L'APPEL DE LA TOILE BLANCHE
« Il y a ensuite une certaine période d’attente, pendant laquelle, assis, je scrute la toile blanche… C’est elle qui devra m’appeler, je ne décide jamais. Alors seulement vient le besoin irrésistible d’aller vers elle et d’y inscrire le premier signe.
Ensuite un autre signe viendra puis un autre comme indispensables à la première forme posée, construisant l’œuvre dont je serai le premier spectateur.
Ce ne sera qu’au moment où tous les éléments auront pris place que je deviendrai artisan pour les accorder avec rigueur, mais avec prudence, pour ne rien détruire de ce je ne sais quoi initial qui a donné vie à l’ensemble ».
L’ouvrage posé sur le chevalet ne sera jamais abandonné au profit d’un autre. Pour lui, n’avoir qu’un seul tableau en train est une règle, car une toile est un événement et il faut le mener jusqu’au bout.
« Presque toujours - précise Gabriel Godard - une toile terminée qui me transporte appelle une autre. Car, on ne peut pas tout dire dans un tableau et l’aventure se prolonge en d’autres créations. Ceci explique le phénomène des périodes ».
Il est intéressant d’observer qu’à l’inverse de la plupart des artistes, Gabriel Godard ne se réfère à aucun croquis, n’utilise aucune esquisse, jamais pratiquement il n’a peint sur le motif. On pourrait s’étonner de cette méthode de travail et penser qu’elle ne lui permet pas de s’imprégner des paysages dont il tirera une œuvre. En fait, il n’en est rien. Elle le contraint à assimiler visuellement mais de façon profonde, ce qui lui servira ultérieurement et dont peut-être, il ne retiendra que quelques impressions. Ainsi reste présente dans son œuvre, la nature, au contact de laquelle il aime vivre et réfléchir.
Commentaires
Enregistrer un commentaire