DANSE

La Villette vous emmène en Grèce le temps d’un spectacle renversant 

Après Avignon, la Grande Halle de la Villette accueille les 13 et 14 décembre, un rituel inspiré de pratiques ancestrales grecques et réactualisé par le duo de danseurs belges formé par Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero.Un événement immanquable. 

Dans la région montagneuse et reculée de l’Epire, en Grèce, la perte est un sentiment qui se chante et se transcende – paradoxalement – par la fête. Le deuil, l’exil ou la séparation y sont célébrés par de rituelles lamentations, les miroloï, sublimations ancestrales d’un sentiment universel : l’absence. En 2017, et pendant plusieurs années, Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero ont parcouru la Grèce pour s’imprégner des cultures et chants traditionnels qui font la richesse du pays, afin d’en proposer une traduction chorégraphique contemporaine. En 2013, le duo d’artistes flamands avait déjà conquis le public avec Badke, un spectacle inspiré de la “dabke”, une danse traditionnelle palestinienne, populaire et festive, souvent pratiquée lors des mariages. Si, pour Lamenta, le tandem s’intéresse à une danse évoquant la tristesse, le spectacle n’en est pas moins une nouvelle démonstration d’énergie pure, se déployant progressivement à travers une transe collective, qui épuise la douleur pour la dépasser. 

Sur scène, seuls les corps des danseurs habitent et habillent l’espace orchestré par Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero. Rencontrés en Grèce au fil de leurs pérégrinations, les différents interprètes sont issus de plusieurs régions et générations ; réunis sur le plateau, ils recréent une petite communauté d’âmes et de corps, pleinement investis dans le rite modernisé qu’ils pratiquent. Ensemble, ils réinventent les gestes et pas emblématiques des miroloï, comme autant de variations d’une partition millénaire, dans un souci de réactualisation de cet héritage culturel et spirituel. 

La musique qui les accompagne, préenregistrée à Athènes en amont du spectacle, opère ce même mouvement de bascule entre un passé immémorial et un présent bien ancré dans le réel. Interprétée par 15 musiciens traditionnels ou modernes grecs et français, la bande-son glisse subtilement d’une interprétation de musique traditionnelle et instrumentale (violon, luth, clarinette...) vers sa modernisation, à travers des sons amplifiés, entre jazz et post-rock. La musique comme la chorégraphie s’appuient sur un enchaînement de boucles, de rondes et autres ritournelles, qui emportent le spectateur vers un ailleurs intime et lointain. 

Saluée par la presse – et le public – au Festival d’Avignon cet été, la pièce est à découvrir au mois de décembre à la Grande Halle de la Villette, pour deux dates exceptionnelles. Alors que les rites traditionnels tendent à disparaître en Europe – et en Grèce –, le spectacle est une manière de rappeler que nos émotions peuvent encore s’exprimer à travers des processus engageant aussi bien le corps que l’esprit. Cathartique et réjouissant, Lamenta est un heureux voyage aux confins de la peine et de l’allégresse, auquel il est plus que recommandé de se joindre. (Time Out)

Lamenta, de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero, le lundi 13 et mardi 14 décembre 2021, à 20h.
À
La Grande Halle de la Villette, 211 avenue Jean Jaurès, Paris 19e (de 10 à 26 €) 

ELEONORA ABBAGNATO


Après trois reports dus à une grève historique et à la pandémie de Covid-19, la danseuse étoile Eleonora Abbagnato a fait ses adieux le vendredi 11 juin 2021 au soir à l'Opéra de Paris, initialement prévus... en 2019. 

"Je pense que c'était ma dernière chance comme m'a dit Aurélie (Dupont, directrice de la danse à l'Opéra)", plaisante l'Italienne de 42 ans dans une loge après une répétition du Jeune Homme et la Mort de Roland Petit au Palais Garnier. "Je ne suis jamais partie, on dirait... je retrouve cette énergie incroyable du Palais Garnier, c'est une des plus belles scènes", ajoute cette danseuse blonde et élancée qui depuis 2015 assume la double casquette d'étoile et de directrice du Ballet de Rome. 

Rendre hommage à son mentor 

C'est avec une soirée en hommage au grand chorégraphe français qu'Eleonora Abbagnato a officiellement dit au revoir à la prestigieuse maison tricentenaire où elle danse depuis 25 ans. Des adieux qui auraient dû avoir lieu le 23 décembre 2019 mais qui ont été annulés en raison d'une grève historique des artistes et employés de l'Opéra contre la réforme des régimes spéciaux défendue alors par le gouvernement. La pandémie a provoqué deux autres reports. 

Mais "les choses sont bien faites", constate la danseuse qui considère l'hommage à Roland Petit comme un "cadeau", et pour cause : c'est bien lui qui "m'a découverte à l'âge de 11 ans dans une petite école privée de Sicile. Pour moi, c'était le grand chorégraphe de la danse française qui m'a emmenée à l'Opéra de Paris", dit-elle. Elle danse dans deux de ses ballets, Le Rendez-Vous et Le Jeune Homme et la Mort, créé sur un livret de Cocteau et qui met en danse un jeune peintre poussé au suicide par son amante, un ballet qu'elle a beaucoup dansé dès l'âge de 19 ans. 

Directrice du ballet de Rome 

Les adieux sont une tradition à l'Opéra où les étoiles, à la retraite à l'âge de 42 ans, sont ovationnées sous une pluie de confettis et de paillettes. Mais Eleonora Abbagnato, mariée à l'ex-footballeur Federico Balzaretti, avec qui elle a eu deux enfants, et invitée régulière des plateaux de télé italiens, a depuis longtemps préparé son monde d'après. Ayant voulu "sauver la danse en Italie", où deux compagnies à Florence et à Vérone avaient fermé leurs portes, elle prend en 2015 les rênes du Ballet de Rome, avec l'accord du directeur de la danse de l'Opéra à l'époque, Benjamin Millepied. 

La compagnie gagne en visibilité sous son mandat avec l'invitation de grands chorégraphes et une collaboration avec Dior, même si elle essuie brièvement en août 2019 une brève crise avec un syndicat de danseurs pour "attitude irrespectueuse". 

"Petit rat de l'Opéra" venu d'ailleurs 

Son parcours, depuis sa naissance au sein d'une famille plus intéressée par le foot que par la danse, ressemble à un conte de fées : tombée amoureuse du ballet car sa mère la gardait les après- midi dans une école de danse à Palerme située en-dessous de son magasin de vêtements, repérée par Roland Petit puis par Claude Bessy, la légendaire directrice de l'Ecole de danse de l'Opéra qu'elle intègre à 14 ans. Elle a été à l'époque l'une des rares étrangères à devenir "petit rat de l'Opéra" et fait aussi partie de la poignée d'étrangers ayant accédé au titre suprême d'étoile. 

Roland Petit, qui ne ménageait pas la jeune danseuse avec des remarques sur sa souplesse, "me disait que c'était très dur d'entrer dans cette maison". "C'est le destin qui est bien fait finalement, parce que Roland Petit m'a amenée à tous ces beaux rôles, très très jeune, jusqu'à la fin de ma carrière. Je termine cette grande parenthèse avec lui", ajoute l'étoile. (France Info)


Naissance à Palerme en Sicile (Italie)
1983 : Eleonora découvre la danse par le biais d’une voisine, directrice d’une école à Palerme. Elle est admise à l’Académie Princesse Grace de Monte-Carlo, dirigée à cette époque par Marika Bresobrasova. 

1989 : Roland Petit lui propose le rôle d’Aurore enfant dans sa version de La Belle au bois dormant. 

1990 : Prix « Jeune Espoir » de Catane
1991 : Elle passe un an au Centre de danse Rosella Hightower à Cannes 

1992 : Grâce à Roland Petit, elle entre à l’École de danse de l’Opéra de Paris, dirigée à l’époque par Claude Bessy 

1996 : Elle est recrutée dans le Corps de ballet de l’Opéra de Paris 

1998 : Elle atteint la finale au Concours international de danse de Varna 

1999 : Elle est nommée Coryphée à l’Opéra de Paris. On lui décerne le Prix du Cercle Carpeaux. 

2000 : Elle est nommée Sujet à l’Opéra de Paris. Elle reçoit le Prix AROP de la Danse ainsi que le Prix Positano. 

2001 : Elle est nommée Première danseuse à l’Opéra de Paris le 21 février 

2008 : Nominée au Prix Benois de la danse pour son rôle d’Albertine dans « Proust ou les Intermittences du cœur ». Elle prend un congé sabbatique de six mois et revient sur scène en septembre 2008 

2009 : en juin, elle prend un nouveau congé sabbatique
2010 : elle est nommée Chevalier des Arts et des Lettres
2011 : Nominée au Prix Benois de la danse pour son rôle de la Mort dans « Le Jeune homme et la Mort » 

2013 : à 35 ans, elle est nommée Étoile de l’Opéra de Paris à l’issue de la représentation de Carmen (chorégraphie Roland Petit), le 27 mars 2013. C’est la première fois qu’une Italienne obtient la plus grande distinction de l’Opéra de Paris. 

2015 : En mai, Eleonora Abbagnato est nommée directrice du Ballet du Théâtre de l’Opéra de Rome. Elle reste en poste à l’Opéra de Paris. 

2019 : En janvier, elle est reconduite pour 3 ans à la direction du Ballet de Rome 

2020 : le 18 mai, Eleonora Abbagnato devait faire ses adieux à la scène au Palais Garnier, mais ce fut annulé en raison du Covid. Elle a 41 ans, ce qui signifie qu’elle part 1 an plus tôt que l’âge de la retraite des danseurs de l’Opéra de Paris. 

2021 : le 11 juin, elle fait ses adieux à l’Opéra de Paris (le lendemain de la nomination de Park Sae Eun en tant qu’Etoile). 

Aileen Passloff, danseuse, chorégraphe et enseignante

Ballet, moderne, postmoderne: Elle a embrassé toutes les formes de danse, poussant les élèves à trouver «le courage», comme on dit, de se connaître par le mouvement.

Par Gia Kourias (The New York Times) 

12 novembre 2020


Aileen Passloff, dont la carrière de danseuse, chorégraphe et enseignante largement influente englobait le ballet, la danse moderne et la danse postmoderne, est décédée le 3 novembre à Manhattan. Elle avait 89 ans.

Sa mort, en soins palliatifs à NYU Langone Health, a été causée par une insuffisance cardiaque résultant de complications d'un cancer du poumon, diagnostiqué il y a cinq ans, selon la danseuse Charlotte Hendrickson, une amie.

Mme Passloff, ancienne membre du Judson Dance Theatre, le collectif expérimental des années 1960 qui a conduit à la danse postmoderne, s'est consacrée à tous les aspects de la forme.

«Je ne me souviens pas de ne pas avoir dansé», a-t-elle déclaré l'année dernière dans une interview au New York Times. «Je serais installé dans la cour pour jouer, et jouer, c'était danser. Pour la vérité.

«Pour la vérité» était son refrain dans toute conversation. Sa soif de vérité et de beauté dans la danse était immense: elle la recherchait toujours - à travers son propre corps et à travers les corps de ses danseurs.

"Aileen a utilisé le corps pour comprendre la vie d'une manière qui dit simplement bonjour au monde et célèbre tout ce que nous pouvons être", a déclaré le danseur et chorégraphe Arthur Aviles dans une interview téléphonique. «Elle nous aidait à comprendre notre corps en relation avec l'expression - en relation avec la nature, la vie, la terre, le ciel.»

Comme M. Aviles, Mme Hendrickson était une étudiante de Mme Passloff au Bard College, où Mme Passloff était coprésidente du département de danse et d'art dramatique de 1969 à 1990. Mme Hendrickson, qui a continué à danser abondamment dans Les œuvres de Passloff, ont déclaré qu'elle n'avait pas été en sécurité lorsqu'elle est arrivée sur le campus de Bard, dans la vallée de l'Hudson. Mme Passloff a changé cela.

«Dans les cours d'Aileen, il y avait de la place pour que chacun soit exactement ce qu'il était», a-t-elle déclaré. «Elle disait toujours que nous sommes merveilleusement bien faits - comme un tigre doux ou comme un arbre. Elle créerait cet environnement où l'on attendait de vous que vous fassiez de votre mieux, bien sûr, mais que vous deviez aussi, plus important encore, parler de votre propre point de vue - avoir le courage de vous connaître et de partager cela. "

Mme Hendrickson a également été séduite par elle en tant que chorégraphe. Elle a rappelé une performance à Bard dans laquelle Mme Passloff a présenté sa danse «Paseo», dans laquelle six danseurs portent le bâta de cola - «la jupe espagnole qui traîne derrière un peu comme une robe de mariée», a déclaré Mme Hendrickson.

«Ils ressemblaient à ces dinosaures majestueux qui étaient si pesants, sensuels et pleins de vie», a-t-elle ajouté.


Aileen Passloff est née le 21 octobre 1931 à New York, de Morris et Flora Passloff. Elle a grandi à Jackson Heights, dans le Queens. Son père était modiste. Sa sœur, le peintre Pat Passlof, était membre de l'école new-yorkaise des expressionnistes abstraits. (Elle a laissé tomber le deuxième «f» dans son nom de famille après avoir terminé une peinture et se rendre compte qu'elle n'avait pas de place pour cela sur la toile.)

En tant que fille, Mme Passloff a fréquenté la School of American Ballet, une filiale du New York City Ballet, et a étudié avec le professeur de russe Anatole Oboukhov. «Il m'a appris à voler», a déclaré Mme Passloff en 2019.


Muriel Stuart, une autre membre vénérée du corps professoral - née en Angleterre, elle avait dansé avec Anna Pavlova - a auditionné Mme Passloff pour son admission à l'école. «Elle était importante dans ma vie», a déclaré Mme Passloff à propos de Mme Stuart. «Elle avait un lyrisme et une musicalité merveilleux, et plus tard, elle venait me voir danser.

Pendant ses études à l'école, elle a rencontré James Waring, le chorégraphe expérimental et artiste qui à l'époque était un étudiant au niveau supérieur au sien. «Il était un cadeau de Dieu», a-t-elle dit. Aucun d'eux n'ayant beaucoup d'argent, il lui a appris à se faufiler dans des spectacles de ballet au City Center de Manhattan en escaladant son issue de secours.

Elle a fait ses débuts dans la compagnie de M. Waring en 1945 à l'âge de 14 ans. Elle a continué à danser avec, entre autres, Katherine Litz, Toby Armor et Remy Charlip, un membre original de la Merce Cunningham Dance Company qui s'est fait connaître pour l'écriture et illustrant des livres pour enfants.

C'est M. Waring qui l'a encouragée à chorégraphier, même si elle lui a dit qu'elle ne l'intéressait pas. Elle a continué à réaliser de nombreuses œuvres. Elle a également joué dans des pièces expérimentales de la dramaturge cubano-américaine Maria Irene Fornés.

De 1949 à 1953, Mme Passloff a étudié la danse et les sciences sociales au Bennington College dans le Vermont et a dirigé sa propre compagnie à New York pendant 10 ans. Elle est également apparue dans deux films de Marta Renzi: «Her Magnum Opus» (2017), dans lequel Mme Passloff dépeint l'enseignante bien-aimée d'un groupe d'artistes, et « Arthur & Aileen » (2012), un court documentaire la mettant en vedette et M. Aviles.

Avec Mme Hendrickson et M. Aviles, ses élèves de Bard comptaient beaucoup de gens qui marqueraient la danse contemporaine, parmi lesquels la directrice de théâtre et d'opéra Anne Bogart et les chorégraphes Dusan Tynek et David Parker. Passionnée par la danse flamenco, Mme Passloff l'a étudiée auprès des maîtres professeurs Mercedes et Albano et a introduit le flamenco dans le programme Bard.


Le mariage de Mme Passloff avec Robert Farren s'est soldé par un divorce. Ils s'étaient rencontrés sur le tournage du film de Stanley Kubrick «Killer's Kiss» (1955). Elle était danseuse dans le film et M. Farren était membre de l'équipe. Elle laisse dans le deuil ses cousins Stephen et Ellen Passloff.

Mme Hendrickson a dit que lorsqu'elle était à l'hôpital, Mme Passloff disait aux gens qu'elle les aimait dès le moment où elle les voyait.


«Au début, je me suis dit, ça va, c'est vraiment drôle qu'elle ait dit ça à tant de gens», a déclaré Mme Hendrickson. «Et puis j'ai réalisé, non - elle aimait d'une manière radicale. Elle croyait vraiment que nous étions tous connectés.


Aileen Passloff est une chorégraphe, danseuse, metteuse en scène, comédienne et enseignante de renom. Après avoir obtenu son diplôme de Bennington, Passloff est devenu actif dans les mouvements de danse et de théâtre hors Broadway des années 1950 et 1960 à Greenwich Village et a participé au Judson Dance Theatre. Elle fonde sa propre compagnie de danse en 1958 et la dirige pendant 10 ans. Depuis 1969, elle enseigne la danse au Bard College, où elle était directrice du département et occupe maintenant le poste de professeur de danse L. May Hawver et Wallace Benjamin Flint.

Certaines de ses danses sont des hommages nostalgiques au ballet classique; d'autres sont résolument modernistes. Son travail chorégraphique, qui va des hommages nostalgiques au ballet classique au modernisme résolu, comprend The Song of Songs for Fountain Theatre (2003); Rencontres pour le Berkshire Theatre Festival ; Arbre de vie pour dinosaure de la Nouvelle-Angleterre ; et Hopes and Fears et Brahms Variations, tous deux pour la Toby Armor Repertory Company.

Passloff a également joué dans des pièces pour le Living Theatre, le Judson Poets Theatre et le Theatre for the New City. Elle est apparue dans des productions primées par Obie comme What Happened de Gertrude Stein et Washing and Diary of Evelyn Brown de Maria Irene Fornes .

Parmi les nombreuses distinctions qu'elle a reçues figurent des subventions du National Endowment for the Arts, le Programme de coopération culturelle entre le ministère espagnol de la Culture et les universités américaines et une bourse de recherche postdoctorale Fulbright. Elle travaille actuellement comme mentor dans un programme appelé OPEN CALL, qui parraine de jeunes chorégraphes latinos. (Numéro - 2019)


Aileen Passloff (21 octobre 1931 - 3 novembre 2020) était une danseuse, réalisatrice, chorégraphe, comédienne et enseignante qui vivait et travaillait à New York. De 1949 à 1953, elle a étudié au Bennington College. Elle a fréquenté la School of American Ballet, où elle a rencontré James Waring, et a participé à ses ateliers et à sa compagnie de danse. De 1958 à 1968, Passloff a dirigé la Aileen Passloff Dance Company à New York. Elle était membre du collectif de danse expérimentale Judson Dance Theatre et faisait partie de leur rétrospective au Museum of Modern Art. Elle était professeur de danse au Bard College pendant 40 ans. Passloff stars dans le film Her Magnum Opus de Marta Renzi en 2018.

Passloff est décédé à 89 ans le 3 novembre 2020, d'une insuffisance cardiaque en tant que complication d'un cancer du poumon diagnostiqué en 2015. (Wikipédia)


Regards | Par Pablo Vivien-Pillaud | 13 juillet 2021

« Lamenta » : le dialogue impossible entre tradition et danse contemporaine


Le Festival d’Avignon, c’est un festival de théâtre. Mais pas que. Du 5 au 25 juillet, on y pense, on y danse, on y joue, on y crie, on y débat. Mais pour quoi faire ? On est allé voir « Lamenta », un spectacle de danse de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero à la Cour minérale de l’Université d’Avignon.


Un spectacle vivant est souvent la promesse de résoudre un conflit ou une contradiction. Le simple fait, en ce 12 juillet 2021 après un an et demi de crise sanitaire et alors que les perspectives sont loin d’être réjouissantes, d’assister à une représentation théâtrale relève presque de l’absurde. Les spectateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : tous participaient à l’exégèse de l’allocution d’Emmanuel Macron survenue quelques heures auparavant à coup de mépris de classe et de culpabilisation des pauvres qui pâtissent d’un inégal accès à la vaccination et plus largement aux soins. 


Verticalité de la danse contemporaine, immanence des danses traditionnelles 

Fort heureusement, le noir qui se fait dans la salle pour signaler le début du spectacle fait taire tout le monde. Neuf corps, jeunes et beaux, entrent sur une scène nue. Des corps de danseurs contemporains qui viennent nous parler de traditions ancestrales grecques. Le papier distribué à l’entrée de la salle nous parle de chants de l’Epire et de la préservation des formes dansées à travers les siècles et l’on voit bien que cette référence est à la genèse du spectacle et qu’il y a une volonté d’instituer une sorte de dialogue entre la tradition et la contemporanéité. 

La question qui se pose alors est la suivante : la réinterprétation d’une tradition par des intelligences extérieures à son essence est-elle possible ? Autrement dit, la réinterprétation d’une tradition séculaire sur une scène de théâtre n’est-elle pas, par définition, une dénaturation qui rend l’exercice nécessairement vain ? Car ce dont Lamenta fait son suc, c’est une esthétisation de la tradition : les deux chorégraphes à l’origine du spectacle l’ont théorisée et l’ont réécrite, ils lui ont donné un schéma, un territoire nouveau. Pis, il y a une promesse de spectaculaire qui jure avec l’horizontalité et l’immanence des danses traditionnelles. 


Traduire la tradition quand il faudrait la vivre 

L’hybridation entre tradition et danse contemporaine n’a pas pris dans Lamenta parce qu’elle a davantage été pensée comme une assimilation : l’écriture dramaturgique n’a fait qu’une bouchée de la ritualité. Et cela tient à un point principal : l’endroit d’où s’exprimaient les danseurs. Cet endroit, c’était la danse contemporaine. Cela se voyait dans la façon dont ils engageaient leurs mouvements, où ils plaçaient leurs intentions : lever un bras lorsque l’on est allé au Conservatoire de danse, ce n’est pas lever un bras comme on nous l’a appris depuis tout petit par nos grands-parents qui le tenaient eux-mêmes de nos grands-parents. De même, la présence d’un artiste sur une scène, qui sait tenir de son regard un public en haleine, n’est pas la même que celle d’un participant d’une fête. 


Vous allez me dire : mais l’équation est donc impossible ! Oui, elle l’est : la reproduction d’un réel exogène et l’importation de la matérialité d’une culture dans un espace clos et aussi codifié qu’un théâtre sont des vanités - qui valent pourtant souvent le coup d’être tentées. Seulement, il ne faut pas croire que « chaque tradition vivante trouve une traduction dans le présent » comme le proposent les chorégraphes. Après ce spectacle, je suis au contraire certain que « chaque tradition vivante est un présent que toute traduction qui ne serait pas une transcendance abimerait. » 


http://www.regards.fr/idees-culture/culture/article/lamenta-le-dialogue-impossible-entre-tradition-et-danse-contemporaine



Vaslav Nijinski 

Nationalité : Russie

Né à Kiev , le 12/03/1889 et mort à Londres , le 08/04/1950 


Biographie : 

Vaslav Fomitch Nijinski est un danseur et chorégraphe. 

Il est le fils d'un couple de danseurs polonais et le frère de la danseuse Bronislava Nijinska (1891-1972). À l’âge de neuf ans, il entre à l’École impériale du ballet. Diplômé en 1907, il intègre le Ballet impérial de Saint- Pétersbourg à 18 ans. 


Présenté au Prince Pavel Lvov en 1907, il devient son amant. C'est le prince qui met en relation Nijinski et l'impresario Serge de Diaghilev (1872-1929), en 1908. Engagé dans la compagnie des Ballets russes, amant de Diaghilev, Nijinski participe à la tournée organisée à Paris en 1909, dont le succès permet à Diaghilev d’instaurer une compagnie permanente. D’un danseur réputé localement, les Ballets russes feront de Nijinski une star internationale. 

Considéré comme le plus grand danseur de son époque, il marqua de son interprétation les créations de "Schéhérazade" (1910), du "Spectre de la rose" (1911), de "Petrouchka" (1911). Capable de réaliser des entrechat- dix et de parcourir la scène d’un bond unique, il donne l’impression de voler. Les trois ballets chorégraphiés entre 1912 et 1913, "L’Après-midi d’un faune", "Jeux" et "Le Sacre du printemps" propulsent le ballet dans la modernité, ne ressemblant à rien de ce qui existait auparavant. 

À l’été 1913, les Ballets russes embarquent pour une tournée en Amérique du Sud. Une jeune hongroise de 22 ans, Romola de Pulszky, est à bord. Sur le bateau, elle fait part de son intérêt à Nijinski et le danseur la demande en mariage, qui est célébré à Buenos Aires deux semaines plus tard. Diaghilev, dévasté par la nouvelle de ce mariage soudain, le renvoie de la compagnie. 


MICHAEL JACKSON


Michael Jackson, né le 29 août 1958 à Gary (Indiana) et mort le 25 juin 2009 à Los Angeles (Californie), est un auteur-compositeur-interprète, danseur-chorégraphe et acteur américain. 

Reconnu comme l’artiste le plus titré de tous les temps, il est une figure principale de l'histoire de l'industrie du spectacle et l'une des icônes culturelles majeures du XXe siècle. 

Septième d'une famille de neuf enfants, il chante avec ses frères dès l'âge de six ans et commence une carrière professionnelle à onze ans au sein des Jackson Five, groupe formé avec ses frères aînés. Tout en restant membre du groupe (jusqu'en 1984), il entame en 1971 une carrière solo. Cinq de ses albums solo parus de son vivant figurent parmi les albums les plus vendus au monde : Off the Wall (1979), Thriller (1982), Bad (1987), Dangerous (1991) et HIStory (1995). 

Dans les années 1980, il devient une figure majeure de la musique pop. Ses clips musicaux, ambitieux et novateurs, sont réalisés comme des courts métrages, notamment pour les titres Beat It, Billie Jean, Thriller, Bad ou Smooth Criminal. Il popularise de nombreux pas de danse, dont le moonwalk, qui devient sa signature. Ayant fusionné les genres de musique soul, funk, pop et rock, son style vocal et musical continue d'influencer de nombreux artistes de hip-hop, pop et r'n'b contemporain. 


Surnommé « le roi de la pop » (« The King of Pop »), Michael Jackson a battu plusieurs records dans l'industrie du disque. Avec plus de 350 millions de disques vendus dans le monde, il se classe parmi les trois plus gros vendeurs de disques de tous les temps, derrière les Beatles et Elvis Presley. 


Avec des ventes estimées à 66 millions d'exemplaires, Thriller demeure l'album le plus vendu de l'histoire de la musique et a été certifié 33 fois disque de platine aux États-Unis. 

Michael Jackson a également innové par ses talents de danseur, devenant l'icône de la « danse à illusion ». Le moonwalk, exécuté pour la première fois en public sur la NBC le 26 mai 1983 sur le titre Billie Jean, devient au fil du temps sa signature en matière de chorégraphie. Outre le moonwalk qu'il a popularisé, Michael Jackson pratique également sur scène des pas de danse sophistiqués tels que le sidewalk, l'airwalk, le turnwalk et plus particulièrement le lean (ou anti-gravity lean), un mouvement consistant à se pencher en avant à 45° puis à relever sans chuter, par un effet de prestidigitation, grâce à des chaussures spéciales. Il accomplit le lean pour la première fois avec ses danseurs dans le clip de Smooth Criminal. Il a également popularisé la robot dance, en particulier sur le titre Dancing Machine, alors qu'il était encore membre des Jackson 5. Dans Living With Michael, à la demande de Martin Bashir, il démontre qu'à travers la danse, il devient l'incarnation physique de la musique : « quand je danse, je ne pense pas : penser c'est la plus grande erreur que puisse faire un danseur ; il faut ressentir les choses ; vous devenez la basse, vous devenez l’orchestre, vous devenez la clarinette, la flûte et la percussion ».

Il participe en outre à plusieurs œuvres caritatives, notamment avec le projet USA for Africa et sa Heal The World Foundation (1992), créée à la suite de la tournée Dangerous World Tour, et contribue tout au long de sa carrière à la lutte contre la famine, la cruauté envers les animaux ou encore la maltraitance infantile. Toutefois, son image publique est ternie par certains aspects de sa vie privée, notamment par ses multiples recours à la chirurgie esthétique, son mode de vie jugé excentrique, et plus encore par deux plaintes pour abus sexuel sur mineur, en 1993 et 2003, n’aboutissant toutefois à aucune condamnation en justice. Ses deux mariages et ses trois enfants font également l'objet de polémiques. 

Alors qu'il prépare la série de concerts This Is It qui devaient se tenir à Londres, Michael Jackson meurt à l'âge de 50 ans d'une overdose de médicaments. Son médecin personnel, Conrad Murray, est par la suite reconnu coupable d'homicide involontaire.


SERGE LIFAR


Serge Lifar (en ukrainien Sergueï Mikhaïlovitch Lifar) est un danseur, chorégraphe et pédagogue ukrainien naturalisé français, né à Kiev le 2 avril 1905 et mort à Lausanne le 15 décembre 1986.


Il a souvent été décrit comme un danseur d'une grande beauté physique et doté d'une présence rayonnante, l'un des plus importants de sa génération.

Réformateur du mouvement et de la technique de la danse, à laquelle il ajouta deux positions de pied, Serge Lifar a été l'un des créateurs qui imposèrent le style néo-classique, terme qu'il employa pour qualifier notamment son ballet Suite en blanc de 1943.


Nommé maître de ballet de l’Opéra de Paris, de 1930 à 1944 et de 1947 à 1958, il s'employa à restaurer le niveau technique du Ballet de l’Opéra de Paris pour en faire, dans les années 1930 et jusqu'à aujourd'hui, l'un des meilleurs du monde. Yvette Chauviré Janine Charrat, Roland Petit, entre autres, ont incontestablement subi son influence. (Wikipédia)





MAGUY MARIN


Maguy Marin étudie la danse classique au conservatoire de Toulouse. Elle entre ensuite au ballet de Strasbourg, puis change de direction et rejoint l'École Mudra à sa création en 1970 à Bruxelles. Trois ans de travail intense sont décisifs dans son parcours (« tous mes repères s'effondrent pour laisser apparaître la multitude des choix créatifs, la liberté, la contrainte aussi... Plus rien ne sera comme avant »). 

Elle participe ensuite à un groupe de recherche théâtrale, Chandra, qui stoppe assez vite (fin 1974). Elle sera soliste quatre saisons durant pour le Ballet du XXe siècle sous la direction de Maurice Béjart, et tente ses premières expériences de chorégraphie. En 1978, elle est encore à Bruxelles et travaille avec Daniel Ambash ; son activité créatrice prend dès lors son essor, spécialement après son prix obtenu au Concours chorégraphique international de Bagnolet en 1978. Son style se tourne vers un pendant français de la Tanztheater, développée en Allemagne par Pina Bausch, en intégrant de nombreux éléments théâtraux et non dansés dans ses chorégraphies . Elle sera dès lors une des chorégraphes les plus importantes de la Nouvelle danse française, notamment avec une pièce devenue mythique May B créée en 1981 au

Centre national de danse contemporaine d'Angers ainsi qu'avec sa version contemporaine de Cendrillon créée en 1985 pour le ballet de l'Opéra de Lyon et jouée plus de 460 fois depuis cette date avec dix distributions différentes . Elle entame en 1987 une longue collaboration avec le musicien-compositeur Denis Mariotte. À la direction du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne à partir de 1985 puis au Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape de 1998 à 2011, elle s'installe dans la ville de Toulouse en 2012, puis en 2015 à Sainte-Foy-lès-Lyon.  

La compagnie se crée, évolue et change développant ces dernières années son travail dans le cadre de la non-danse. À ce jour, elle a réalisé une quarantaine de pièces. 

Maguy Marin est l'une des très rares non Américaines à avoir reçu l'American Dance Festival Award. En 2008, elle reçoit un Bessie Award à New York pour son spectacle Umwelt présenté au Joyce Theater. L'édition 2012 du Festival d'automne à Paris lui consacre une rétrospective en programmant 6 de ses créations emblématiques dans huit théâtres de Paris et d’Île-de-France. En juin 2016, la Biennale de Venise lui remet un Lion d'or pour l'ensemble de son parcours artistique.

En mai 2018, Maguy Marin est signataire d’une pétition en collaboration avec des personnalités issues du monde de la culture pour boycotter la saison culturelle croisée France-Israël, qui selon l'objet de la pétition sert de « vitrine » à l'État d'Israël au détriment du peuple palestinien. 

Son fils, David Mambouch, lui a consacré un documentaire sorti en 2019.




MIKHAIL BARYSHNIKOV


Originaire de Riga en Lettonie, Mikhail Baryshnikov (né le 28 janvier 1948) commence à étudier le ballet dès l’âge de neuf ans. À l’adolescence, il déménage à Leningrad, où il entre à l’Académie de ballet Vaganova et devient, en 1969, le danseur principal du ballet Kirov. En 1974, il quitte l’Union Soviétique pour danser avec des compagnies de ballet à travers le monde, notamment à New York, où il travaille avec George Balanchine et Jerome Robbins. En 1980, il commence un contrat de 10 ans en tant que directeur artistique pour l’American Ballet Theatre, formant une nouvelle génération de danseurs et de chorégraphes. 


De 1990 à 2002, Baryshnikov est directeur et danseur pour le White Oak Dance Project, compagnie qu’il co-fonde avec le chorégraphe Mark Morris. White Oak est né du désir de Baryshnikov d’étendre son répertoire et l’impact de la danse moderne américaine. 


En 2005, il ouvre le Baryshnikov Arts Center (BAC), un lieu où les artistes locaux et internationaux peuvent développer et présenter leurs projets. Situé dans le quartier de Hell’s Kitchen à Manhattan, le BAC accueille quatre studios, un studio de 150 places et le théâtre Jerome Robbins de 238 places. Grâce à son programme de résidence, le BAC offre de l’espace et du temps pour de jeunes artistes établis pour rêver et créer des projets au sein des studios du centre, et ce, sans aucune pression. Le BAC présente des œuvres innovantes contemporaines par des artistes issus du monde de la danse, du théâtre, de la musique et du cinéma gratuitement ou un coût très bas. Sous sa direction, les programmes du BAC touchent près de 500 artistes et un public de plus de 20 000 personnes par an. 


Parmi les récompenses reçues par Baryshnikov, on compte le Kennedy Center Honor, la National Medal of Honor, le Commonwealth Award, le Chubb Fellowship, le prix Jerome Robbins et le prix Vilcek 2012. En 2010, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur. 


Mikhail Baryshnikov est une légende de la danse du XXe siècle, mais peu savent encore que le danseur étoile est aussi photographe. 



Lorsqu’on doit citer des danseurs russes qui ont marqué le XXe siècle, trois noms viennent en général à l’esprit: Nijinski, Noureev et... Baryshnikov ! Certains se souviennent encore comment le jeune danseur russe, né à Riga en 1948, « passa à l’Ouest » un certain jour de 1974, lors d’une tournée du Théâtre du Bolchoï au Canada. Aux Etats-Unis, Baryshnikov accomplira une riche carrière : American Ballet Theatre, New York City Ballet où le danseur retrouvera son compatriote Georges Balanchine... Danseur à la taille plus petite que la moyenne, Mikhail Baryshnikov éblouit par sa virtuosité et sa prodigieuse présence scénique. Le cinéma a immortalisé ce charisme hors du commun dans des fictions où le danseur russe (naturalisé américain en 1986) joue un rôle proche de lui-même : Le Tournant de la vie (1977) et Soleil de nuit (1985). 


Plus récemment, les jeunes générations ont pu découvrir Mikhail Baryshnikov dans la série culte produite par HBO, Sex and the city (diffusée en 2004). Or le célèbre danseur y incarne un artiste plasticien russe, vivant à New York. On l’y voit notamment préparer une rétrospective au Musée du Jeu de Paume à Paris, ce qui pourrait bien arriver un jour au photographe qu’est devenu Mikhail Baryshnikov ! Ce dernier confie prendre des photographies depuis une trentaine d’années, mais il ne travaille sérieusement que depuis 2006. On ne sera pas étonné qu’il se consacre particulièrement au monde des danseurs, se plaisant à capturer la fluidité des mouvements des corps, sans chercher à figer leur élan, mais au contraire en cultivant le flou photographique comme la meilleure traduction de la labilité, de l’évanescence, du caractère fugitif des gestes. « Je cherche à ce que les spectateurs de mes photographies puissent imaginer le mouvement avant et après, et non pas à reproduire seulement le mouvement gelé », explique Mikhail Baryshnikov. Et de préciser également : « Je prends des milliers de clichés, puis cela me prend un temps très très long pour sélectionner les images que je garde. Mon œil capture et mon cœur tranche. C’est exactement cela que je cherche. » Evidemment, la position unique de Baryshnikov, à la fois longtemps partie prenante du monde de la danse, et à présent extérieur par son choix d’être désormais observateur, rend ses photographies uniques en leur genre. Deux albums ont déjà été publiés : « Merce My Way » (2008) and « Dominican Moves » (2009). 



MAURICE BÉJART


Maurice Béjart naît sous le nom de Berger, le 1er janvier 1927 à Marseille. Après avoir pris des cours de danse dans plusieurs compagnies ou ballets contemporains, il se tourne principalement vers la chorégraphie. Il fonde alors les Ballets de l'Etoile en 1954, qui deviendront le Ballet-Théâtre de Paris trois ans plus tard. En 1955, il met en scène sa Symphonie pour un homme seul, œuvre dans laquelle il commence à se démarquer du classicisme.


Le véritable succès ne vient pourtant qu'avec le Sacre du Printemps, en 1959. Nommé ensuite directeur au Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, il monte le Ballet du XXe siècle (1960). Son objectif reste alors de se détacher de la danse traditionnelle pour atteindre un certain renouveau. Il présente ainsi la Damnation de Faust (1964), Roméo et Juliette (1966) et Messe pour le temps présent, au festival d'Avignon en 1967.



En 1987, il quitte Bruxelles pour la Suisse et renomme le Ballet du XXe siècle, le Béjart Ballet Lausanne, pour lequel il ne gardera qu'une trentaine de danseurs. Au début des années 1990, il fonde l'école-atelier Rudra de Bruxelles afin de dispenser des cours d'expression corporelle à des élèves du monde entier. Hospitalisé à Lausanne à l'automne 2007 pour y suivre un traitement cardiaque et rénal, il s'éteint le 22 novembre.



Rudolf Noureev


Chorégraphe


Né à bord du Transsibérien, non loin du Lac Baïkal, Rudolf Noureev (1938-1993) a d’abord été initié à la danse folklorique à Oufa (Bachkirie). Il verra son premier ballet à l’âge de sept ans à l’Opéra d’Oufa, mais ne commencera une formation de danseur qu’à l’âge de quinze ans. Deux ans plus tard, il poursuivra ses études au sein de l’École Vaganova de Leningrad avec le maître Alexandre Pouchkine de 1955 à 1958. Il est admis l’année suivante dans le Corps de ballet du Kirov et devient soliste. A l’occasion d’une tournée, Noureev fait sa première apparition sur la scène du Palais Garnier le 15 mai 1961, lors d’une répétition générale de La Belle au bois dormant. Il fera également sensation dans l’Acte des Ombres de La Bayadère trois jours après avoir demandé l’asile politique auprès des douaniers français à l’aéroport du Bourget le 16 mai 1961. La direction du Kirov avait en effet décidé de le renvoyer à Moscou sans le laisser poursuivre la tournée du Ballet à Londres. Paris restera ainsi une ville symbole pour lui. Il prendra la Direction du Ballet de l’Opéra national de Paris de 1983 à 1989 après avoir dansé pour de nombreuses compagnies (entre autres les Ballets du Marquis de Cuevas, le Ballet royal de Londres) et créé Tancrède (Opéra de Vienne, 1966) ou Manfred (Opéra de Paris, 1979). Le répertoire du Ballet sera enrichi par ses relectures des chorégraphies de Marius Petipa. Elles comprennent Don Quichotte (1981), Raymonda (1983), Le Lac des cygnes (1984), Roméo et Juliette (1984), Casse-Noisette (1985), Cendrillon (1986), La Belle au bois dormant (1989) et La Bayadère (1992). La place accordée au danseur masculin, dévalorisé dans le ballet depuis le XIXe siècle, gagnera en importance dans ses œuvres. Noureev fera également des chorégraphies contemporaines telles que La Tempête (1984), Bach Suite (1984) et Washington Square (1985). Il proposera un répertoire contemporain extrêmement diversifié (Frederick Ashton, Rudi van Dantzig, Roland Petit, Maurice Béjart, George Balanchine, Glen Tetley, Martha Graham, Murray Louis, Jerome Robbins, Bob Wilson, Paul Taylor, Hans van Manen, Lucinda Childs, Twyla Tharp, William Forsythe). Enfin, il instaurera une tradition nouvelle à l’Opéra en nommant les Etoiles sur scène, à l’issue du spectacle, devant leur public. La scène du Palais Garnier a une grande importance pour lui, puisqu’il saluera son public pour la dernière fois à l’Opéra, à l’issue de La Bayadère le 8 octobre 1992. Ses obsèques en janvier 1993 seront aussi célébrées au Palais Garnier. Rudolf Noureev a été Chevalier de la Légion d’Honneur (1988) et Commandeur des Arts et Lettres (1992). Opéra de Paris.



SYLVIE GUILLEM


Hommage à Maurice Béjart : « Après le concours de Varna, Maurice a été invité à créer pour le ballet de l'Opéra. Il a inventé Arepo (Opéra à l'envers). Dans cette pièce, il m'a composé un solo sur l'air de je ris de me voir si belle en ce miroir, moi qui étais maladivement timide dans la vie. J'étais bloquée, les mots ne sortaient pas. Cet air fameux que chante Marguerite dans le Faust de Gounot était une injonction à sortir de moi-même.


Pour la première fois, en face de moi, il y avait un maître. Et ce maître m'encourageait à exister en tant que Sylvie Guillem. Je n'étais plus l'élève qui est là pour apprendre et se taire. Il donnait envie de se faire peur, d'aller plus loin. Avec lui, on comprenait que danser, c'était aussi apprendre à se connaître soi-même. Et à vivre ».


Dessin Federica Masini


Maurice Béjart disait souvent  qu’ « en la voyant, il se sentait plus créatif et intelligent  » . Nombreux auront été les chorégraphes qui se sont sentis dans le même état d’esprit en travaillant avec elle. Sylvie Guillem a été une remarquable danseuse, mélange explosif et superbe de la gymnastique et de la danse, avec une silhouette féminine, longiligne et des jambes incroyables. 


Elle a eu l’intelligence de ne pas se cantonner à ne vouloir  danser que du classique, non pas parce qu’elle a renié sa formation, mais parce qu’elle souhaitait pouvoir avoir, avant tout, la liberté d’exprimer SA danse ! et ce avec d’autres façons de le faire que le répertoire classique, le faire comme elle l’entendait, en se lançant des défis,  avec toujours la même souplesse, la même finesse, la même intransigeance, la même esthétique qui la caractérise.


Elle est née, clinique des Lilas à Paris en 1965. Comme elle était une enfant plutôt timide, sa maman, professeur de gymnastique à Blanc-Mesnil,  décide de la former, elle-même, très tôt, à cette discipline, où elle va se révéler extrêmement douée. A l’époque, ses idoles ne sont pas des danseuses, mais Nadia  Comaneci. Avant de parfaire son entraînement, on l’envoie, avec son équipe, faire un stage de danse à l’Opéra de Paris. Elle sera très vite remarquée par la directrice de l’époque : Claude Bessy, qui lui trouve d’immenses dispositions de par sa souplesse et sa facilité dans les mouvements. Elle entre directement en 2e année à l’école de danse de l’Opéra où les autres professeurs l’accueillent avec joie et intérêt, émerveillés par ses prouesses techniques et ses sauts incroyables.  A 16 ans elle intègre le corps de ballet, gravit à une allure vertigineuse tous les échelons qui sont devant elle : Quadrille , Coryphée, Sujet, Première danseuse et cinq jours plus tard, Étoile lors de sa prestation dans le Lac des Cygnes.


Elle qui ne se rêvait pas en tutu, mais  plutôt en athlète de haut niveau, va se laisser complètement emporter par la scène et toutes les émotions qu’elle procure. C’est sur cette scène qu’elle dira, la première fois qu’elle en a foulé le sol, que la danse allait permettre à son corps d’exprimer toutes les choses et les sentiments qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même. Tous ces ressentis vont la rapprocher de celui qu’elle côtoiera en troisième année d’école, celui qui va devenir son pygmalion, qui va l’instruire selon les pratiques de la danse classique russe, celui qui vient d’être nommé directeur artistique du ballet à l’Opéra de Paris : Rudolf Noureev. Il n’éprouvera aucune hésitation  en la nommant étoile en 1984, elle a 19 ans ! Un an plus tard, elle remporte la médaille d’or du célèbre concours Varna. Durant les années qui suivront , elle sera  « l’étoile de Noureev ». 


En 1988, face au refus de l'Opéra de Paris de la laisser danser avec d'autres ballets, elle démissionne et danse notamment avec le Royal Ballet de Londres, l'American Ballet Theater et le Béjart Ballet Lausanne. «  il n’y avait pas de décision à prendre ou d’envie à éprouver . A cette époque, les seules choses qui me donnaient de l’oxygène, c’étaient les ballets de Béjart. Je le trouvais clairvoyant, généreux, cultivé. Il me permettait de transgresser les interdits. J’aimais aussi beaucoup Forsythe pour son infinie modernité. » Elle décide de s’installer à Londres. Peu importe si, à ce moment là, elle ne parlait pas bien la langue de Shakespeare, elle est libre de ses choix et de sa carrière et entend répondre à toutes les invitations qui se présenteront. Avide de connaître d’autres chorégraphes capables de lui apporter d’autres nouveautés, elle rencontrera Mats Ek et dansera un grand nombre de ses pièces comme Wet Woman, Smoke etc… et sa célèbre version de Carmen. Entre temps, elle est reçoit en 1988 le premier prix Andersen récompensant la meilleure danseuse à Copenhague, le Grand Prix international de la danse à Paris en 1989, et le Grand Prix Anna Pavlova.


Fidèle à sa formule  « un train passe je monte dedans, sans me poser de questions sur la durée du voyage, je fais les choses comme je les sens, comme elles se présentent à moi et quand je ne veux plus que cela dure, eh bien je fais en sorte que cela s’arrête » elle va continuer sa route et danser non seulement au Royal Ballet, mais aussi au Ballet Royal du Danemark , au Kirov Mariinsky, à l’American Ballet, à la Scala de Milan où elle sera la partenaire de Roberto Bolle dans une version du Don Quichotte de Noureev.


Elle retrouvera, de temps à autre, la scène de l’Opéra de Paris, en guest-invitée, pour danser Manon de MacMillan. Elle se rendra au Japon avec les chorégraphies de Béjart qui sont énormément appréciées dans ce pays. Béjart composera pour elle, et, Laurent Hilaire :  » Épisodes  » dédié à la mémoire de Pasolini, Sissi l’impératrice anarchiste en 1992, Racine cubique en 97 au théâtre des Champs Elysées. En 1995, elle met au point un film documentaire pour la télévision  » Evidentia  » : évidence … danse, sur une chorégraphie à nouveau de Béjart qui remportera différents prix internationaux.


En 1998 son intérêt crescendo pour la danse contemporaine va la pousser à s’essayer elle-même à la réalisation d’un ballet. Ce sera Classic Instinct pour un festival de danse en Hollande, ainsi que deux solos sur Mary Wigman : Summer Dance et Witch’s dance. Au cours des années suivantes , elle n’aura cesse d’expérimenter d’autres façons de pouvoir exprimer son idée de la danse contemporaine où, il faut bien le reconnaître, elle excelle avec, à chaque nouvelle rencontre, un chorégraphe différent auquel elle dira toujours :  « apprenez-moi quelque chose, donnez-moi quelque chose que je ne connais pas, emmenez-moi là où je ne sais pas  » comme ce fut le cas avec Akram KHAN. C’est un danseur et chorégraphe anglais d’origine indienne, un passionné de contemporain formé à la discipline du Kathak, un des huit styles de danse traditionnelle en Inde. Khan c’est un peu son double, prodige de la danse, virtuose dans son art, formé au classique puis tourné vers le contemporain. Ils ont beaucoup de points communs. Ce sont deux personnalités qui refusent de se voir cantonner dans une seule chose. 


D’autres prix viendront couronnés sa carrière : un Nijinsky en 2001 récompensant la meilleure danseuse au monde ! Elle sera la première à le recevoir. En 2003, elle dirigera une section-hommage à Noureev qui sera très critiquée parce qu’elle avait souhaité que les danseurs évoluent, sur scène, devant un écran géant où on le voyait danser, ce qui eut pour conséquence de  » distraire  » le public. En 2008 elle rendra un vibrant hommage à Maurice Béjart, son ami, à Lyon, à Versailles et au Japon, aux côtés du Tokyo Ballet ( ma compagnie asiatique disait Béjart ) et de deux étoiles françaises Laurent Hilaire et Manuel Legris pour quatre ballets.


En fin 2015, à l’âge de 53 ans, après avoir tant et tant brillé, elle décide de cesser la danse «  Il fallait bien que je mette un point final à la danse. Je ne savais pas quand. Je savais que je sentirai quand ce serait le moment. J’adore la danse et ce ne sera pas facile de la quitter, mais je souffrirai davantage si je la quittais mal. C’est à dire en n’étant plus capable de donner le meilleur. Je l’ai fait parce qu’il le fallait. Parce que je ne veux pas me décevoir, ni décevoir le public. Parce que je n’ai pas envie d’être mal jugée, moins aimée. Parce que je fais encore des choses aujourd’hui comme je veux les faire, parce que j’ai beaucoup de plaisir à les faire ainsi et que je ne veux surtout pas les faire moins bien. Parce que j’ai de plus en plus de trac et de doutes, même si je garde la force, l’énergie, la rapidité, la passion d’être sur scène, d’y tracer des lignes, d’y dessiner des courbes. Parce que je ne veux jamais danser en me reposant. Je sais que cela va me coûter, après mes ultimes représentation au Japon, dans ce pays qui me fascine tant, mais en France aussi. Le moment sera dur. Mais je suis prête à payer. Je préfère arrêter avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’on ne le décide pour moi. Il faut une fin claire et nette.  »



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