PHOTOGRAPHIE
LA VIE EN LIFE
Par Rafael Pic
11 novembre 2020 - Quotidien de l’Art
De 1936 à 1972, à son âge d'or marqué par une parution hebdomadaire, Life fut peut- être le magazine le plus influent d'Amérique. Créé par Henry Luce – qui aurait mérité autant que Randolph Hearst d'être le modèle de Citizen Kane (il créa aussi Time, Fortune et Sports Illustrated) – il se faufilait dans chaque foyer américain pour servir des articles bien écrits et admirablement photographiés. Alfred Eisenstaedt, Robert Capa, Eugene Smith, Gjon Mili ou Andreas Feininger ont produit quelques-uns de ses plus beaux reportages. De rares femmes ont réussi à s'imposer dans cet univers d'hommes, dont Hansel Mieth (1909-1998), Martha Holmes (1923-2006) ou, plus encore, Margaret Bourke-White (1904-1971). C'est elle qui fit d'ailleurs la première couverture, le 23 novembre 1936, avec un reportage sur le barrage de Fort Peck, sur le cours supérieur du Missouri. Devenu irrégulier puis mensuel de 1978 à 2000, Life a vu son aura se faner mais le magazine, aujourd'hui propriété du groupe Meredith, possède toujours l'une des plus belles photothèques du XXe siècle avec quelque 10 millions de photos. Un florilège de 191 tirages modernes sur papier baryté est proposé chez Cornette de Saint Cyr, avec des estimations entre 500 et 5000 euros. Le produit de la vente doit aider à poursuivre la conservation et la numérisation du fonds.
BRASSAÏ
Brassaï, photographe français d’origine hongroise, est à l’origine d’emblématiques photos de la vie parisienne des années 1920. Brassaï s’installe à Paris en 1924, où il travaille en tant que journaliste et rejoint le cercle des artistes et écrivains hongrois. La nuit, il se promène dans le quartier de Montparnasse et prend des photos de prostitués, balayeurs et autres personnages de la nuit, le tout regroupé dans son livre Paris de Nuit (1933).
Bien que Brassaï soit célèbre pour photographier les aspects graveleux de la ville, il témoigne aussi de la haute société à travers ballets, opéras et intellectuels, parmi lesquels Pablo Picasso, Salvador Dalí, Alberto Giacometti et Henri Matisse.
Né Gyula Halász le 9 septembre 1899 à Brassó, Brassaï tire son pseudonyme de sa ville natale. Il étudie la sculpture et la peinture à l’Académie hongroise des beaux-arts et déménage en 1920 à Berlin.
En 1924, les photos de Brassaï lui amènent une renommée internationale. Sa première exposition au MoMA de New York est organisée en 1948, mais il continue toute sa vie de subvenir à ses besoins grâce à la photographie commerciale. Il meurt le 8 juillet 1984 à Beaulieu-sur-Mer.
LIENS
https://fr.wikipedia.org/wiki/Brassaï
https://www.beauxarts.com/expos/brassai-photographe-et-poete-de-la-nuit/
https://sites.google.com/site/grandsphotographesdu20eme/brassai
https://www.photo.rmn.fr/Package/2C6NU0TLWVQM
https://www.lequotidiendelart.com/articles/9908-au-centre-pompidou-brassaï-fait-parler-les-murs.html https://www.lemonde.fr/blog/lunettesrouges/2017/01/29/les-gaffiti-de-brassai/
CHARLES MARVILLE
Charles-François Bossu, dit Charles Marville, débute comme peintre-graveur. On trouve quelques-uns de ses dessins dans La Seine et ses bords et La Saône et ses bords, deux ouvrages de Charles Nodier (1836), et dans Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre (édition de 1838), dans lequel il compose des vignettes, des lettrines ornementées et des paysages. Il collabore en parallèle à des magazines illustrés, dont Le Musée des Familles et Le Magasin Pittoresque. En 1842, il participe à la publication du Jardin des Plantes de Pierre Boitard.
La création du calotype, nouveau procédé photographique qui à l'inverse du Daguerrotype, permet la reproduction en nombre des clichés originaux, le conduit à la photographie, domaine où il acquière rapidement une certaine notoriété. Il obtient en 1848 une première commande officielle de l'état ; la copie photographique d'un tableau de Lesueur. Il publie ses premières photographies d'architecture chez Blanquart-Évrard à partir de 1851. Il se rend cette même année en Algérie, réalisant à cette occasion une série de calotypes. En 1853, il est choisi pour photographier le décor du mariage de Napoléon III avec Eugénie qui eut lieu à Notre-Dame. Il photographie le baptême de leur fils en 1856; En 1853, il illustre également l'album Sur les bords du Rhin, puis les séries Architecture et sculpture de l'art religieux (1853-1854). Il se signale comme « photographe du musée impérial du Louvre ». Il est ami d'Ingres qui lui confie la reproduction de ses tableaux. Il collabore également aux grands chantiers de restauration de cette époque, menés par les architectes Viollet-le-Duc, Paul Abadie ou le sculpteur Aimé Millet. Il prend ainsi en photos la Sainte-Chapelle, Notre-Dame de Paris ou d'autres cathédrales françaises.
En 1862, il est « Photographe de la Ville de Paris ». Il photographie alors le nouveau mobilier urbain et les nouveaux aménagements de la ville comme le bois de Boulogne. En 1865, il publie l'Album du Vieux-Paris, commande du service des Travaux historiques qui vient d'être créé. Il réalise pour cela 425 clichés. Cet album rassemble des vues des vieilles rues de Paris avant leur destruction lors des transformations de Paris sous le Second Empire et témoigne de l'insalubrité de la ville avant les travaux d'Haussmann. Pour une seconde commande de la ville de Paris consacrée aux nouvelles voies de la capitale et destinée à être montrée lors de l'exposition universelle de 1878, il photographie notamment le percement de l'avenue de l'Opéra à la fin des années 1870. Il est aussi chargé de prendre en photo les ruines de l'Hôtel de Ville, incendié sous la Commune, et les étapes de la reconstruction mais il meurt avant la fin des travaux.
Après sa mort, en 1879, son atelier, qui se situait au 75, rue Denfert-Rochereau, est racheté par le photographe Armand Guérinet.
Les plaques de verre de ses photographies sont conservées à la Bibliothèque historique de la ville de Paris et concernent les rues et monuments de Paris, commandés par la ville de Paris en 1865. Le musée Carnavalet conserve plus de 760 tirages de Charles Marville. (Wikipédia)
SOURCES
https://histoire-image.org/fr/etudes/charles-marville-photographies-patrimoine-monumental-restaure
https://www.unjourdeplusaparis.com/paris-reportage/charles-marville-photos-de-paris-avant-haussmann
https://www.laboiteverte.fr/lumieres-de-paris-1870-charles-marville/
https://musee-archeologienationale.fr/objet/charles-francois-bossu-dit-charles-marville
https://sites.google.com/site/grandsphotographesdu20eme/marville-charles
RICHARD AVEDON
(1923 New York, USA. 2004 San Antonio, USA.)
L’œuvre de Richard Avedon se révèle être un portrait de l’Amérique de la seconde moitié du XXe siècle. Pour les magazines les plus célèbres comme Life, Harper’s Bazaar ou Vogue, l’artiste a transmis à la photographie de mode sa passion, son énergie et lui a donné une nouvelle vie.
A New York, il a photographié la vie culturelle, installant sur fond blanc les célébrités du monde de la littérature, de l’art et du spectacle. Aux côtés des puissants, dans une tradition élitiste du portrait, il a photographié des américains anonymes, exclus et défavorisés. Les hommes sont mis à nus devant son objectif, dépossédés d’une réalité superficielle.
Sur le fond neutre, dans une composition épurée, seule l’âme du sujet apparaît. Il imagine une série de célébrités faisant apparaitre l’individu en deux plans, rapproché et serré.
Des poses sobres, presque dramatiques, comme celle de Francis Bacon que l’on découvre comme pris sur le vif. L’air interrogatif et frontal admet une autre facette de l’artiste, plus familière, moins charismatique. Des portraits épurés apportant une neutralité des gestes et une authenticité du regard.
« La photographie ne reproduit pas le visible, elle rend visible. » « Les photos ont pour moi une réalité que les gens n’ont pas. C’est à travers les photos que je les connais. » Richard Avedon
SOURCES
http://www.lesartistescontemporains.com/Artistes/avedon.html
https://sites.google.com/site/grandsphotographesdu20eme/avedon-richard
https://www.avedonfoundation.org/%23p=-1&a=-1&at=-1
https://www.lense.fr/news/revisons-nos-classiques-richard-avedon/
https://www.universalis.fr/encyclopedie/richard-avedon/
https://madame.lefigaro.fr/personnalite/richard-avedon-1
https://www.elle.fr/Personnalites/Richard-Avedon
https://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Avedon
https://madame.lefigaro.fr/style/richard-avedon-shooting-mode-a-la-maniere-de-230916-116777
CATHERINE BEUDAERT
Dans une période de déferlement d’images, mêlant trop souvent à la profusion, le désordre des excès, Catherine Beudaert écrit sa ligne photographique d’un simple regard. Les sujets, choisis au gré des rencontres et des envies, y prennent toute leur teneur. Le style de Catherine Beudaert n’est pas immédiatement identifiable, couleur ou noir et blanc, douceur ou contraste, courte ou longue focale, le phrasé pictural est entièrement au service du sujet et de la lumière. Mais à parcourir ses images, le style devient évident, il teint dans la simplicité du regard : le cadre est fragile et laisse à voir bien au-delà de ses limites, les teintes sont bienveillantes, les instants captés ne semblent pas définitifs, ils nous aident à mieux voir, à voir différemment.
« Je me suis mariée à 18 ans. Il m'a paru alors normal consacrer la plupart de mon énergie au bien-être de la famille que j'ai créé. Quand chacun est parti de son côté, mes propres aspirations sont remontées violemment. »
Son premier reportage date de 2009 et son premier appareil reflex, un Nikon D90, a été acheté pour l’occasion. La photo, présente en filigranes depuis l’adolescence, avec des réminiscences de tirage argentique noir et blanc, prend d’un coup toute la place, comme si, retenu depuis tant d’années, ce désir de photographier ne pouvait que finir par s’imposer.
« J’habite en Picardie et mon premier reportage a été sur Paris, la ville et ses turbulences, si éloignée de mon quotidien. J’ai photographié les espaces, la pierre, les ciels, mais ce sont surtout les gens qui m’ont intéressée, les gens dans leur solitude. »
On y rencontre les peintres des quais se Seine, les tagueurs de Belleville et les gens des beaux quartiers, mais ce sont surtout les marginaux qui l’ont intéressée, elle les photographie avec tendresse sans jamais verser dans le misérabilisme.
« J’ai réalisé ce premier reportage avec avidité et gourmandise. Tout ce qui m’entourait était un appel à photographier. J’ai su à ce moment que ma nouvelle vie passerait par la photographie. »
Plusieurs projets s’enchaînent : « Exploration urbaine », « Entre ciel et pierres », les graffitis du XVIème siècle au manoir du Catel, ..., et un travail sur les graffeurs qui trouve son apogée avec la rencontre de Eyone qu’elle suit dans son périple, de tag des cheminées et façades, sur les toits de Montreuil.
Elle montre ses photos autour d’elle, à l’artiste Yves Bady, rencontré grâce à des amis communs, à Jean-Patrick Capdevielle, qu’elle assiste dans l’animation de son site web, et ils aiment... Ils l’encouragent à continuer. C’est parti.
« Je découvre tes atmosphères crépusculaires, tes fontaines fantômatiques et tes lions interrogés ; je trouve mon compte dans la désolation de tes friches industrielles; dans ton enfant de Matisse aux oiseaux; dans tes temples verre et acier aux temps modernes divinisés.Ce que nous voyons du coin de l'oeil, toi, tu le regardes et tu nous donnes la chance et le temps de le lire. Merci de ce cadeau. » Jean-Patrick Capdevielle
« Catherine possède un oeil différent de la plupart des autres photographes. Elle a cette faculté rare de saisir au vol des instants aussi vifs qu'inattendus ». Yves Bady
Elle réalise en 2010 son premier reportage à l’étranger, au Liban, en 2 fois une semaine. Elle ramène des photos différentes, sur un pays tellement photographié. Des images qui sont aussi nouvelles que simples, une vision sans apriori, sans modèle à respecter, sans nulle autre motivation que celle de voir et de témoigner. La proximité entre le luxe et la misère y est représentée, mais aussi les petites histoires de la vie quotidienne, la campagne, les vestiges historiques, le Liban dans sa diversité et son originalité.
« J’étais enfant quand j’ai vu à la télévision les images de la « guerre des deux ans » au Liban. Je me souviens d’un choc émotionnel, mélange de honte et d’incompréhension, face à ses images de tueries entre factions chrétiennes et palestiniennes. 35 ans après, je voulais y aller, tenter de comprendre et témoigner. J’ai été étonnée que les murs en parlent encore.»
Depuis 2010, la photographie occupe Catherine Beudaert à plein temps. Elle est actuellement sur plusieurs projets : « Vestiges » sur les friches industrielles et « French Heritage » variation sur le made in France. Et bien d’autres sont en préparation : au Vietnam, en Nouvelle Calédonie, en Equateur, ..., comme s’il y avait urgence à rattraper le temps perdu. (NÉGATIF+, 2012)
SOURCES
https://mag.negatifplus.com/gueule-dange-numero-25-catherine-beudaert/
https://p2sp.org/diptychs/paris/catherine-beudaert/
https://www.instagram.com/catherine_beudaert_arts/
« Avec lui j’ai connu des marginaux. Un milieu de gens qui étaient tout à fait en rupture avec la loi. Bob jubilait en écoutant les prostituées, les souteneurs ; moi c’était un milieu qui me semblait assez bête. Les putains racontaient leurs histoires de fesses, ça n’était pas mon truc. Mais la pseudo distinction de Vogue ne l’était pas non plus, c’était un boulot qui avait fini par m’exaspérer. Tout compte fait, je soignais énergiquement avec l’ami Giraud ma dépression de photographe mondain ! ».
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