ÉVÉNEMENT

MESSAGE DU CENTRE DE LA MÉMOIRE D'ORADOUR-SUR-GLANE

Le Centre de la mémoire d’Oradour a reçu le 2 septembre 2020 un don très important du peintre contemporain Gabriel Godard. Il s’agit d’une tétralogie sur Oradour : le Supplice, l’Epouvante, la Mort et De l’humain et de l’ignominie ordinaire… lire l’article :

https://www.oradour.org/don-du-peintre-gabriel-godard

Les fresques monumentales de Gabriel Godard sont à Oradour-sur-Glane. (Sous la forme d'une trilogie figurative composée de 3 toiles de 9 m de long sur 3,40 m de hauteur intitulées : le Supplice, l'Epouvante et la Mort. Une 4ème toile abstraite de 9m de long sur 3,70m de hauteur intitulée : De l'Humain...et de l'ignominie ordinaire). Le peintre les offre au Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane, rendant ainsi un ultime hommage aux victimes du massacre en 1944. 

« J’ai 11 ans lorsque l’horrible nouvelle du supplice d’Oradour nous parvient, en juin 1944.

À 17 ans, je commence à peindre…

À 29 ans, après 11 ans passés à Paris, je trouve à Angers un atelier de 10 x 6 m et le besoin, presqu’immédiat, de m’exprimer sur un grand format s’impose.


Le premier, le seul sujet, devrais-je dire, auquel je pense… c’est Oradour-sur-Glane ! Cette toile de 5 m 20 x 2 m 40 que j’envoie, quelque temps plus tard, à ma Galerie de New York, est offerte par mes marchants (David Findlay Galleries, Maison Avenue) à l’Archevêque de la Cathédrale St-Patrick. Elle se trouve être la preuve, s’il en était besoin, que ce sujet me hante depuis l’enfance. Durant ma vie, parfois, remontait à la surface le souvenir de ce massacre et en même temps cette sempiternelle question concernant la manière dont j’avais transcrit cet abominable crime. Devrais-je simplement considérer ce tableau comme une œuvre de jeunesse (je n’avais pas pris de photo à l’époque et par conséquent n’en avais gardé qu’un souvenir très incertain) et je sentais que cette première toile sur Oradour ne pouvait contenir, ce qu’en ayant atteint une certaine maturité d’homme et de peintre, je serais capable d’exprimer un jour.



À la fin de la guerre, s’étaient ajoutées les images abondantes et réitérées, dans les salles de cinéma, du massacre systématique des juifs, des camps nazis dont nous découvrions les images épouvantables, résultat de la déportation ininterrompue vers l’extermination, et j’étais dans l’attente que tout cela se décante et que s’impose le désir d’inscrire ce qui s’était construit dans mon subconscient jusqu’à provoquer, le temps venu, un débordement pictural. En effet, à peu près à l’âge de 45 ans, j’avais compris que la décision de peindre ne m’appartenait pas mais qu’elle venait de quelque part en moi, à l’intérieur de ma boîte à souvenirs, et qu’une évolution incontrôlée avait sélectionné les éléments constitutifs d’une forme d’expression, qui me prolongeait, en quelque sorte, dans tous les actes de ma vie, à commencer par la découverte d’une palette qui me correspondait, puis d’une écriture dans laquelle des règles définissaient ma démarche sans que ma volonté n’y soit impliquée de quelque manière et qu’il en allait de même pour la naissance des formes sur la toile. J’apprenais avec humilité, que mon rôle se limitait à une longue réflexion me permettant de faire le point sur chaque étape de l’événement pictural en cours, ainsi mon intervention sur la Toile se bornait-elle à répondre aux questions successives des dernières formes apparues dans la composition, et que c’était ce nouveau résultat obtenu qui seul me dirigeait, jusqu’à ce que je me sente en total accord avec l’image définitive.



En ce qui concerne la trilogie consacrée à Oradour, l’effet inverse ne laisse pas de me surprendre, pendant son écriture, où apparaissent d’eux-mêmes et s’imposent des formes humaines cette fois-ci, ce qui ne change en rien ma longue habitude à l’obéissance et je me prends à en parcourir tous les méandres qui se développent naturellement dans une facture expressionniste, insistant avec minutie sur tous les détails exigés par ce thème jusqu’au douloureux spectacle final où tous mes personnages se retrouvent figés par la mort, dans un ultime mouvement. En parallèle, je sens sourdre le besoin de décliner mes symboles instinctifs, dont tous les pictogrammes étaient apparus, progressivement, au cours de mon déjà long voyage en abstraction, ce qui explique cette quatrième toile qui, outre qu’elle aboutit à une idée abstraite, plus qu’à une évocation formelle cette fois, symbolise ce qu’est la condition humaine depuis toute éternité et en tous lieux. De plus elle jette un pont, dans l’ensemble de mon œuvre entre le côté « narratif » de la trilogie et mon parcours habituel. 



Je ressens comme un appel à communiquer ce qui a profondément marqué ma vie, ayant constaté avec stupeur l’instinct cruel qui depuis le fond des âges pèse sur la vie humaine, comme une malédiction, et laisse chacun de nous dans cette situation impuissante du témoin effaré. » Gabriel Godard


https://www.oradour.org/don-du-peintre-gabriel-godard


https://www.gabriel-godard.com/

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