sujet d'un film, Sirènes sorti en 1994, avec Sam Neill et Elle MacPherson. (Wikipedia)
Célébrité nationale en Australie, Norman Lindsay est d'abord un artiste avant d'être un écrivain. Ses parents, amoureux d'art, l'initient très tôt (comme ses neuf frères et sœurs) à la peinture et à la littérature. Doué, il débute sa carrière de dessinateur en 1902 pour le journal politique The Australian Bulletin.
Controversé, il fut considéré comme libre- penseur et ses œuvres (dessins, peintures) ont parfois été censurées. C'est à la suite d'un pari, comme quoi les enfant seraient plus intéressés par la nourriture que par les contes de fées, qu'il écrit et illustre La Gâteau Magique publié en 1918. (AlloCiné)
Le talent de Norman Lindsay à la fois peintre, caricaturiste, illustrateur, graveur et sculpteur était souvent éclipsé par la controverse créée par ses œuvres représentant l’érotisme et attaquant les attitudes et la morale de la société. (Christian & Vincent)
ILYA RÉPINE
Peintre glorieux de la Russie des derniers tsars, sympathisant de la révolution d’Octobre, Répine résista aux tentatives de récupération de Staline. Retour sur une flamboyante carrière.
Nous avons tous vu en reproduction ses portraits de Tolstoï, Moussorgsky, Rimsky- Korsakov, ses cosaques rubiconds... En Russie, l’œuvre de Répine (1844-1930) est partout, dans les manuels scolaires, sur les boîtes de chocolats... Né en 1844 dans la petite ville de Tchougouïev (aujourd’hui Tchouhouïv, en Ukraine), il suit dès l’âge de 10 ans des cours de dessin topographique, puis se forme à la technique de l’icône. Son don pour le dessin scelle son destin. « Serf enrichi dans le commerce des chevaux avec l’armée, son père jouit d’une aisance financière qui lui permet de l’envoyer à l’Académie impériale de Saint-Pétersbourg », explique Stéphanie Cantarutti, commissaire de l’exposition du Petit Palais avec Christophe Leribault. Après un premier échec, il y est reçu en 1864 et étudie la peinture d’histoire.
Un observateur passionné
Mais, très vite, Répine s’affranchit des froides perfections académiques. Avec un petit groupe d’artistes, il peint en 1870 sur les rives de la Volga, multipliant les études de paysage et d’hommes au travail. Hommage sans pathos à ce peuple laborieux, sa grande composition Les Haleurs de la Volga (1870-73) lance sa carrière. Il rencontre Tourgueniev, fréquente les soirées musicales de Vladimir Stassov, éminent critique qui l’introduit auprès des plus grands musiciens du temps. Le collectionneur Pavel Trétiakov commande et achète plusieurs de ses œuvres. Grâce à une bourse d’études, Répine voyage. Après Vienne et l’Italie, il se fixe à Paris de 1874 à 1876. Hôte assidu de la cantatrice Pauline Viardot, une amie de Tourguéniev, il découvre l’art de Manet et des futurs impressionnistes, se laisse séduire par le pittoresque de la vie moderne, comme par les charmes de la Côte normande.
De retour à Saint-Pétersbourg, il est élu à l’Académie des beaux-arts. En 1878, il rejoint le groupe des Ambulants, association de peintres réalistes qui parcourent les villes de Russie. « Les Ambulants ont fait sécession avec l’Académie, explique Stéphanie Cantarutti. Rejetant la mythologie, ils s’intéressent à la vie du peuple, aux thèmes russes. » Observateur passionné, Répine dévore son époque pinceaux à la main. Il peint des scènes populaires aussi bien que les grandes manifestations du régime impérial, les processions religieuses, les scènes de l’Évangile ou de la légende russe. Portraitiste de l’élite artistique et intellectuelle, auteur d’un étincelant portrait de la baronne Von Hildenbandt, « la baronne rouge », il signe également un portrait officiel du jeune Nicolas II.
Le Victor Hugo de la peinture
Son adhésion à l’idéal des Ambulants ne l’empêche pas d’être nommé professeur à l’Académie des beaux-arts. « Très vite, Répine occupe comme Tolstoï une position incontournable, explique Christophe Leribault. C’est un monument, le Victor Hugo de la peinture. Il peut tout se permettre ! Il aborde des thèmes de l’histoire contemporaine qui seraient, pour la France, l’équivalent de l’Affaire Dreyfus. » Son tableau L’Arrestation du militant (1880-89) évoque l’héroïsme et le combat sans espoir des Narodniki, « ceux qui vont vers le peuple ». Progressiste, sympathisant de ce mouvement révolutionnaire qui tente de soulever les paysans contre le régime impérial, il s’en éloigne lorsque les Narodniki s’engagent dans l’action terroriste. Ils ne l’attendaient plus (1884-88) dépeint le retour au foyer d’un déporté qu’on croyait mort. Accrochée au mur, une gravure montre Alexandre II, le tsar qui abolit le servage, assassiné, sur son lit de mort. L’œuvre suscite polémiques et interprétations contradictoires. Dans Le 17 octobre 1905 (1907-1911), la représentation des manifestations de liesse à l’annonce des mesures libérales prises par Nicolas II reflète son propre enthousiasme.
Accueillant avec faveur la révolution d’Octobre, Répine peint en 1917 le portrait du chef du gouvernement provisoire, Alexandre Kerenski. Mais après la prise de pouvoir par les bolcheviks, l’artiste prend ses distances avec le régime. Très critique à l’égard de l’avant-garde, il reste fidèle au réalisme, mais retouche ses toiles anciennes d’une touche libre et vivement colorée. Installé dans son magnifique domaine des Pénates, à Kuokkala, dans le grand-duché de Finlande, il se trouve de fait exilé lorsque le pays proclame son indépendance. Surveillé par la police soviétique, l’influent patriarche résistera aux tentatives de récupération de Staline, qui aurait aimé en faire le père du réalisme socialiste. Il s’éteint aux Pénates, en 1930. Devenue soviétique, Kuokkala est rebaptisée Repino en 1948 en l’honneur du grand homme. (Connaissance des Arts)
Vassily Kandinsky
Pionnier de l’art abstrait, Vassily Kandinsky (1866 – 1944) n’est pas seulement russe : il est avant tout un artiste international qui a vécu plusieurs années à Paris, a voyagé en Europe, et s’est fait connaître par son essai théorique Du spirituel dans l’art (1911). Cet artiste majeur, membre du Bauhaus et créateur du Blaue Reiter, marque un tournant décisif dans la naissance de l’abstraction. Il est à l’origine d’un langage nouveau qui exprime sa « nature intérieure » et qui fait appel à la musicalité. Ce pionnier de l’art abstrait est aussi l’auteur d’une œuvre figurative, moins connue mais redécouverte depuis les années 1960.
Vassily Kandinsky est né à Moscou, dans un milieu aisé. Il est le fils d’un riche marchand, qu’il accompagne dans ses déplacements à travers la Russie. C’est un enfant extrêmement sensible, en particulier à la couleur. La découverte d’un tableau impressionniste de Claude Monet le marque considérablement et détermine sa vocation d’artiste. C’est pourtant à une carrière dans le droit qu’il se destine originellement. À l’âge de 30 ans seulement, Kandinsky décide de tout abandonner pour se consacrer à la peinture, sa passion secrète !
L’artiste part s’installer en Allemagne, à Munich, l’un des plus attractifs foyers de la modernité. Avec sa compagne depuis 1903, la peintre allemande Gabriele Münter, il développe une peinture postimpressionniste à forte composante colorée. En 1909, le couple pose ses valises à Murnau, un petit village dans la campagne bavaroise. Kandinsky se lance dans des séries de paysages. Mais l’artiste n’adopte pas le ton local et peint librement les éléments naturels à l’aide de couleurs vives et en aplats. Le peintre reprend certains de ses motifs de prédilection, comme le cavalier. Kandinsky aimait à souligner qu’il n’intellectualisait pas sa peinture, mais laissait venir à lui les motifs, de manière inconsciente et spontanée. L’œuvre de Kandinsky commence à prendre une tournure moins figurative, faisant apparaître des formes et des masses de couleurs. Il fait une percée vers le monde de l’invisible. Sa première aquarelle abstraite daterait de 1910.
En 1911, Kandinsky et Franz Marc créent un almanach, dit du Cavalier bleu (« Blaue Reiter« ). Outre Kandinsky, Münter et Franz Marc, en sont aussi August Macke, Heinrich Campendonk, les frères Bourliouk, Robert Delaunay et le compositeur Arnold Schönberg. Pour un temps, un certain équilibre est maintenu dans la peinture de Kandinsky, entre la figuration et la puissance autonome des couleurs. La même année, le peintre rédige son premier essai théorique, Du spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier, dans lequel est énoncé sa progression du figuratif vers l’abstraction au moyen de trois expressions : les impressions, les improvisations et les compositions. En 1913, il passe à l’abstraction radicale, la spontanéité dirige l’action. Pour lui, l’art exprime « une nécessité intérieure ».
Avec un premier tableau véritablement abstrait, Kandinsky invente la composition pure. Tout semble s’ordonner autour d’un arc sobre et puissant, entouré de couleurs traitées par masses. Elles émergent comme des ponctuations, des sons, qui traversent l’espace. Kandinsky attribue aux différentes couleurs des capacités expressives. Le bleu matérialise une aspiration céleste, vers l’harmonie, tandis que le jaune serait une couleur terrestre et agressive.
En achevant la rédaction de son premier traité théorique, Du Spirituel dans l’art, en 1911, Kandinsky évoque les « trois genres » explorés dans sa peinture. Les « impressions » sont produites sous l’effet d’une « impression directe de la ‘nature extérieure’ exprimée sous une forme graphique et picturale ». Les « improvisations » sont les « expressions, principalement inconscientes et pour une grande part issues soudainement des processus de caractère intérieur, donc impressions de la ‘nature intérieure’ » Enfin, l’artiste désigne par « compositions » les « expressions se formant de la même manière [...] en moi, que je reprends longuement et d’une manière presque pédante après les premières ébauches. [...] Ici, la raison, le conscient, l’intentionnel, l’efficacité jouent un rôle prédominant ». Kandinsky a réalisé Impression III après avoir assisté à un concert en janvier 1911 à Munich. C’est là qu’il découvre la musique d’Arnold Schönberg, spécialement le Deuxième Quatuor à cordes de 1910. « Le destin spécifique, le cheminement autonome, la vie propre, enfin des voix individuelles dans vos compositions sont justement ce que moi aussi je recherche sous une forme picturale », lui écrit immédiatement le peintre, inaugurant un échange épistolaire d’une rare portée théorique.
Dissocier ligne et couleur, leur permettre une action libre, indépendante, voire opposée, telle est la direction dans laquelle il se sent conforté. Dans Impression III, la couleur, affranchie du contour, se disperse dans l’espace à la manière des vibrations sonores ; la vague de couleur jaune, semble n’être que la pure restitution d’une expérience acoustique. Dans Improvisation XXVI, la couleur est devenue vaporeuse, elle compose pour elle-même une mosaïque de nuages lévitant, sur laquelle se pose une composition graphique à peine lisible : la ligne réduite à l’expression elliptique d’une réalité imaginée.
Dès 1918, l’artiste est associé au Secrétariat des arts plastiques (IZO), relevant du Commissariat pour la culture populaire (NARKOMPROS) fondé par le ministre Lounatcharski, et accepte plusieurs charges d’enseignement dans le cadre du jeune État bolchévique, à la condition de ne pas devoir adhérer au Parti Communiste. Son investissement dans l’Institut de Culture artistique de Moscou à partir de 1920, première occasion de mettre en place un enseignement expérimental et pluridisciplinaire, basé sur une étude scientifique de l’art abstrait, est cependant pris de court par les tendances constructivistes développées par Rodtchenko à la suite du Suprématisme de Malévitch. Il accepte en décembre 1921 l’invitation à enseigner temporairement au Bauhaus, mais il ne reviendra plus jamais sur le sol russe.
Alors que la Grande Guerre éclate en 1914, Kandinsky quitte l’Allemagne et s’installe en Suisse, puis à Moscou. En 1921, il revient en Allemagne et devient professeur au Bauhaus, école d’avant-garde dirigée par Walter Gropius. Le peintre y développe ses aptitudes de pédagogue, et travaille avec ses étudiants à la réalisation de décors. Il publie Point et ligne sur plan (1926). Kandinsky occupe ce poste jusqu’à la fermeture de l’école, persécutée par les nazis, en 1933.
Peinte à l’époque où Kandinsky quitte la Russe pour rejoindre l’équipe enseignante du Bauhaus, Composition 8 illustre la théorie des correspondances entre formes géométriques et couleurs. Aucune n’est isolée. Elles fonctionnent en interaction, à l’exemple du cercle violet et noir – couleur silencieuse selon le peintre – « réchauffé » par le halo rouge qui l’entoure. L’artiste joue des polarités entre froideur et chaleur, immobilité et mouvement. Le titre n’est pas fortuit et fut choisi avec soin par Kandinsky : il s’agit de l’aboutissement de son esthétique abstraite évoquant également le champ lexical de la musique.
Dans son deuxième ouvrage théorique, publié en 1926, Point et ligne sur plan, Kandinsky oppose les qualités actives et passives, considérant par exemple que le triangle s’associe à l’énergie du jaune lorsqu’il est aigu, à l’apaisement du bleu lorsqu’il est obtus. Abandonnant toute référence à la nature, le fond est ici un plan abstrait sans substance et sans orientation gravitationnelle, même si les entités géométriques s’organisent selon l’axe horizontal du paysage. Les formes elles-mêmes contribuent à ces réminiscences figuratives : le triangle rappelant la montagne, l’emplacement en haut à gauche du plus grand disque, qui semble opérer une éclipse sur un disque plus petit. Mais le plus saisissant est la tension spatiale reliant les angles précipités du coin supérieur droit et la grille inclinée logée dans le triangle, entre lesquels est esquissée la figure d’une cible. Ces éléments, de même que le grand disque auréolé de couleur, transposent clairement, de manière abstraite et immatérielle, le motif de saint Georges terrassant le dragon, tel qu’il était déjà réduit au symbole dans Peinture au bord blanc. Ses compositions abstraites montrent le rôle de l’intériorisation et le processus de reprise et transformation dans la durée dans le processus créateur, reliant comme un continuum organique les styles traversés par l’artiste.
Alors que le surréalisme occupe le devant de la scène artistique parisienne, Kandinsky se détache d’un art géométrique rigoureux pour verser dans un certain lyrisme poétique. Le peintre se montre plus libre depuis qu’il s’est installé à Paris, où il a fui le nazisme. Règle et compas ont été remisés. Kandinsky réintroduit dans ses toiles des formes inspirées de la nature, organiques et biomorphiques, qui peuvent évoquer certaines œuvres de Joan Miró ou de Jean Arp.
Kandinsky a fait du cercle, volontiers multiplié à l’intérieur d’une même composition, le motif exclusif de ces œuvres. Optant pour un fond noir légèrement modulé, il crée une profondeur optique qui contraste avec la neutralité bidimensionnelle du fond blanc. Un jeu subtil et indécidable de plans est ici élaboré par un nouveau travail pointu et détaillé avec la couleur. De manière générale, Kandinsky prend le parti de ce que l’on nomme le « mélange additif des couleurs » lorsqu’il superpose les surfaces. Au lieu de devenir plus foncées, les zones de recoupement s’éclaircissent, comme c’est le cas lorsque l’on mélange non des pigments mais des sources de lumière. Quelques exceptions à cette règle apparaissant au gré d’un regard minutieux, de même qu’une complète fantaisie dans les teintes intermédiaires résultant des superpositions. Quelques nimbes, enfin, complexifient certains contours, créant autour d’eux des zones gazeuses.
Les plus grands disques, qui sont aussi les plus opaques, semblent constituer une force d’attraction dans l’espace. Mais l’éclipse partielle que figure leur assemblage annule en grande partie cette posture hiérarchique. C’est à nouveau le thème de la multitude harmonieuse qu’exprime Kandinsky, au plus haut degré d’abstraction et de légèreté : la couleur, enserrée par le tracé du compas, s’organise néanmoins en un système polyphonique de résonances, où microcosme et macrocosme se répondent. « Il coule parfois de l’eau bouillante sous la glace – la nature opère avec des contrastes, sans quoi elle serait plate et inerte. Il en va de même de l’art », écrira-t-il en 1935. Pour mieux désigner ce qu’il considère alors comme un « romantisme froid », c’est-à-dire maîtrisé par le dessin, Kandinsky achève le tableau par un geste maniériste : facture expressionniste des traces de couleur pure, appliquées à la manière d’une tache incontrôlée et venant démentir l’illusion de profondeur créée dans le tableau.
Lui-même fuit l’Allemagne et s’installe à Paris. Ses recherches sur la couleur ne sont guère dans l’air du temps : dans les avant-gardes, la mode est à la quête formelle. Exilé et isolé dans une société plutôt frileuse en ce qui concerne l’art abstrait, l’artiste intensifie sa pensée tout en se nourrissant de certaines découvertes qui lui permettront d’illustrer, toujours plus, la vibration qu’il ressent face au Monde.
« Chaque tableau enferme mystérieusement toute une vie, avec ses souffrances, ses doutes, ses heures d’enthousiasme et de lumière », écrivait, en 1911, l’artiste dans son essai Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier. Lorsqu’il arrive à Paris en 1933, sa vie est presque derrière lui. En France, l’ancien professeur du Bauhaus est incompris et doit se faire une place entre les surréalistes et l’abstraction géométrique.
Dans son atelier, à Neuilly, il entame alors la « grande synthèse » de son œuvre. Si cette période parisienne est méconnue du grand public, elle n’en demeure pas moins la plus touchante : loin de sa Russie natale, Kandinsky revisite ses thèmes de prédilection et continue de développer sa grammaire formelle singulière.
Il obtient la nationalité française en 1939 et décède quelques années plus tard, en 1944, à Neuilly-sur- Seine.
Si les dix dernières années de Kandinsky sont une période cruciale pour comprendre son œuvre de manière globale, la dernière exposition française consacrée à ce sujet précis date de 1972.
Il essaye, il découvre, il explore, les formes comme les couleurs, les fonds unis et la multitude d’objets qui s’y développe. Cette période sera avant tout formellement marquée par une découverte majeure : celle des cellules observées au microscope. Kandinsky sera fasciné dans les dernières années de sa vie par les formes rondes des cellules et des organismes découverts dans les livres de sciences qu’il dévore, tant pour les explorations esthétiques qu’elles représentent que par l’infini symbolique qu’elles portent en elles. Car ces cellules, ces formes, ces couleurs qui composent notre être biologique sont une opportunité extraordinaire pour Kandinsky, plus radicalement introspectif que jamais, de « résonner » avec le Monde, les deux infinis de Pascal s’unissent, l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand. Le sentiment du spectateur est vertigineux, impossible de discerner une quelconque échelle, impossible de s’accrocher à un mouvement, à une ligne pour essayer d’entrevoir un modèle. Perdus dans l’immensité de l’univers ou dans celle de l’atome, nous partageons simplement un sentiment avec l’artiste avec beaucoup d’émotion.
Kandinsky ne cesse de nous étonner, dans l’infini d’un ciel étoilé de formes vagues, dans la précision du minuscule, intensément proche du naturel par l’abstraction. (Beaux Art, Connaissance des Arts)
GUY BARDONE
Depuis son entrée à l’école des Beaux-Arts de Lyon, à l’âge de 15 ans, Guy Bardone n’a eu de cesse de poursuivre son exploration de la couleur et la lumière.
Par Samuel Cordier - 06 août 2015 - LE PROGRÈS
Guy Bardone a présenté sa première exposition personnelle à Paris en 1955. Et, plus d’un demi-siècle plus tard, son émotion est la même au moment d’accrocher ses dernières toiles dans une célèbre galerie de la rue du Faubourg- Saint-Honoré.
« Cela reste toujours très important, car c’est ici que l’on est jugé par les collègues, qui sont très directs, et les critiques ». Le peintre est connu du public, reconnu par les critiques comme l’un des principaux représentants de l’école de Paris, ses toiles sont accrochées depuis 1960 dans l’une des plus importantes galeries de New York, dans des collections publiques, mais son exigence, sa rigueur et sa volonté de renouvellement sont intactes. Il n’a de cesse d’alterner les séances de travail en plein air (« ce n’est pas facile sur nature, mais tout est là : la lumière, la couleur, le ciel ») du côté de Bandol, de Vaux-lès-Saint-Claude et dans son atelier de Montparnasse, tous les jours dès 6 heures du matin.
Seul le travail permet de construire une œuvre importante. Mais aussi le talent et l’inspiration. Tout commence dans le Jura, à Saint-Claude, où il naît en 1927. Au collège, un professeur de dessin remarque un élève particulièrement doué et lui conseille de passer des concours. Il entre d’abord à l’école des Beaux-Arts de Lyon puis, en 1945, à l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs de Paris.
« J’ai passé deux ans dans l’atelier de Maurice Brianchon. C’est à cette période que j’ai découvert les musées parisiens, ainsi que Henri Matisse et Pierre Bonnard, qui m’ont beaucoup influencé ».
Bardone décroche le prix Fénelon et, au début des années 1950, il est repéré par le célèbre critique d’art Georges Besson (1882-1971), également originaire de Saint-Claude, « il m’impressionnait, il parlait peu et disait toujours ce qu’il pensait », qui l’encourage et le conseille. Il lui permet également de reprendre l’atelier du peintre Albert André, place Clichy. Guy Bardone, tout comme son ami René Genis (1922-2004), mêle art de peindre et art de vivre.
Et cela ne s’arrête jamais : il dessine, réalise des aquarelles (auxquelles son ami Jean-Michel Nectoux consacre un livre en 2000), des lithographies (dans l’atelier Mourlot), illustre des livres... Et garde aussi une curiosité et une faculté d’émerveillement pour les autres peintres. Il y a bien sûr Pierre Bonnard, Edouard Vuillard, découverts dans l’appartement de Georges Besson, mais aussi de nombreux peintres qu’il découvre, collectionne et fréquente (comme Bernard Buffet).
Aux États-Unis, en Asie et autour du bassin méditerranéen, Guy Bardone et René Genis voyagent beaucoup, pour peindre et découvrir de nouvelles collections. Guy Bardone vit et travaille principalement à Paris, au printemps, à Bandol, mais aussi et régulièrement à Vaux-lès-Saint-Claude, dans le Jura, où il compte de fidèles amitiés. « Dans le Jura, je préfère l’hiver, car l’atmosphère est plus douce, les sapins ont une couleur particulière. L’été, la lumière est trop acide ». C’est dans ce Jura, à Oyonnax, que le grand peintre, le « peintre de la lumière », s’est éteint le 27 juillet dernier.
Hommage et Reconnaissance à Guy Bardone
Guy Bardone nous a quittés ce 27 juillet 2015.
Je me devais, au nom de la Ville de Saint-Claude, de lui rendre hommage et exprimer la reconnaissance des Sanclaudiens.
J’ai eu l’honneur et le bonheur le 4 avril 2002, dans la villa de René Genis à Bandol et en présence de Maître Jean-Louis Vuillet, notaire à Saint-Claude, de signer la donation que Guy Bardone et René Genis faisaient à la Ville de Saint-Claude. Donation comportant plusieurs centaines d’œuvres émanant des plus grand peintres, dont trente-deux Bonnard.
Cette signature entraîna la construction du Musée de l’Abbaye de 2002 à 2008, condition requise pour héberger cette merveilleuse donation. Ainsi, ce trésor d’un artiste Sanclaudien et de son ami René Genis, pouvait rester à Saint-Claude pour la postérité.
Le 16 octobre 2002, j’avais le plaisir de remettre la Médaille d’Honneur de la Ville de Saint-Claude à nos deux amis.
Cette donation fut suivie d’une seconde signée par Guy Bardone en octobre 2011, René Genis étant décédé.
Aujourd’hui, nous sommes dans la peine de voir cet ami nous quitter. Il rejoint René Genis et nul doute que, là où ils sont, ils parleront de peinture. Je tiens à exprimer la tristesse qui est la nôtre et la reconnaissance de notre Ville envers Guy Bardone, généreux donateur qui nous aura permis d’enrichir de manière exceptionnelle notre patrimoine culturel. Mais c’est aussi à l’homme, à l’ami Sanclaudien que nous pensons. Nous lui rendrons prochainement l’hommage qui lui revient afin de pouvoir associer tous ses nombreux amis et les Sanclaudiens à son souvenir.
Nous souhaitons que l’activité du Musée de l’Abbaye soit à la hauteur de ce que souhaitait Guy Bardone. C’est le plus beau remerciement que nous puissions lui adresser.
Jean-Louis Millet
Maire de Saint-Claude
ROGER MÜHL
Roger Mühl, né le 20 décembre 1929 à Strasbourg, mort le 4 avril 2008 à Mougins, est un peintre, dessinateur et sculpteur français.
Roger Mühl entre à l’École nationale supérieure des arts décoratifs à Strasbourg d'où il sort en 1948 pour se rendre dans le territoire de Belfort. Il s'installe en 1954 à Montreux-Château et fait sa première exposition parisienne à la Galerie de Paris en 1960. Puis à Genève, Londres, Milan, Dallas, Cologne, Stuttgart, Tokyo, Kyoto, Belfort et New York. Il travaille essentiellement sur la Côte d'Azur. (Wikipédia)
Roger Mühl est un peintre français du XXe siècle surtout connu pour ses paysages ensoleillés du sud de la France. Les peintures de Mühl décrivent souvent des surfaces réalisées à l’impasto et il utilise des couleurs complémentaires et des tons neutres pour créer une atmosphère et une présence dans ses compositions subtiles. Né le 20 décembre 1929 à Strasbourg, il fréquente l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Il passe une bonne partie de sa vie en provence tout en exposant à Londres, Paris, Genève, Tokyo et New York. Mühl meurt le 4 avril 2008 à Mougins en France. (artnet)
Jean Lou LAPINTE, une vie toute en couleur
Jean Lou Lapinte, les Poussannais l’on découvert lors de « Songes d’Automne2018′ où il exposait le temps d’un week-end. A la fin du salon, il avait remporté le prix du public car celui-ci avait particulièrement apprécié ses oeuvres, la variété de ses techniques mais aussi les couleurs de ses peintures. Et ce n’était pas un hasard...
Car le petit Jean-Louis qui a d’abord grandi du côté de Lyon a été attiré très très tôt par le dessin avant d’apprécier tout autant la peinture. Scolarisé à Lyon puis, en suivant ses parents, dans le sud-est de la France, il s’accrochera à sa passion, celle de créer : ce sera grâce à la BD, le graphisme, la poésie, la sculpture sur bois....Et même la cuisine et la gastronomie.
Si les années Bowie et celles des Punk laisseront des traces musicales indélébiles, Jean-Louis, adulte verra le dessin reprendre le dessus sur d’autres arts qu’il affectionne toujours. Un seul mot le guide : « La création ».
Il faut dire qu’entre lycées et entreprises il avait obtenu un CAP de traiteur mais il n’a pas exploré cette voie trop contraignante.
Après quelques petits « boulots » il s’est alors recentré sur la sérigraphie suite à une rencontre professionnelle. Il apprendra le métier, mais à l’époque sans informatique. Un peu de Beaux-Arts à Lyon et ses périgrinations le guideront vers les Alpes. Il s’épanouira dans un atelier de photo-gravure en réalisant différentes œuvres de grandes tailles.
Alors en couple, direction la Haute Savoie, puis Lausanne où il devint coloriste.
Dans une entreprise qui fabriquait des matériaux colorés il assemblait les colorants afin d’obtenir un produit de la couleur souhaitée. Il pouvait s’agir de mélanger des peintures pour le bâtiment et la décoration pour obtenir la teinte correspondant à un nuancier. Et au-début ce fut « à l’oeil ».
(Dans la fabrication des peintures, la teinture des tissus et des papiers, la coloration des matières plastiques, le métier de coloriste requiert une formation en chimie et une connaissance des risques professionnels et environnementaux liés aux colorants, et plus encore dans l’industrie alimentaire.)
Il eut le temps de se former et de se perfectionner puis au bout de 10 ans il partit pour Thonon Les Bains dans une autre entreprise ou il découvrit les nouveaux outils technologiques.
Les années passant, on lui confia des responsabilités, qu’il assuma jusqu’au bout puisqu’il fut victime d’une intoxication dans le cadre de son travail. Cela l’handicapera à vie.
Coloriste, c’était terminé, mais son don et sa passion pour les couleurs ne l’avaient pas quitté au-travers de ses peintures personnelles pour lesquelles aucun style ne prédominait, ce qui est toujours le cas.
Ce fut d’abord à l’huile sur toutes sortes de support (cartons, toiles, emballages) avec surtout de l’abstrait, en laissant de côté paysages et réalisme.
Il n’aime pas copier, n’utilise pas de modèles et reste fidèle à son esprit créatif inspiré par un Monde en mouvement, des personnes ou des sites, qui savent susciter en lui des réactions, de l’émotion.
De l’huile il est passé à l’acrylique et il précise : « Je m’attache plus aux formes et aux volumes au gré de mes envies en réalisant des maquettes sur feuilles A4. Le tableau se construit alors petit à petit en fonction des évolutions ».
Il a souvent près d’une vingtaine de peintures en cours qui reflètent ce besoin de créer qui anime sa passion.
Côté couleurs, pas de soucis, c’est comme nous l’avons vu, un expert en la matière.
Et l’on se laisse porter par ses œuvres qui, que l’on soit néophyte ou connaisseur, éveillent notre sensibilité... Jean-Louis Lapinte, un Maître des couleurs... (Jean-Marie P)
PIERRE-PAUL PRUD’HON
Celui que l’on surnommait le « Corrège français » est le seul artiste d’envergure de son temps à être resté en dehors de l’influence de David. Prud’hon ne s’est imposé que très progressivement, grâce aux amateurs friands de ses petits tableaux et surtout de ses dessins, un des meilleurs aspects de son œuvre. De son vivant même, il avait alterné périodes de réussite et d’insuccès.
Le début de sa carrière est marqué par ses origines bourguignonnes : les autorités, ayant remarqué les dispositions de ce fils de tailleur de pierre, né à Cluny, lui permirent d’étudier à Dijon d’abord, puis, grâce aux largesses d’un amateur, à Paris (1780-1783) ; enfin, lauréat du prix de Rome de la province de Bourgogne, il voyage en Italie (1784-1788). Il connaît ensuite des années difficiles au point de vue matériel (il a charge de famille depuis 1778).
Quelques compositions allégoriques, reprises dans des gravures, lui permettent de se faire connaître dans la capitale, mais il va habiter en Franche-Comté en 1794-1796, vivant de portraits et d’illustrations pour l’éditeur Pierre Didot. Il n’en est pas moins élu membre associé de l’Institut en 1796, et revient alors à Paris, où sa carrière prend un nouvel élan : il obtient au Louvre un atelier pour réaliser en grand La Sagesse et la Vérité descendent sur la terre (1798-1799, Louvre, Paris), et peint pour l’hôtel du financier de Lannoy un décor allégorique (éléments conservés, Louvre) qui fait sensation.
Il reçoit des commandes de plafonds pour le Louvre et commence à être connu. Il rompt au même moment avec sa femme, mais se lie avec une de ses élèves, Constance Mayer (1775-1821), dont l’œuvre est étroitement liée à la sienne.
La consécration vient enfin au peintre avec le succès remporté au Salon de 1808 par La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, un des tableaux les plus populaires du XIXe siècle français. Son activité est alors multiforme : compositions mythologiques (Psyché enlevée par des Zéphyrs, 1808, Louvre ; Vénus et Adonis, 1812…), portraits (Impératrice Joséphine, 1805,Louvre), modèles de mobilier (Impératrice Marie-Louise, 1810 et berceau du roi de Rome, 1811 (ses dessins en conservent la trace) et études de nus.
Delacroix voyait en lui celui qui avait su résister au néoclassicisme officiel et les romantique sont fait de lui leur martyr . Il est apprécié par Stendhal, Balzac, Millet et Baudelaire pour la qualité de son clair-obscur et son réalisme subtil.
Plusieurs de ses œuvres furent gravées par son confrère Jacques-Louis Copia, tandis qu'Antoine François Gelée fut médaillé au Salon de 1842 pour son interprétation du tableau La Justice et la Vengeance poursuivant le crime.
HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC
Bien souvent réduite à la culture de Montmartre, l’œuvre d’Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) offre un panorama plus large. Si l’artiste a merveilleusement représenté l’électricité de la nuit parisienne et ses plaisirs, il ambitionne de traduire la réalité de la société contemporaine dans tous ses aspects jusqu’aux moins convenables. L’exposition du Grand Palais a montré enfin comment cet aristocrate du Languedoc soucieux de réussir a imposé son regard lucide, grave et drôle au Paris des années 1890.
Descendant de l'illustre famille des comtes de Toulouse, Henri de Toulouse-Lautrec est le fils d'un ancien officier anticonformiste, qui se préoccupe plus de chasse que de son éducation. Venu à Paris avec sa mère – une cousine germaine de son père –, il fait ses études au lycée Condorcet et passe ses vacances dans le château familial de Celeyran, dans l'Aude. Â l'âge de 14 ans, sa croissance est stoppée à la suite d'une double fracture aux jambes provoquée par une dégénérescence osseuse.
Toulouse-Lautrec a découvert la peinture dès sa jeunesse en fréquentant l'atelier de René Princeteau (1849-1914), un artiste animalier qui lui a communiqué son amour des chevaux. Lorsqu'il décide d'en faire son métier, il entre en 1882 dans l'atelier de Léon Bonnat, puis dans celui de Comon, à l'École des beaux-arts. C'est alors qu'il se lie à Van Gogh, dont il réalise un superbe portrait au pastel (1887, musée Van Gogh, Amsterdam). Vers 1890, il se détache de l’impressionnisme triomphant et se rapproche plutôt des indépendants, comme Renoir. Mais son véritable maître est Degas.
L'OSMOSE MONTMARTROISE
C'est à Degas que Toulouse-Lautrec doit son sens aigu de l'observation des mœurs du Paris nocturne et son intérêt pour les sujets « naturalistes » (la Blanchisseuse, 1889, collection privée). Familier des cabarets de Montmartre, il croque tout un peuple d'artistes et de clients qu'il fait passer à la postérité. Après avoir vécu plusieurs années dans le quartier, il s'installe aux Champs-Élysées, mais, tous les soirs, il revient faire la fête à Montmartre, où il a toujours une table réservée – non seulement au Moulin-Rouge, mais au Rat-Mort, aux bals du Moulin de la Galette et de l'Élysée-Montmartre. Il a également ses entrées au Chat-Noir de Rodolphe Salis, au Mirliton d’Aristide Bruant, au Divan japonais, à la Scala et aux Ambassadeurs.
Toulouse-Lautrec recherche les mises en page savantes, le découpage arbitraire de la toile, les grands vides dynamiques (M. Boileau au café, 1893, Cleveland). Sa couleur est somptueuse, avec des verts et des rouges intenses, des ombres bleues, des lumières artificielles étranges. Il peint le plus souvent sur un épais carton dont le brun ou le gris apparent forme le fond du tableau (Femme au boa noir, 1892, musée d'Orsay). Il exécute les personnages soit à l'huile, soit à l'essence (Marcelle, 1894, Albi), avec parfois des rehauts de gouache claire (Missia Natanson, 1895, collection privée).
Comme Degas également, Toulouse-Lautrec accorde la priorité au dessin. D'un trait rapide et incisif, qui saisit une posture, un mouvement, il définit ou déforme la psychologie d'un personnage. Ses propres portraits sont d'insolentes caricatures. Reflets de toutes ses audaces graphiques, ses affiches publicitaires inaugurent un art de la rue qui fait sensation (Aristide Bruant aux Ambassadeurs, 1892 ; la Revue blanche, 1895 ; la Troupe de Mlle Églantine, 1896). À l'habileté dynamique des plans et des gestes s'ajoute le jeu subtil des coloris, où s'opposent les orange et les bleus, les rouges et les noirs.
Influencé par l’estampe japonaise, Toulouse-Lautrec exécute plus de 300 lithographies entre 1892 et 1899. Il y retrouve le goût de l'étude de mœurs dans des milieux typés (théâtre, cirque, hippodrome, vélodrome) et de l'érotisme féminin (Elles, 1896). Mais, également, il y donne libre cours à son génie de la stylisation, qui l'apparente aux créateurs de l’Art nouveau.
Toulouse-Lautrec fournit à l'occasion des dessins satiriques aux journaux (le Mirliton, le Rire, l'Escarmouche…). Il réalise des maquettes de décors et de programmes pour le théâtre de l'Œuvre de Lugné-Poe et pour le Théâtre-Libre d’Antoine. Alors que sa réputation de grand artiste est établie, il s'enfonce dans l'éthylisme et, en 1899, il est frappé d'une crise de delirium tremens. Au cours de son internement, il exécute de mémoire, aux crayons de couleur, une série de dessins sur le cirque (Au cirque, le salut). Dès sa première attaque de paralysie, il liquide son atelier parisien et rejoint sa mère en Gironde, où il s'éteint à l'âge de 36 ans. Un millier de ses œuvres sont exposées au musée Toulouse-Lautrec d'Albi.
« LES PETITES FEMMES DE PARIS »
Homme infirme, Toulouse-Lautrec transcenda sa désespérance par son amour des femmes. Les danseuses de french cancan, Grille-d'Égout, Rayon-d'Or, Nini Patte-en-l'Air, Trompe-la-Mort, l'enivraient. Mais nulle plus que la Goulue (Louise Weber [1866-1929]), portant haut son chignon roux, et Jane Avril (Jeanne Beaudon [1868-1943]), dite la Mélinite, aux diaboliques bas noirs, n'eut les faveurs de son talent d'artiste (Au Moulin-Rouge, entrée de la Goulue, 1892, MoMA, New York ; Jane Avril dansant, id., musée d'Orsay).
Le peintre étudiait sans relâche le rythme endiablé des danseuses, de leurs jambes qui s'élèvent, de leur linge qui s'envole de part et d'autre des acrobaties de l'inévitable Valentin le Désossé (Jules Renaudin [1843-1907]). Il s'intéressa aussi aux chanteuses célèbres, telle Yvette Guilbert, aux longs gants noirs, et aux artistes de cirque. Il n'oublia pas le monde des filles de joie, qu'il transfigura par un curieux lyrisme teinté d'ironie (Au salon de la rue des Moulins, 1894, Albi). (Larousse)
MOUVEMENT ET VITESSE
À observer tout ce monde qui chante et danse, Lautrec est tenté d’en représenter le dynamisme. C’est presque une obsession. Déjà, le jeune apprenti peintre réalisait des pochades vibrantes de chevaux galopant. Ses portraits sont rarement figés. Au-delà de l’amateur de spectacles parisiens, l’artiste handicapé aux jambes trop courtes va se passionner pour tout sujet en mouvement, pour toutes les formes bondissantes. Il est fasciné par la frénésie des danses de la Goulue, par le jeu de jambes de Jane Avril. Aux Folies-Bergère, Loïe Fuller (1869-1928) déploie les larges voiles de sa robe,dessinant dans l’air d’incroyables tournoiements. C’est comme la flamme d’un feu qui danse sous ses yeux. Au cirque, Lautrec observe les corps contorsionnés des trapézistes et des funambules.
Sur les champs de course, les jockeys et les chevaux captivent son regard, comme Degas avant lui. Il y retrouve les souvenirs équestres de l’enfance mais aussi le goût d’un monde qui va vite. Cyclistes et automobilistes retiennent son attention. En cette fin de siècle où le sport se développe, la pratique du vélo est l’activité la plus populaire. Son ami Tristan Bernard (1866-1947) dirige le vélodrome Buffalo à Neuilly. Le peintre dessine et enregistre tout. Précurseur, avant les avant-gardes du 20e siècle, il célèbre la vitesse. Tous ces effets de rotation, de dislocation, de rapidité vont bientôt devenir l’un des thèmes majeurs de la peinture moderne des futuristes. Le peintre Frantisek Kupka (1871-1957), connaisseur de l’œuvre de Lautrec, en fait un sujet de recherches expérimentales.
GUSTAVE CAILLEBOTTE
Gustave Caillebotte est né en 1848 dans un milieu aisé. La fortune familiale lui permettra sa vie durant de choisir librement des activités (peinture, nautisme, construction de bateaux, philatélie) dans lesquelles il excelle. Martial Caillebotte (1799-1874), son père, s’est enrichi dans la vente de drap aux armées de Napoléon III. En 1860, il acquiert un vaste domaine, dans la commune d’Yerres, à vingt kilomètres au sud-est de Paris. Cette magnifique propriété sera le paradis d’enfance de Gustave et suscitera par la suite nombre de tableaux de paysages peuplés de membres de la famille.
Gustave a deux frères, René et Martial, et un demi-frère, Alfred qui deviendra prêtre. Ses études secondaires se déroulent au lycée Louis-le-Grand à Paris. Il se dirige ensuite vers des études de droit et obtient une licence en 1870, année au cours de laquelle il commence à peindre. Il entre dans l’atelier du peintre Léon Bonnat (1833-1922). Son goût pour la peinture l’amène à voyager en Italie en 1872. L’année suivante, il entre à l’École des Beaux-arts de Paris mais n’y reste qu’un an. La mort de son père en 1874 – Gustave n’a que 26 ans – lui permet d’hériter d’une fortune confortable et de se consacrer à la peinture sans préoccupations commerciales. A cette époque, il peint beaucoup de petits formats de la propriété et de la région d’Yerres, mais aussi des scènes réalistes comme Les raboteurs de parquet (1875). Il présente d’ailleurs ce tableau au salon, mais il est refusé car le sujet, le travail des ouvriers, n’est pas jugé digne de figurer dans une création artistique.
Caillebotte s’orientera alors de plus en plus vers l’impressionnisme. Il participe aux expositions impressionnistes de 1876, 1877, 1879, 1880 et 1882, aide financièrement le mouvement impressionniste et s’implique personnellement dans l’organisation des expositions. Cette aide fut précieuse car les impressionnistes n’étaient nullement des organisateurs alors que Caillebotte, outre son remarquable talent artistique, disposait également de cette capacité. Il achète des toiles à Monet, Pissarro, Degas, Renoir, Manet qui avaient besoin de vendre pour vivre. Il se constitue ainsi une collection exceptionnelle qu’il léguera à l’État à sa mort. Dès 1876, après la mort de son frère René, Gustave Caillebotte rédige son testament qui comporte ce legs. Ces tableaux se trouvent aujourd’hui au musée d’Orsay à Paris.
Après la mort de sa mère, en 1878, Gustave et son frère Martial vendent la propriété d’Yerres et l’hôtel particulier de la rue de Miromesnil à Paris, qui était la résidence de la famille dans la capitale. En 1880, Caillebotte achète une propriété au Petit-Gennevilliers, au bord de la Seine, en face d’Argenteuil. Il y recevra souvent les impressionnistes et certains viendront peindre dans le jardin et les alentours. Gustave Caillebotte est élu conseiller municipal de Gennevilliers en 1888 et, selon son tempérament, déploie à ce poste une grande activité.
En 1886, Paul Durand-Ruel organise à New-York une grande exposition de 300 toiles, destinée à faire connaître les impressionnistes aux États-Unis. Dix tableaux de Caillebotte sont choisis. La peinture de Caillebotte conservera la faveur des américains alors même qu’il était considéré en Europe comme un peintre de second ordre.
Caillebotte ne s’est jamais marié mais a vécu, à la fin de sa vie avec une femme d’origine modeste, qui se faisait appeler Charlotte Berthier. Figurant sur le testament du peintre, il apparaîtra devant notaire qu’elle s’appelle Anne-Marie Hagen, née à Paris en 1858.
En février 1894, Caillebotte prend froid dans son jardin du Petit-Gennevilliers. Il ne parvient pas à se rétablir et une congestion pulmonaire se déclare. Selon certaines sources, il s’agirait d’un accident vasculaire cérébral. Il meurt le 21 février et est inhumé au cimetière du Père-Lachaise. La presse se fit l’écho de ce décès, en rappelant parfois le rôle de Caillebotte aux côtés des impressionnistes :
« Le cordial et fin Caillebotte les obligea littéralement. Il aimait leur talent, il se sentait vibrer avec eux aux mêmes aspirations artistiques, et il considérait comme la chose la plus simple du monde de les aider à se tirer d’affaire, ou mieux encore, de leur permettre d’accomplir leur œuvre et de montrer leur valeur au public malgré ce public lui-même, malgré tous les obstacles. Or tout cela il le fit simplement, sans ostentation, sans jouer au mécène, mais avec toute la simplicité d’un bon camarade, qu’un remerciement même gênerait. Peut-être est-ce pour ne pas le gêner de cette façon que certains de ses anciens amis et obligés n’allèrent pas à ses obsèques. »
Gustave Caillebotte a légué à l’État sa collection de tableaux comportant 67 œuvres de Manet, Monet, Renoir, Degas, Cézanne, Sisley et Pissarro. Le testament précise que les tableaux devront être conservés au musée du Luxembourg et plus tard au musée du Louvre. Caillebotte indique également qu’avant d’exposer ces tableaux, il convient d’attendre le temps nécessaire à leur acceptation par le public. Malgré la protestation de l’Académie des Beaux-arts, pour laquelle cette peinture était indigne des musées nationaux, le legs fut accepté par l’État. Mais le manque de locaux au musée du Luxembourg conduisit l’État à ne retenir que 38 tableaux, les autres restant en possession de Martial, le frère de Gustave. Les tableaux ont été présentés au public en 1897. En 1925, ils sont transférés au musée du Louvre et en 1986 au musée d’Orsay.
FÉLIX VALLOTTON
Félix Vallotton, né à Lausanne, le 28 décembre 1865 et mort à Neuilly-sur-Seine, le 29 décembre 1925, est un artiste peintre, graveur, illustrateur, sculpteur, critique d'art et romancier franco-suisse.
Félix Vallotton est né le 28 décembre 1865 à Lausanne, d'une famille bourgeoise protestante, et frère de Paul Vallotton . En 1882, il entre à l'Académie Julian à Paris, aux ateliers fréquentés par de nombreux artistes postimpressionnistes, dont les futurs nabis. Il s'y lie à Félix Stanislas Jasinski dont il fera deux portraits peints et qui l'initie à la technique de la pointe sèche.
En moins de dix ans, le jeune Suisse parvient à se faire un nom auprès de l'avant-garde parisienne. Sa renommée devient internationale grâce à ses gravures sur bois et à ses illustrations en noir et blanc qui font sensation. Il participe régulièrement à différents Salons (Salon des artistes français, Salon des indépendants, Salon d'automne). Dès 1891, il renouvelle l'art de la xylographie . Ce revirement a pu être lié à la parution, au mois de mars 1891, du fameux article d’Albert Aurier, Le Symbolisme en peinture, appelant à un art « idéiste » et décoratif, d’où seraient bannis « la vérité concrète, l’illusionnisme, le trompe-l’oeil ». Ses gravures sur bois exposées en 1892 au premier Salon de la Rose-Croix sont remarquées par les nabis, groupe qu’il rallie de 1893 à 1903.
La dernière décennie du siècle est également marquée par son travail d'illustrateur, notamment pour La Revue blanche. L'une de ses affiches, La revue La Pépinière est reproduite dans Les Maîtres de l'affiche (1895-1900).
En 1889, il avait rencontré Hélène Chatenay, dite « la Petite », une ouvrière qui deviendra son modèle et partagera sa vie. Mais Vallotton n’est pas capable de s’engager. Plus soucieux du devenir de son œuvre que de fonder une famille, il épouse en 1899 Gabirlle Bernheim, fille du marchand de tableaux Alexandre Bernhaim. Pour faciliter son intégration dans cette grande famille parisienne, l’ancien anarchiste est contraint à une certaine réserve ; il délaisse alors la gravure au profit de la peinture. En 1900, il obtient la nationalité française par décret de naturalisation du 3 février.
En 1899, il est l'un des douze illustrateurs de l'Hommage des artistes à Picquart. Il y représente Jules Méline.
En mars 1902, il coordonne un des numéros les plus surprenants de L'Assiette au beurre (n° 48), intitulé « Crimes et châtiments », qui se compose de vingt-trois lithographies imprimées uniquement sur le recto et à détacher du cahier suivant des perforations pointillées, constituant un véritable album d'estampes. Durant l’année 1907, Félix Vallotton se consacre à l'écriture d'un roman intitulé La Vie meurtrière.
Il peint des cènes d’intérieur, puis se consacre à des thèmes classiques, paysages, nus, portraits et natures mortes qu’il traduit d’une manière personnelle, hors des courants contemporains. Félix Vallotton est un artiste réaliste. Les situations qu’il décrit sont suggérées, sans embellissement ni glorification. Son art est discret, souvent traversé d’humour noir et de raillerie grinçante.
Sa première exposition personnelle a lieu à Zurich en 1909. Il expose régulièrement à Paris, notamment en janvier 1910, à la galerie Druet, exposition dont le catalogue est préfacé par Octave Mirbeau. Il participe de plus aux expositions d'envergure internationale en Europe et aux États-Unis. En Suisse, sa peinture est principalement diffusée par son frère Paul, directeur dès 1913 de la succursale de la Galerie Bernheim-Jeune à Lausanne, future galerie Paul Vallotton.
Félix Vallotton est un travailleur acharné, sans cesse à la recherche de nouvelles formes d'expression. Touché par l'horreur de la Première Guerre mondiale, il trouve dans le conflit une source d'inspiration. Il renoue avec le succès vers la fin de la guerre, avant de mourir en 1925, des suites d'une opération contre un cancer. Il avait écrit : « La vie est une fumée, on se débat, on s’illusionne, on s’accroche à des fantômes qui cèdent sous la main, et sa mort est là . »
Il est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse, 28e division, non loin d'Alfred Dreyfus. (Wikipédia)
FRITS THAULOW
Frits Thaulow est un artiste peintre oscillant entre impressionnisme, naturalisme et symbolisme. Norvégien, il est un compatriote de Christian Skredsvig et Edvard Munch.
Né en 1847 à Christiania (Oslo) en Norvège, Frits Thaulow montre rapidement une attirance pour les arts, que ce soit la littérature, la musique ou le dessin. À partir de 1862, il se décide à devenir peintre de marines.
En 1874, il visite Paris aux côtés de sa fiancée Ingeborg, la sœur de l’épouse de Paul Gauguin, et découvre la première exposition impressionniste organisée chez Nadar. Il revient à Paris un an plus tard, comme parrain du fils de Gauguin. De 1877 à 1879, Frits Thaulow expose au Salon, présentant des vues des côtes norvégiennes. Dix ans plus tard, en 1889, il prend part, en tant que membre du jury, à l’Exposition universelle, avant de participer, l’année suivante, à la fondation du Salon du Champ-de-Mars. En 1894, il fait la rencontre d’Auguste Rodin ; une vive amitié débute. En 1895, Frits Thaulow expose aux côtés de Claude Monet et d’Alfred Sisley à la galerie Georges Petit.
Entre 1894 et 1898, il séjourne à Dieppe mais revient souvent dans le Pas-de-Calais y retrouver ses amis peintres Henri Le Sidaner et Henri Duhem . Il poursuit son voyage vers Quimperlé (1901) puis Beaulieu-sur-Dordogne (1903).
Après la mort de Frits Thaulow, la vente des tableaux de son atelier a eu lieu à la galerie Georges Petit à Paris, les 6 et 7 mai 1907. Le catalogue de cette vente comporte 108 toiles et 10 autres œuvres (pastels, dessin, gravures en couleurs). Georges Petit représentait et vendait son œuvre depuis l'installation du peintre en France.
BLANESTH
Blanesth a débuté sa carrière de peintre à Málaga, en Espagne, où elle a organisé sa première exposition en 1989. Un grand nombre d’expositions ont suivi dans d’autres villes espagnoles et dans la plupart des pays où elle vivait, comme au Portugal, au Luxembourg et en Allemagne. Blanesth vit et travaille au Luxembourg et en Allemagne.
HAENYEO, son dernier projet, traite d’un groupe de plongeuses à Jéju, en Corée du Sud, travaillant sous l’eau dans des conditions extrêmes. Elle essaie de montrer l’histoire de ces femmes d’une manière poétique, mais sans cacher la dure réalité.
La peinture et le dessin sont ma façon de vérifier le monde que je vois.
J’aime les images narratives et les thèmes dans lesquels l’être humain joue le rôle principal. Je ne cherche pas à critiquer la société mais plutôt à exprimer mes observations dans différentes manifestations et lieux du monde. Je veux matérialiser des idées et créer des œuvres d’art où l’esthétique visuelle et intellectuelle est un stimulus.
Les accidents et les curiosités jouent un grand rôle dans le processus de création de mes peintures. Les multiples couches et éraflures en sont peut-être la principale caractéristique. J’utilise de l’acrylique pour des peintures sur toile et des techniques mixtes dans des œuvres sur papier, fusain, pastel, aquarelle, etc.
Mon but est d’explorer la fragilité de la condition humaine à travers les réalités sociales du monde.
WILLIAM TURNER - RÉSUMÉ DE SA VIE
Joseph Mallord William Turner est un peintre, aquarelliste et graveur britannique, né le 23 avril 1775 à Londres et mort le 19 décembre 1851 à Chelsea. Dès l'âge de douze ans, il vend ses dessins et ses aquarelles.
Ayant fait des études sommaires, il est peu érudit mais a une personnalité originale, alternativement sociable ou sauvage et se dévoile avec parcimonie. Quelques vers tirés de poèmes qu'il écrivait en secret accompagnaient parfois les toiles qu'il exposait. Mais ce n'est pas au travers des mots qu'il se révélait.
La vérité est que Turner, toute sa vie, fut véritablement obnubilé par sa passion pour la peinture, totalement possédé par son génie. Elu dès 1802 titulaire de la Royal Academy, il resta toute sa vie un travailleur acharné et, dit-on, âpre au gain.
Voyageur infatigable et curieux, Turner a peint avec un égal bonheur des milliers de paysages différents auxquels il attribuait toujours un titre précis. Initialement de la veine romantique anglaise, son œuvre est marquée par une recherche novatrice audacieuse qui fera considérer celui que l'on surnomme le « peintre de la lumière » comme un précurseur de l'impressionnisme.
Créateur d’effets de lumière et de couleur qui mettent somptueusement en scène les éléments naturels, William Turner fut le plus grand paysagiste et le plus grand aquarelliste de l’école anglaise de peinture. Tour à tour empreint de classicisme et de romantisme, son style évolua finalement vers l’abstraction.
MAGALI MARTIN
Ce n’est pas évident de se présenter, je vais essayer...
Magali MARTIN de mon vrai nom, je suis titulaire d’une maîtrise en arts plastiques depuis 1991, obtenue à Panthéon-Sorbonne avec pour enseignants Michel Journiac (body- art), Côme Mosta Heirt (sculpture, minimalisme et concept-art) et Michel Salzmann (sérigraphie). Ma pratique professionnelle a consisté pendant 10 ans à animer un atelier d’arts plastiques et de patouilles pour de tous jeunes enfants.
Pendant cette période j’ai pu participer à deux expositions sur Paris (Et la femme créa l’homme, espace Belleville) et au musée de Châteauroux ( George Sand, interprétations), mon travail ayant été représenté dans une galerie parisienne (Ars in Fine) et apprécié par le critique d’art Francis Parent.
La structure dans laquelle je travaillais ( un jardin d’éveil avec quelques principes de fonctionnement calqués sur la maison verte de Françoise Dolto) a dû fermer ses portes, au moment où j’aspirais à aller vers de nouveaux horizons graphiques...
Au même moment j’arrêtais ma pratique picturale et j’ obtenais en 2007 un bac pro infographiste.
Je suis alors partie à la recherche de clichés animaliers.
Je joue depuis tout ce temps avec les outils numériques, de la conception à l’impression...
Enfin, je suis revenue à la peinture d’une part dans des expériences associatives à Saint-Denis et Pierrefitte, et surtout en me formant dans l’atelier de ZEERAZERR, peintre contemporain
Pour résumer ma pratique actuelle, je crée des dessins numériques (digitals drawing), pour des stickers (street or/and dataism), qui sont des dessins préparatoires à ma peinture. Source Graphikmag
http://graphikmag.free.fr/wordpress/?page_id=2
https://issuu.com/graphimag/docs/wdanslateliercorrige__decapdevielle
https://web.marcelforart.com/martin_magali/collections/peinture
VINCENT LIGNEREUX
« Je perçois dans l’œuvre de Vincent Lignereux un mélange singulier et attractif d'expressionnisme, de réalisme et d'art pratiquement classique. Il y a une grande vitalité dans ce travail. J'assimile cette œuvre à une lignée traditionnelle du Réalisme expressif. Un graphisme à très forte puissance expressive caractérise les éléments que j'ai prélevés : ces compositions ont la puissance de captation des bonnes affiches, avec des intentions beaucoup plus louables, poétiques ou éthiques. Les œuvres affirment leur impact, s'imposent, se saisissent brutalement de votre attention. Il y a là, dans ce travail d'accroche, comme une synthèse ardente du propos, une simplicité efficace, une poésie élémentaire qui part à l'assaut. Comment dire? Il y a une puissance de frappe poétique."
Denys-Louis Colaux, critique d'art et romancier.
Vincent Lignereux peint et enseigne à l’Atelier du Thabor. Rencontre.
Au départ il y a du noir partout. Puis la toile prend forme au fur et à mesure, la lumière apparaît, les lignes, les volumes, les contrastes du clair-obscur dans un subtil équilibre entre les noirs, les gris et les blancs. Vincent Lignereux vient d’achever une scène de vie quotidienne à Budapest. « La peinture en noir et blanc véhicule une poésie particulière. Ça me fait penser aux vieux films des années 1950 et 1960. C’est limpide. C’est ma façon à moi de m’exprimer. Je suis en recherche de l’intemporel », confie le peintre spécialiste des scènes de la vie urbaine. « Ce sont des scènes esthétisées, poétisées. Seul le sensible m’intéresse, ce qu’on peut trouver et goûter dans l’instant présent. Quelque chose prend naissance sur la toile et je me laisse guider... »
Le travail de Vincent Lignereux n’est pas laborieux. « Quand le temps est aboli, ça semble couler de source. Ma main est inspirée progressivement. » Vincent n’utilise le pinceau qu’avec parcimonie, essentiellement le chiffon et les doigts. Il travaille à la peinture à l’huile. À l’opposé des discours désincarnés de l’art contemporain, sa peinture est charnelle, figurative mais sans excès, ouvrant la porte à la méditation et au rêve. Vincent Lignereux peint et enseigne à l’Atelier du Thabor depuis 2007. « C’est un lieu de libre expression artistique. J’apprends à mes élèves à exercer leur regard, leur originalité. » Avec une prédilection pour les nus et les paysages. Et, bien sûr, le noir et le blanc.
Jérôme Méar
Liberté « J’apprends à mes élèves à exercer leur regard, leur originalité. »
Les Rennais, nov-dec 2013
BIOGRAPHIE DE VINCENT LIGNEREUX
Né le 24 novembre 1970 à Amiens.
Diplôme National d'Arts Plastiques, Ecole des Beaux-Arts de Rennes (avec Mention et Félicitations du Jury) (Professeur de dessin Jean-Pierre Le Bozec).
Post-diplôme à l'Atelier Supérieur de Dessin, Académie royale des Beaux-Art de Bruxelles.
Professeur de Dessin de "Modèles Vivants" à Atelier du Thabor - Ateliers d'artistes de la Ville de Rennes - de 2006 à 2015.
Professeur de Peinture, cours "Peinture, Recherche, Composition" à Atelier du Thabor - Ateliers d'artistes de la Ville de Rennes - de 2006 à 2015.
Intervenant Arts Plastiques, cours "Dessin, Peinture, Couleurs" à Association Fêt'Arts, Hédé. Expose depuis 1996.
« Mon travail est un équilibre entre force et simplicité, entre justesse et sobriété. Librement inspiré par le cinéma, la bande dessinée, la photographie, mais aussi par la philosophie orientale ou même la calligraphie, ma recherche est celle d'une écriture graphique simple, réaliste et stylisée. Tout comme l'importance donnée au vide, l’épuration du signe et du tracé est un élément fondamental de mon travail. Dans l’art comme dans la vie, la simplicité qui est aussi l’efficacité est mon moteur. Tout dire avec peu, exprimer beaucoup avec presque rien, cela est pour moi l’idéal philosophique, spirituel et artistique ». Vincent LIGNEREUX
https://www.vincentlignereux.net/
JEAN-MICHEL BASQUIAT
Né à Brooklyn en 1960 dans une famille aux origines mixtes (portoricaine par sa mère et haïtienne par son père), Jean-Michel Basquiat est un enfant très précoce dans le domaine des langues et du dessin.
Après la séparation de ses parents et un déménagement, il revient à New York à l’âge de 16 ans. Il découvre le milieu de l’underground, se lie avec des graffeurs et abandonne ses études. Il prend alors le pseudonyme de SAMO© (pour « Same Old Shit ») pour taguer dans les rues de Manhattan.
Pour combler l’absence des artistes noirs dans les musées américains, l’ambition de Basquiat se double très vite d’une quête identitaire placée sous le signe de la négritude. Son goût pour le métissage culturel et sa haine du racisme nourrissent une œuvre néo- expressionniste parfois sombre et angoissée.
À la fin des années 1970, alors que Keith Haring couvre aussi les murs de graffitis, Basquiat devient une figure de l’East Village. Il travaille seul ou en collectif, fonde un groupe de rock et participe à un film indépendant. C’est à cette occasion qu’il rencontre Andy Warhol, pape consacré de la Pop culture. Basquiat commence à exposer ses œuvres et la fréquentation de Warhol lui offre une plus grande visibilité.
La carrière de Basquiat connait une irrémédiable ascension à partir de 1981. Un article lui est consacré dans Artforum sous le titre « The Radiant Child », soulignant son charisme. Il trouve l’appui de la marchande d’art Annina Nosei qui lui réserve le sous-sol de sa galerie comme espace de travail.
En 1982, il expose chez Larry Gagosian, l’un des plus importants marchands d’art contemporain. Les plus grands musées américains se l’arrachent. Mais, au quotidien, l’artiste est miné par la drogue et l’alcool. Il vit cloîtré dans un loft où il peint et regarde la télévision en boucle.
La disparition de Warhol en 1987 est une tragédie pour Basquiat. Le peintre s’isole et s’enferme dans sa toxicomanie. Un voyage à Hawaï ne suffira pas à le détourner de ses démons : le jeune artiste sera finalement retrouvé mort dans son appartement de New York, le 12 août 1988.
En 2017, une de ses œuvres pulvérise un record de vente. Elle atteint aux enchères 110,5 millions de dollars, signe que l’artiste mort depuis trente ans n’a pas fini de faire vivre le marché de l’art contemporain. Il est devenu l’un des artistes américains les plus chers de l’Histoire.
A Panel of Experts, 1982
Au début des années 1980, Basquiat, alors en couple, aurait eu une brève liaison avec la chanteuse Madonna. Un soir, les deux femmes finissent par se battre, ce qui inspira à Basquiat cette œuvre rassemblant des fragments de dessins, comme autant de cartoons. Si les altercations sont mises en scène de manière enfantine, presque naïve, la violence est bien présente ; Basquiat n’hésite pas à utiliser le motif du revolver. La couronne est quant à elle le symbole de l’artiste lui-même.
Claire Maingon, Beaux Arts 2018
PHILIPPE PASQUA
Né à Grasse le 15 juin 1965, Philippe Pasqua déménage à Paris en 1975. Il commence à peindre vers l'âge de dix-huit ans, période durant laquelle il s’installe deux ans à New York. En 1985, il se fait connaître en peignant des sortes de fétiches et des silhouettes évoquant le vaudou . Il ne réalise sa première exposition qu’en 1990.
D’après le critique d’art José Alvarez, Philippe Pasqua a une approche ludique de son travail, ce qui le conduit à être productif et à mener pour ce faire une vie d’ascète : il dort peu, ne boit pas et ne fume pas. En l’espace de trois ans, entre 1995 et 1997, il produit près d’un millier de toiles. En 2006, le collectionneur et marchand d'art Jose Mugrabi lui achète une centaine de toiles. Jose Mugrabi lui demande une certaine exclusivité sur sa production. Philippe Pasqua a aussi fait l'objet d'un intérêt de la part de l'historien de l'art Pierre Restany, qui a écrit à son propos.
De tous les arts, Philippe Pasqua prétend préférer la peinture.
Il représente la transidentité, la trisomie, la cécité... Julián Zugazagoitia, directeur du Museo del Barrio, à New York, explique ses choix ainsi : «Grâce à la peinture, Philippe Pasqua donne des lettres de noblesse à des sujets que, malheureusement, les médias traitent sans aucun sens esthétique ni, pourrions-nous ajouter, éthique. Au sensationnalisme des médias qui nous transforment en voyeurs complaisants de l’immédiat, l’œuvre de Philippe Pasqua nous ouvre sur la transcendance de la peinture et sur le questionnement même des valeurs de notre époque. »
Les multiples couches de peinture apposées sur la toile servent à refléter la violence de la matière, qu’il met en opposition avec les sujets vulnérables et fragiles, traités par séries. Il utilise principalement des tons de rouge, de brun et de gris, à rapprocher de la couleur de la chair. Il décline ses peintures dans des séries de dessins aux contours volontairement brumeux.
Il effectue des palimpsestes, des réalisations sur papier mêlant techniques sérigraphiques, impressions, peinture, pastel ou encore encre de Chine. Le peintre revient sur ses propres travaux en y ajoutant de nouvelles couleurs ou en les redessinant. À la fin des années 1990, il collabore avec Jean-Luc Moulène : il repeint sur les photographies de ce dernier, notamment ses clichés de la cathédrale Notre-Dame de Paris .
Philippe Pasqua débute la sculpture en 1990 avec des séries de «Vanités», pouvant mesurer jusqu'à trois mètres de hauteur, mais qui, photographiées, constituent de son avis des œuvres à part entière ; les matériaux utilisés peuvent aussi bien être du bronze, de l’onyx, de l’argent massif, du marbre de Carrare que des crânes humains recouverts de feuilles d’or ou d’argent, de pigments ou bien gainés de cuir ensuite tatoué . Au cours des années 2000, et plus encore durant les années 2010, la sculpture gagne en importance dans l’œuvre de Philippe Pasqua : il réalise notamment des oliviers en bronze, des singes à tête de clown mis en scène et évoquant la Cène de Leonard de Vinci , des T-Rex et une Ferrari gainée de peau tatouée, qu’il colle verticalement sur un mur. En 2017, il investit le Musée océanographique de Monaco, pour sensibiliser le public à la protection des océans, exposant pour l'occasion des sculptures d'animaux marins de plusieurs mètres de haut, succédant ainsi à l'artiste britannique Damien Hirst, avec lequel il a auparavant exposé. L'année suivante, il expose au domaine de Chamarande, dans le parc et l'intérieur du château. (Wikipédia)
AKA ZEERAZERR
« Il a peut-être la tête de quelqu’un de connu, mais lui est né il y a trois ans », assure Aka Zeerazerr en parlant de lui-même, avec un certain amusement. Noyé entre ses 14 toiles qu’il s’apprête à accrocher, afin de les montrer au public pour la première fois de son existence, Aka Zeerazerr navigue entre plusieurs identités sans perdre de vue celle qu’il s’est tout récemment inventé : oui, il a éclos en tant que peintre en 2016, un autre 6 décembre, même s’il a connu avant cette date « 37 ans de carrière » dans un tout autre registre : la musique. Une simple « parenthèse », selon lui, durant laquelle il n’a produit que « trois grands tableaux ». Or, la peinture a toujours constitué son « désir premier ». C’est pourquoi il s’y remet aujourd’hui, définitivement.
« Je peignais déjà à l’âge de 5 ans », se souvient l’ancien rockeur français. « À cette époque, je filais régulièrement deux étages au-dessus de l’appartement de mes parents pour me réfugier dans l’atelier de Berthe Ménard, une peintre qui était comme ma grand-mère d’adoption. J’adorais l’odeur de térébenthine qu’il y avait chez elle. » Quelques étages plus bas, il y avait un piano chez d’autres voisins. « On a essayé de m’installer derrière, sans succès. L’odeur n’était pas la même », souligne Aka Zeerazerr.
« J’avais décidé de ne pas exposer avant 2020. Thierry (Crusem, président de la galerie associative) et ses partenaires, qui sont des gens très agréables, ont su me convaincre de le faire ici et maintenant », conte l’ancien auteur-compositeur-interprète. L’équipe artistique l’a contacté à sa manière simple et chaleureuse, tout simplement sur les réseaux sociaux : « On lui a écrit avec beaucoup d’enthousiasme et sans chichi, comme on a l’habitude d’aborder tous les artistes. Et c’est ce naturel qu’ils apprécient chez nous, généralement », rembobinent Sandrine et Maxime, les deux salariés de la galerie.
Ce côté détendu a d’autant plu à Aka Zeerazerr qu’il souhaitait opérer son entrée dans le milieu de la peinture « sans grand bruit de tambour » autour de sa « première incarnation » médiatiquement connue : pas de place pour le chanteur, là où surgissent les seules créations d’un peintre. « Je pense qu’au sein d’une même enveloppe corporelle, il peut exister plusieurs entités, apparaissant à différents moments de la vie », soutient aussi malicieusement que sérieusement Aka Zeerazerr. « J’ai décidé d’embrasser un autre métier, et c’est sans retour. Je le fais à Forbach, parce que l’accueil y a été à la fois crédible et chaleureux. Même si je ne connais pas cette ville. »
« À l’image de nombreux artistes, j’ai beaucoup d’idées. Je les couche toutes sur la toile, et cela aboutit à une catastrophe. Si style il y a, il vient de la correction », note Aka Zeerazerr. Qui a cravaché, avant d’arriver à un résultat satisfaisant : « Mon premier acte pictural, c’était du pariétal, sur de la toile de jute où j’élaborais des scènes transgressives évoquant la torture, la résurrection ou le tueur en série Ted Bundy. »
Pas pour rien si son premier album musical s’intitulait Les Enfants des ténèbres et les Anges de la rue. Mais les outils numériques ont offert un cadre à sa créativité : « Tout part de petits formats d’images, que je détruis et saucissonne avec des logiciels informatiques et l’intelligence artificielle. Lorsque je crois atteindre un équilibre, j’imprime le résultat en grand format et le colle sur une toile, où je peins à nouveau. »
Serge Marrel, venu épauler Aka Zeerazerr pour son accrochage, a suivi cette (re)naissance de près : « Il est venu poser ses affaires dans notre atelier un jour, sans qu’on sache s’il allait réellement revenir. Enterrer la musique lui a pris plusieurs mois, mais une fois qu’il s’est installé, il a mis dans sa peinture une énergie terrible », se souvient le sculpteur, président de l’association Ateliers 96 à Rueil-Malmaison où s’est niché Aka Zeerazerr. « J’ai vu les toiles de Jean-Pat’ passer du pigment consciemment jeté sans vergogne à une broderie aussi précieuse que soignée. » Est-ce un hasard si, trois ans auparavant, Jean-Patrick Capdevielle faisait ses adieux à la scène un 6 décembre ? Impossible à dire, mais la tête d’Aka Zeerazerr ressemble furieusement à la sienne. (La semaine)
https://www.lasemaine.fr/aka-zeerazerr-complainte-peintre/
MICHELANGELO MERISI DA CARAVAGGIO
Michelangelo naît à Milan le 29 septembre 1571. Ses parents qui se sont mariés en janvier de la même année sont Fermo Merisi et Lucia Aratori, originaires de Caravaggio, une petite ville de la région de Bergame. Son père est contremaître, maçon et architecte et son grand-père maternel intendant du marquis de Caravaggio.
En 1577, à cause de la peste, la famille Merisi quitte Milan pour Caravaggio, pour fuir l'épidémie qui tue cependant le père et le grand-père du peintre. En 1584, la veuve et ses quatre enfants retournent vivre dans la capitale lombarde où Michelangelo, âgé de treize ans intègre l'atelier de Simone Peterzano, peintre célèbre, maniériste tardif de l'école vénitienne. L'apprentissage du jeune peintre dure près de quatre années auprès de son maître, au contact des écoles lombardes et vénitiennes. Il y étudie les théories picturales de son temps, le dessin, les techniques de la peinture à l'huile, de la fresque et du portrait. Sa mère meurt quelques années plus tard, en 1589. Les années d'apprentissage du Caravage, en particulier les années entre la signature de son contrat avec Peterzano, en 1588 et l'année de son déménagement à Rome en 1592 restent un peu floues. Il quitte l'atelier de Simone Peterzano en 1588 et retourne à Caravaggio en 1589 jusqu'au partage de l'héritage familial en 1592, puis il part pour Rome pour y faire carrière comme beaucoup d'artistes alors.
Les premières années dans la grande cité sont chaotiques et mal connues. Il vit d'abord dans le dénuement, hébergé par un ami de la famille, puis chez Mgr Pandolfo Pucci, pour qui il peint des images de dévotion puis ses trois premiers tableaux destinés à la vente.
Caravage entame des relations plus ou moins solides avec divers peintres locaux, d'abord à l'atelier du peintre sicilien Lorenzo Carli. Caravage s'installe ensuite près de la piazza del Popolo et rencontre le peintre Prospero Orsi, l'architecte Onorio Longhi et le peintre sicilien Mario Minniti qui deviendront des amis et qui l'accompagneront dans sa réussite. Il fait également la connaissance de Fillide Melandroni, qui deviendra une célèbre courtisane à Rome et lui servira de modèle à maintes reprises.
En juin 1593, il entre dans l'atelier d'Antiveduto Grammatica, près de l'église San Giacomo in Augusta où il continue à peindre des copies pour les amateurs peu fortunés (trois par jour). Élève auprès du Cavalier d’Arpin, peintre et décorateur maniériste, il exécute des natures mortes. Admirateur de Raphaël, Caravage se met en quête d’un retour radical au réalisme. Dès ses débuts, reconnu comme un « artiste révolutionnaire » il attache autant d’importance à des sujets profanes que religieux, qu’il traite d’une manière similaire : avec crudité, mais aussi une grande théâtralité. Sa vie turbulente, dissolue, souvent empreinte de scandales dus à son caractère violent lui font fréquenter les tavernes et les bas-fonds des rues la nuit. Beaucoup de ses œuvres s'inspirent d'ailleurs de ces gens du peuple qu'il côtoie. Les personnages qu'il peint dans ses scènes religieuses, mythologiques ou profanes, sont traitées sur le plan pictural avec le même réalisme.
À la suite d'une maladie il est hospitalisé à l’hôpital de la Consolation, ce qui met fin à sa collaboration avec Cesari (Cavalier d’Arpin). Durant cette période il est probablement employé comme sculpteur de natures mortes et comme décorateur d’œuvres plus complexes mais il n'existe aucun témoignage fiable. Pendant cette période le peintre Federigo Zuccaro, protégé du cardinal Frédéric Borromée, transforme la confrérie des peintres en une académie en 1593. Ceci a pour but d'élever le niveau social des peintres en invoquant la valeur intellectuelle de leur travail. Caravage apparaît sur une liste des premiers participants.
Pour survivre, Caravage contacte des marchands afin de vendre ses tableaux. Il fait ainsi la connaissance de Constantino Spata dans sa boutique près de l'église Saint- Louis-des-Français. Celui-ci le met en relation avec son ami Prospero Orsi qui participe avec Caravage aux premières rencontres de l'académie de Saint-Luc à Rome et devient son ami. Il l'aide à trouver un logement indépendant et lui fait rencontrer ses connaissances bien placées.
Grâce aux commissions et aux conseils de l'influent prélat, Caravage change donc son style, abandonnant les toiles de petits formats et les portraits individuels et commence une période de réalisations d’œuvres complexes avec des groupes de plusieurs personnages profondément impliqués dans une action, souvent à mi- corps mais aussi, parfois, en pied. En quelques années, sa réputation grandit de manière phénoménale. Caravage devient un modèle pour une génération entière de peintres qui vont s'inspirer de son style et de ses thèmes.
Le style novateur de Caravage attire l'attention par sa manière de traiter les thèmes religieux et par extension ceux de la peinture d'histoire en s'aidant de modèles vivants. Dans cette rupture, toute relative, avec les idéaux classiques de la Renaissance, et avec des références érudites prodiguées sans restriction par le cardinal Del Monte et son cercle, il humanise ainsi le divin et le rapproche du commun des croyants. Le Caravage travaillait dans l'obscurité et s'éclairait de multiples chandelles qu'il disposait du même côté créant ainsi un « clair-obscur ». Cette technique de l'émergence qui visait une narration lui permettait d'associer une action et des personnages mis en scène. Il ne réalisait aucun dessin préparatoire. C'est directement sur la toile qu'il déposait ses couleurs rompant ainsi avec la dichotomie dessin et couleur. Il peint principalement des tableaux de chevalet de petit format pour des demandes privées. Ses plus grandes toiles étaient plutôt destinées aux églises.
C'est ces jeux d'ombres et de lumières, ces paysages ou ces décors à peine visibles ou à peine esquissés par cet artiste novateur qui influenceront après sa mort beaucoup de grands peintres, en Italie d'abord puis dans toute l'Europe. Beaucoup ne retiendront que la technique du clair-obscur aux dépens de la modernité de son art : le choix de ses cadrages, ses mises en scènes dramatiques, le réalisme et la simplicité des ses formes... On parlera du Caravagisme.
Entre 1601 et 1606, il exécute la Mort de la Vierge pour l’autel d’une chapelle de l’église Sainte-Marie du Trastevere (Rome), dont le réalisme, suscite un scandale – le tableau sera d’ailleurs remplacé. Pour autant, le peintre artiste devient célèbre. Soutenu par de prestigieux mécènes comme le cardinal Francesco Maria Del Monte ou le marquis Vincenzo Giustiniani, il reçoit d’importantes commandes – sa Mise au tombeau exécutée pour l’église Santa Maria della Vallicella remporte un succès phénoménal –, tandis que collectionneurs privés et pinacothèques s’arrachent ses œuvres à la vérité troublante, conçues pour toucher directement au cœur le spectateur, dans l’esprit de la réforme du Concile de Trente.
Si Caravage est peintre d’église, il n’en mène pas moins une vie de débauche dans les bas-fonds de Rome. Imprévisible, sanguin, il joue aussi bien du pinceau que des poings et de l’épée, ce qui lui vaudra d’être emprisonné à plusieurs reprises. Pendant ses années romaines ce peintre qui se sait artiste d'exception voit son caractère évoluer, dans un milieu où le port de l'épée est signe d'ancienne noblesse et alors qu'il fait partie de cette noble maisonnée du cardinal Del Monte, le succès lui monte à la tête. Les années qu'il passe à Rome sous la protection du cardinal ne sont toutefois pas exemptes de difficultés. Comme un grand nombre de ses contemporains, les affaires d'honneur se réglant souvent au début du XVIIe siècle par un duel. Mais le plus grave se produit le 28 mai 1606. C'est au cours des fêtes de rue, la veille de l'anniversaire de l'élection du pape Paul V. Ces fêtes sont l'occasion de nombreuses bagarres dans la ville. Dans l'une d'entre elles quatre hommes armés s'affrontent, Caravage a pour partenaire Onorio Longhi, il tue en duel Ranuccio Tomassoni, le « chef de la milice » qui, en vérité, semait la terreur dans son quartier. Cet acte lui vaut une condamnation à mort, et il est obligé de fuir Rome. Il se rend d'abord à Naples, une terre espagnole, où la famille Colonna l'héberge, dans la région du mont Albain. Il continue de peindre des tableaux qui lui rapportent de belles sommes d'argent. Sa fuite vaut au Caravage une condamnation à mort par contumace. Lors de son retour dans cette ville, il est agressé devant une auberge et échappe de peu à la mort.
En juillet 1607, il quitte Naples, où il avait séjourné quelques mois, et s'installe à Malte, souhaitant être adoubé au sein de l'ordre des Chevaliers de Malte. Il était courant d'être nommé chevalier après d'importantes commandes pour le pape. En juillet 1608, il est fait Chevalier de grâce de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Mais sa consécration ne dure pas : dans la nuit du 19 août 1608, il s'était mêlé à un groupe qui avait tenté de pénétrer de force dans la maison de l'organiste de la cathédrale. Jeté en prison, il s'en échappe par une corde et quitte Malte. Il est en conséquence radié de l'ordre. Il s'emploie, avec l'appui de ses protecteurs et en peignant ces tableaux toujours inspirés par ses commanditaires profondément religieux et d'une sincère humanité, à obtenir la grâce du pape et pouvoir rentrer à Rome.
En 1610, il apprend que le pape est enfin disposé à lui accorder sa grâce. Voulant brusquer le destin et muni d'un sauf-conduit du cardinal Gonzaga, il s'embarque alors pour se rapprocher de Rome, sur une felouque qui fait la liaison avec Porto Ercole, frazione de Monte Argentario, une enclave espagnole, emportant avec lui trois tableaux dont la Méduse, un tableau qu'il tenait à restaurer. Mais, lors de l'escale à Palo, descendu à terre, il est arrêté par erreur ou malveillance et jeté en prison pendant deux jours. Relâché, il ne trouva plus son bateau, qui ne l'a pas attendu, avec ses tableaux à bord. Désespéré, il rejoint à pied Porto Ercole à cent kilomètres. La légende dit que, dépité, perdu et fiévreux, il marcha sur la plage en plein soleil où il finit par mourir quelques jours plus tard, le 18 juillet 1610, à l'âge de 38 ans. Il n'aura pas su que le pape Paul V, cédant à ses amis et protecteurs, avait finalement apposé son sceau sur l'acte de grâce. La légende dit qu'il finit « aussi misérable qu'il avait vécu » et que personne ne songea à demander sa dépouille, ni ne lui fit élever un catafalque, comme cela se pratiquait pour les artistes.
MATISSE
Unanimement considéré comme l'un des plus grands artistes du XXe siècle, Henri Matisse échappe à toute classification. Il est, comme Braque et Derain, l'un des promoteurs du fauvisme, mais, à partir de cette révolte de la couleur, son art est une réflexion sur la ligne, sur l'équilibre, sur la synthèse des formes. En 1953, à l'occasion du Salon d'automne où il est exposé, le peintre accorde une interview audio dans laquelle il évoque sa conception du travail de peintre. A l'époque, un an avant sa mort, il dévoile ce qui, à ses yeux, est la qualité essentielle d'un artiste qui veut durer : "Le travail assidu, sans lequel rien n'est possible, même pour un homme très doué ".
Henri Matisse : Peintre, dessinateur et sculpteur français, né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice.
Il passe son enfance à Bohain-en-Vermandois avant de commencer sa vie professionnelle comme clerc de Maître du Conseil à Saint-Quentin. À vingt ans, à la suite d'une crise d'appendicite, il est contraint de rester alité pendant de longues semaines. Pour occuper ses journées, sa mère, aquarelliste amateur, lui a offert une boîte de peinture et, guidé par la lecture d'un traité de Frédéric Goupil, le jeune homme s'amuse à copier des chromos. Comme Matisse le raconte lui même dans ses Mémoires : “À partir du moment où j’avais cette boîte de couleurs dans les mains, j’ai senti que c’était là qu’était ma vie.”
Son premier tableau Nature morte avec des livres (musée Matisse, Nice), est daté de juin 1890. Matisse a trouvé sa vocation et, délaissant le droit, s'inscrit à l'académie Julian pour préparer l'examen d'entrée à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Dispensé de celui- ci, grâce à l'intervention de Gustave Moreau, dans l'atelier duquel il travaille à partir de 1892, il gardera toujours une profonde reconnaissance à ce maître, dont l'enseignement éveille les talents sans les contraindre.
Ces années d'études montrent de sages recherches : copies au Louvre (Fragonard, Delacroix, Chardin surtout), paysages exécutés en plein air en compagnie de Marquet et tableaux d'atelier acceptés au Salon de la Société nationale des beaux-arts, où l'État achète en 1896 la Liseuse pour le château de Rambouillet (aujourd'hui musée d'Art moderne, Troyes). Mais, à partir de cette date, la révélation de l'impressionnisme (rencontre à Belle-Île d'un artiste ami de Claude Monet), John Russell [1858-1931] ; découverte du legs Caillebotte au musée du Luxembourg en 1897) et l'émerveillement de la lumière méridionale (séjour en Corse, puis à Toulouse, d'où est originaire sa jeune épouse, Noémie Parayre) orientent l'art de Matisse vers de nouveaux intérêts. Celui-ci quitte les Beaux-Arts après que le très académique Fernand Cormon eut remplacé Moreau et fréquente l'académie Carrière, où il se lie avec Derain, qui lui présentera Vlaminck.
Avant d'être vraiment lui-même, il a cependant encore une étape à franchir. Depuis 1901, il expose au Salon des indépendants, présidé par Paul Signac, dont il a médité le texte paru en 1899 dans la Revue blanche et consacré au néo-impressionnisme. Retrouvant cet artiste, accompagné d'Henri Edmond Cross (1856-1910), à Saint-Tropez en 1904, il expérimente le pointillisme. L'œuvre majeure de cette période, Luxe, calme et volupté (collection privée), est exposée au Salon des indépendants de 1905, où se tiennent des rétrospectives Seurat et Van Gogh. La révélation du génie transcendant un système chez l'un et niant toute contrainte chez l'autre est complétée au cours de l'été par celle des Gauguin de Tahiti appartenant à Daniel de Monfreid (1856-1929), auquel Matisse et Derain rendent visite pendant leurs vacances à Collioure.
Assimilant toutes ces influences, le peintre s'éloigne du divisionnisme : la touche s'élargit, les tons s'intensifient, la ligne s'assouplit. Cependant, les outrances élémentaires du fauvisme n'ont qu'un temps pour Matisse ; ses épousailles avec la couleur s'accompagnent bientôt d'une volonté essentielle d'organisation des tons dans l'espace. « Je cherche des forces, un équilibre de forces », note-t-il à propos de la Desserte rouge (1908, musée de l'Ermitage Saint-Pétersbourg), où se trouvent réunis tous les sortilèges de l'arabesque, qui sera l'une des clefs de son art.
Les voyages (Allemagne, Italie, Maroc, Russie, États-Unis, etc.) apportent à Matisse un enrichissement visuel toujours renouvelé. À partir de 1917, Matisse passe l'hiver à Nice, se préoccupant quelque temps de recherches plus abstraites sur l'espace et la musicalité : la Leçon de piano (1916 ou 1917, musée d'Art moderne, de New York) semble ainsi éterniser le tempo d'un « moderato cantabile ». Après la guerre, son style montre une détente, un retour aux délices ornementales auxquels ses conversations avec Renoir en 1918 ne sont pas étrangères. La Légion d'honneur en 1925, le prix Carnegie en 1927 consacrent le succès du peintre. Celui-ci revient à plus de rigueur par l'intermédiaire des découpages coloriés, qui lui servent à la préparation des grands panneaux de la Danse (1931-1933) commandés par le Dr Barnes. Un incessant souci de l'interpénétration sans modelé des figures dans l'espace, du jeu sans épaisseur des couleurs et du contour aboutit aux différentes versions de la Robe rayée et de la Blouse roumaine.
Malgré la guerre, la vieillesse, la maladie, le sens de l'invention plastique demeure intact chez Matisse, s'inspire des courbes d'un fauteuil rocaille, renoue dans les grands Intérieurs de 1946-1948 avec les paroxysmes colorés du fauvisme, cherche la symbiose de tous les arts dans l'ensemble décoratif de la chapelle du Rosaire des Dominicaines à Vence (1951). C'est toutefois à travers les grandes gouaches découpées follement évocatrices de la danse ou du repos, de la femme, de l'arbre ou de la fleur que Matisse atteint à la fin de sa vie « encore plus d'abstraction, encore plus d'unité ».
Tout au long de sa carrière, les mêmes thèmes s'imposent : fenêtres ouvertes, femmes indolentes, univers de paresse totalement antithétique de son créateur et, avant tout, prétexte à la prospection du champ artistique. « Le travail guérit de tout » disait Matisse. L'œuvre du peintre, d'une apparente simplicité, « ce fruit de lumière éclatante » aimé d'Apollinaire, naît d'un labeur acharné, qui toujours cherche à témoigner de l'indicible sensation dont l'un de ses derniers tableaux porte le titre : le Silence habité des maisons.
Certains peintres transforment le soleil en un point jaune ;
d’autres transforment un point jaune en soleil..
Citation de Pablo Picasso (1881 – 1973)
PABLO PICASSO
Peintre, sculpteur, dessinateur et céramiste espagnol d’une longévité créatrice exceptionnelle, Pablo Picasso (1881-1973) arrive à Paris dès 1901 et s’engage dans sa célèbre période bleue (1901- 1904). La période bleue de Picasso est une phase de dépression pour l’artiste. Il ne peint durant ce temps qu’avec une palette de couleurs froides, exploitant des thèmes tristes comme la misère humaine et la pauvreté. Lors de l’année 1906, alors que Picasso est en pleine période rose (1904-1906), Il rencontre dans la capitale parmi tant d’autres : Max Jacob, Guillaume Apollinaire, Henri Matisse ou encore Braque avec lequel il invente le Cubisme.
Picasso connaît une période où il peint des toiles aux teintes chaudes, roses et orangées, des personnages et des thèmes heureux et ludiques. Cette période, nommée la période rose, est également caractérisée par les saltimbanques et acrobates, thème récurrent de Picasso à l’époque.
A Partir de 1910, il séjourne régulièrement en Provence avec Derain et Braque, retournant toutefois sur la capitale notamment pendant la Première Guerre Mondiale.
Bien que les deux hommes ne se connaissent pas, Picasso et Toulouse Lautrec peignent le même Paris des années 1900 et partagent une passion pour l'effervescence des lieux animés de la capitale, pour les portraits caricaturaux ou encore pour le monde du cirque.
En 1925, il participe à la première exposition surréaliste à la galerie Pierre à Paris. Il n’adhère pas pour autant au mouvement. En 1936, il s’engage aux côtés des républicains espagnols contre Franco.
Pendant la seconde guerre mondiale, il retourne travailler à Paris en dépit de sa qualification d’ « artiste dégénéré » par le régime nazi. C’est seulement après la Libération qu’il adhère au parti communiste et retourne vivre dans le sud de la France.
Il entretien des relations avec bon nombre d'artistes, dont Jean Cocteau avec lequel il échange un nombre considérable de lettres. A partir de 1958, il fait du Château de Vauvenargues l'une de ses résidences privées. Il s’éteint le 8 avril 1973 près de Mougins.
"Moi je remue trop, je déplace trop. Tu me vois ici et pourtant j'ai déjà changé, je suis déjà ailleurs. Je ne suis jamais en place et c'est pourquoi je n'ai pas de style." C'est ainsi que se définissait Pablo Picasso, qui refusait les étiquettes. Il est considéré comme l’un des pères fondateurs du cubisme, un mouvement artistique consistant à représenter un objet ou une personne sous plusieurs point de vue en même temps.
Au fil de sa carrière qui aura duré plus de huit décennies, jusqu’à sa mort à l’âge de 91 ans, Picasso a produit près de 50 000 oeuvres, chacune étant liée intrinsèquement à sa vie personnelle. 1 885 tableaux, 2 880 céramiques, 7 089 dessins, 342 tapisseries, 150 carnets de croquis et 30 000 estampes comprenant des gravures et des lithographies. Une liste tout simplement monumentale.
Il décide alors de voyager et d'aller à Vienne, qui jouit alors d'une grande renommée artistique, tant en matière de musique avec Mahler et Schoenberg, d'architecture avec Otto Wagner, qu'en peinture avec Gustav Klimt ou qu'en littérature et en sciences humaines avec Karl Krauss et un certain Sigmund Freud. Il s'y inscrit à des cours de peinture, tout en complétant son éducation en autodidacte, par des lectures d'ouvrages de philosophie, et d'occultisme . Cette période l'amène à dessiner et à peindre des portraits, ou des scènes plus ou moins allégoriques qui lui attirent une certaine réputation et quelques rares commandes. Il décide néanmoins, de poursuivre ses voyages : il va en Scandinavie, puis vient en France où il arrive en 1896. Il s'installe à Paris dans le quartier de Montmartre où l'un de ses compatriotes Alfons Mucha réside déjà, lequel parvient à vivre en réalisant des affiches pour les pièces Sarah Bernhardt.
C'est ainsi qu'il réalise des affiches pour des cabarets comme Le Chat Noir ou L'Ane Rouge, et qu'il travaille pour Aristide Bruant tout en réalisant des œuvres d'après nature pour des proches. C'est à cette époque, qu'il peint ainsi "Nu allongé" en 1898, le portrait de son amie Gabrielle, dans un genre élégant, frais et familier, mais qu'il réalise aussi des toiles telles que "Danse Macabre" ou "L'Argent" en 1899 dans un genre fantastique emprunt d'humour noir et de satire sociale.
"La Vague" et "Visage de dormeuse" qu'il exécute en 1902, et "Femme devant un Miroir" en 1903, expriment aussi chez Kupka des tendances à la fois symbolistes et sensualistes.
Apparaissent chez Kupka les premières structures verticales et géométriques, sans perspectives, que l'on trouve un peu plus tard chez Delaunay, chez Léger mais aussi chez les futuristes italiens . "Plans par couleurs" ou "Les Touches de Piano" ou encore "Mme Kupka parmi les verticales " en 1910 auxquelles succédera "Ordonnance sur verticales" fin 1911 constituent des œuvres essentielles dans le parcours du peintre.
Kupka reste toujours attaché à l'astronomie, et à ses découvertes qu'il traduit dans des toiles telles que "Lignes Animées" en 1921 ou "Espaces Animés" en 1922 pleines de formes tourbillonnaires et visionnaires.
La guerre 39-45 et la maladie contraignent Kupka à arrêter son activité, et à se réfugier à Beaugency.
Après guerre, son œuvre trouve une certaine reconnaissance officielle. Il est invité à Prague pour son 75ème anniversaire et le gouvernement tchèque lui achète une vingtaine de toiles importantes. De retour à Paris, il reprend ses travaux : "Plans Mobiles" en 1950 , "Autre Construction " en 1953 ou "Deux Bleus" en 1956, concrétisent les toiles les plus marquantes de ses dernières recherches, tandis que le Musée d'Art Moderne à New York lui achète plusieurs de ses toiles et reconnaît ainsi en lui un peintre majeur et aussi important que Kandinsky ou Mondrian.
Par Christine Lecerf
Réalisation : Jean-Claude Loiseau
Textes lus par Laurent MANZONI
Archives INA : René Huyghe, André Masson, Jean Renoir, Paul Roubaud
Alain Paire, libraire galeriste à Aix-en-Provence Lia Lapithi, artiste plasticienne
son amitié avec Zola après la parution en 1886 de son roman l’Oeuvre. Bien que s’étant marié en 1886 avec Hortense Fiquet, avec qui il a eu unfils en1872, il vit essentiellement en solitaire, l’héritage
laissé par son père le mettant à l’abri du besoin. L’artiste se consacre alors à son art et peint entre 1880 et 1890 plusieurs centaines de tableaux, dont plus de 80 représentations de la Montagne Sainte-Victoire, parmi lesquelles le tableau Château Noir (1904). Il s’éloigne de la technique impressionniste par sa recherche de synthèse des formes. Il essaie d’en capter l’essence et laisse apparaître leur trame géométrique. De plus, il sculpte sa matière picturale en posant sur sa toile des touches de peinture dont le relief et la direction sont puissamment évocateurs du volume du sujet représenté.
toile Les Joueurs de cartes. Cézanne, bien que peu populaire auprès du public, voit cette rétrospective rencontrer un grand succès parmi les acteurs du milieu : artistes et critiques. Dès lors, de nombreux salons exposent les tableaux du peintre et sa réputation ne cesse de s'accroître. Cézanne devient alors une source d'inspiration pour les jeunes artistes, dont plusieurs se rendent à Aix-en- Provence pour le voir travailler. Cézanne décède à 67 ans le 22 octobre 1906 à son domicile, des suites d'une pneumonie, après avoir enfin accédé à la reconnaissance publique.
Si Cézanne, en son temps, craque pour l'Italie, la Botte le lui rendra bien. Dans les premières décennies du XXe siècle, sa peinture trouve un écho chez les artistes du Novecento, mouvement à l'encontre des avant-gardes et du futurisme, qui recherche l'harmonie dans la composition. Boccioni, Morandi, Pirandello ou encore Sironi en sont les protagonistes phares. Ils coupent les ponts avec les tableaux religieux ou mythologiques des anciens pour adopter le dépouillement des thèmes chers au Provençal: paysages, figures, natures mortes.
Nous voilà saisis face au portrait que Marco Sironi réalise de son frère Ettore, qui adopte une posture proche de celle de L'Homme assis de Cézanne. Ici, l'Italien exprime la mélancolie, rehaussée d'une "certaine idée de l'absence" chez son pendant français. Des similitudes, donc, mais autant de différences, dans ce parcours d'une soixantaine d'oeuvres (dont l'iconique Montagne Sainte-Victoire), prêtées par plus de 40 fonds internationaux, grâce auquel on regarde d'un oeil nouveau le génie d'Aix- en-Provence.
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